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Des bombardements entre l’Inde et le Pakistan font des dizaines de morts: La tension monte dans le sous-continent indien

Le sous-continent indien traverse actuellement l’une des crises les plus graves de ces dernières années, après une nuit de bombardements intensifs entre l’Inde et le Pakistan qui a fait au moins 38 morts. Cette flambée de violence, que plusieurs observateurs internationaux qualifient « d’escalade majeure », ravive les craintes d’un conflit ouvert entre les deux puissances nucléaires, déjà rivales depuis leur partition en 1947.

Tout a commencé le 22 avril dernier, lorsque des tireurs ont abattu 26 hommes à Pahalgam, au Cachemire indien. Cet attentat, jamais revendiqué, a été attribué par New Delhi au mouvement terroriste Lashkar-e-Taiba (LeT), le même groupe soupçonné des attaques ayant fait 166 morts à Bombay en 2008. L’Inde accuse formellement le Pakistan de soutenir ce groupe, une allégation qu’Islamabad rejette catégoriquement. Dans la nuit de mardi à mercredi, l’armée indienne a frappé ce qu’elle présente comme neuf « camps terroristes » situés au Pakistan. Selon le ministre indien de la Défense Rajnath Singh, ces frappes ont été « soigneusement ciblées pour éviter la population ou des secteurs civils ». Le Pakistan conteste vigoureusement cette version, affirmant que les missiles indiens ont touché six villes au Cachemire et au Pendjab pakistanais, tuant 26 civils et en blessant 46 autres. L’armée pakistanaise rapporte également des dommages sur un barrage hydroélectrique au Cachemire. La riposte pakistanaise ne s’est pas fait attendre. Des tirs d’artillerie ont été échangés le long de la frontière contestée, et le Pakistan affirme avoir « abattu cinq avions indiens » dans l’espace aérien indien. New Delhi reconnaît de son côté que trois chasseurs de l’armée de l’air indienne se sont écrasés, sans en préciser les causes. L’Inde déplore 12 morts et 38 blessés dans le village cachemiri indien de Poonch, cible de nombreux obus pakistanais. Les témoignages recueillis des deux côtés de la frontière décrivent des scènes de panique. À Poonch, un habitant prénommé Farooq raconte avoir été « réveillé par des tirs » et avoir « vu des obus tomber ». À Muzaffarabad, côté pakistanais, Mohammed Salman évoque « des bruits terribles dans la nuit » et une « panique partout ». Les funérailles des victimes ont déjà commencé dans la région, tandis que les observateurs militaires des Nations unies déployés dans la zone disputée inspectent les dégâts. Cette escalade soudaine a déclenché une vague de réactions internationales. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé les deux pays à faire preuve d’une « retenue maximale », soulignant que « le monde ne saurait se permettre une confrontation militaire entre l’Inde et le Pakistan ». Il a également condamné fermement l’attentat de Pahalgam, rappelant que « cibler des civils est inacceptable et les responsables doivent être traduits en justice par des moyens crédibles et légaux ». Pékin et Londres ont proposé leur médiation, tandis que l’Union européenne, Moscou, Washington et Paris appellent à la désescalade. La Turquie, alliée du Pakistan, a pointé du doigt New Delhi, estimant que « l’attaque conduite par l’Inde fait courir le risque d’une guerre totale ». De son côté, le ministre indien des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar multiplie les contacts diplomatiques avec le Japon, la France, l’Allemagne et l’Espagne pour justifier les frappes de son pays. À Islamabad, le Comité de la sécurité nationale, réuni en urgence, réclame que la communauté internationale fasse « rendre des comptes » à l’Inde. Le ministère pakistanais des Affaires étrangères a convoqué le chargé d’affaires indien pour protester contre ces frappes qui « constituent une violation manifeste de la souveraineté du Pakistan » et « contredisent la Charte des Nations unies, le droit international et les normes établies dans les relations entre les États ». La crise actuelle est d’autant plus préoccupante qu’elle s’accompagne d’un différend sur les ressources hydrauliques. Dès le lendemain de l’attentat de Pahalgam, l’Inde s’était retirée du traité de partage des eaux signé en 1960 avec son voisin. Mardi soir, le Premier ministre indien Narendra Modi a annoncé son intention de « couper l’eau » des fleuves qui prennent leur source en Inde et irriguent le Pakistan – une menace que les experts jugent impossible à mettre en œuvre à court terme. Le Pakistan accuse déjà l’Inde de modifier le débit du fleuve Chenab, l’un des trois placés sous son contrôle selon le traité de 1960.

Lyes Saïdi

L’Algérie exprime sa « réelle préoccupation » après les affrontements « tragiques » entre l’Inde et le Pakistan

Le Gouvernement algérien a exprimé ses « profonds regrets » ainsi que sa « réelle préoccupation » quant aux affrontements « tragiques » entre l’Inde et le Pakistan, a indiqué mercredi un communiqué du ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines. Dans le cadre du Conseil de sécurité, de même qu’à l’occasion des entretiens téléphoniques du ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, avec ses homologues indien, Subrahmanyam Jaishankar, et pakistanais, Mohammad Ishaq Dar, l’Algérie a adressé « un appel pressant à la retenue, tout comme elle a appelé à faire primer la voie politique et diplomatique sur le recours à la force », a souligné le communiqué. L’Algérie « renouvelle cet appel avec d’autant plus d’insistance que le déclenchement des hostilités depuis la soirée d’hier est porteur de risques graves pour la paix et la sécurité de l’ensemble de la région ». « La plus haute priorité de l’heure doit être accordée à la retenue, au calme et au sens de responsabilité pour renouer avec le dialogue qui, seul, pourra épargner à l’Inde et au Pakistan, ainsi qu’à leurs peuples les épreuves d’un conflit qu’ils peuvent et doivent surmonter », a conclu le communiqué.

APS

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