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Le trafic de drogue prend une ampleur inquiétante : Une menace pour la sécurité nationale

L’Algérie fait face à une menace sans précédent : le narcotrafic a pris une ampleur alarmante ces derniers mois, avec des saisies spectaculaires qui témoignent d’une intensification des tentatives d’introduction de stupéfiants sur le territoire national. Ce fléau, qui constitue désormais un véritable enjeu de sécurité nationale, révèle un système organisé impliquant des réseaux internationaux structurés et des complicités étrangères avérées, notamment marocaines. En ce mois avril 2025, une saisie qualifiée de « qualitative » par les autorités a permis l’interception de 100 kilogrammes de cocaïne dans la wilaya d’Adrar. Cette opération, fruit d’une collaboration entre l’Armée nationale populaire (ANP), les services des Douanes et la Sûreté nationale, s’inscrit dans une série impressionnante de coups de filet. Il s’agit de la cinquième opération majeure contre la cocaïne depuis le début de l’année, dont trois à Oran où plus de 130 kilogrammes ont été saisis en janvier.

Plus impressionnant encore, début décembre 2024, la SCLTIS (Service central de lutte contre le trafic illicite de stupéfiants) a mis fin à un important réseau avec la saisie de 100 kilogrammes de cocaïne, près de 90 kilogrammes d’ecstasy et 81 kilogrammes de kif traité. Un ressortissant français figurait parmi les quatre suspects arrêtés, soulignant la dimension transnationale du trafic. Mais la plus spectaculaire des opérations récentes reste sans conteste celle menée à Mostaganem, où la brigade criminelle de la Sûreté de wilaya a saisi l’incroyable quantité de 1,65 million de comprimés d’ecstasy en provenance du port français de Marseille. Cette cargaison colossale, la plus importante jamais enregistrée en Afrique selon les autorités, était dissimulée dans des compartiments secrets d’un camion. Neuf membres d’un réseau international opérant entre le Maroc et la France ont été arrêtés.

Le bilan annuel 2024 de la Gendarmerie nationale confirme cette tendance préoccupante : les saisies de drogues dures ont augmenté de 152% par rapport à 2023. Les services de la gendarmerie ont démantelé 82 réseaux de trafic de drogue et 110 réseaux spécialisés dans les comprimés psychotropes. Au total, plus de 26 tonnes de kif traité, 9,9 millions de comprimés psychotropes et plus de 147 kilogrammes de cocaïne ont été saisis. Le nombre de narcotrafiquants arrêtés a augmenté de 18%, atteignant plus de 24 000 individus, parmi lesquels des barons de la drogue et des trafiquants marocains.

L’Armée nationale populaire présente un bilan tout aussi éloquent pour 2024 : arrestation de 2 621 narcotrafiquants et mise en échec de l’introduction de 36,8 tonnes de kif traité provenant des frontières avec le Maroc, sans compter 631 kilogrammes de cocaïne et 25 millions de comprimés psychotropes saisis.

Les services marocains activement impliqués

L’implication des autorités marocaines dans ce trafic est désormais clairement établie. L’affaire dite du « Pablo Escobar du Sahara » a révélé des complicités au sein même de l’armée marocaine. Des militaires en poste aux frontières détournaient sciemment les caméras de surveillance pour permettre le passage de cargaisons vers l’Algérie. Selon les révélations de l’enquête, le réseau aurait acheminé jusqu’à 200 tonnes de résine de cannabis vers l’Algérie, avec un mode opératoire sophistiqué impliquant des passages nocturnes par différents points de la frontière. Face à cette menace majeure, les autorités ont renforcé leur dispositif. Le colonel Chaker Mama Miloud, chef du service de lutte contre le trafic de drogues au Commandement de la Gendarmerie nationale, reconnaît que « l’Algérie fait face à un phénomène criminel » et que le pays est « ciblé par un plan criminel via les drogues ». La priorité est désormais au démantèlement des réseaux et à la neutralisation des commanditaires, avec un accent particulier sur le travail de renseignement.

Cette guerre contre le narcotrafic mobilise l’ensemble des services de sécurité du pays, conscients que la situation géographique de l’Algérie, qualifiée de « porte de la rive méditerranéenne », en fait une cible privilégiée pour les trafiquants internationaux, d’autant plus que ces derniers recourent désormais aux armes pour acheminer et protéger leurs cargaisons. La lutte s’intensifie contre ce fléau qui menace non seulement la santé publique, mais également l’économie nationale et la stabilité du pays. Les résultats impressionnants obtenus ces derniers mois témoignent de la détermination des forces de sécurité à défendre l’intégrité du territoire contre cette forme particulièrement dangereuse de criminalité transnationale.

Chokri Hafed

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