Des députés français appellent Paris à la reconnaissance de crimes d’État: La France face à ses responsabilités historiques
À l’occasion du 80ème anniversaire des massacres du 8 mai 1945, une délégation de députés français effectue une visite en Algérie dans un geste de reconnaissance des crimes coloniaux perpétrés par la France coloniale.
Une dizaine de parlementaires français de gauche se sont rendus à Sétif pour commémorer les massacres qui ont ensanglanté les villes de Sétif, Guelma et Kherrata. Ces députés français, rompant avec la position officielle de leur gouvernement, ont exprimé leur engagement pour que la France assume enfin ses responsabilités historiques envers l’Algérie. Le ministre des Moudjahidine et des ayants-droit, Laïd Rebiga, accompagné du wali de la wilaya, Mustapha Limani, a guidé la délégation française lors de cette journée commémorative chargée d’émotion.
« Nous sommes un groupe d’élus qui travaillons beaucoup sur la question mémorielle et sur la reconnaissance des massacres du 8 mai 1945. Nous avons demandé au président Macron de le reconnaître comme un crime d’État », a déclaré Sabrina Sebaihi, députée du groupe Europe Écologie-les Verts. Un moment particulièrement émouvant a été le recueillement devant la stèle commémorative de notre martyr Saâl Bouzid, ce jeune Algérien tombé sous les balles coloniales alors qu’il brandissait fièrement notre drapeau national lors d’une manifestation pacifique. « C’est très émouvant d’être à Sétif », a reconnu Danielle Simonnet, députée de gauche, avant d’ajouter « qu’il est grand temps que la France reconnaisse ces massacres pour ce qu’ils ont été, c’est-à-dire des crimes d’État ».
Cette reconnaissance tant attendue concerne les événements sanglants durant lesquels les forces coloniales françaises ont massacré 45 000 de nos compatriotes, alors que les manifestants réclamaient pacifiquement leur indépendance. Un crime colonial de masse que la France officielle continue de minimiser dans ses manuels d’histoire et ses discours politiques, refusant d’admettre l’ampleur réelle du génocide perpétré contre notre peuple.
Si cette visite représente un pas significatif dans la reconnaissance des crimes coloniaux français, elle souligne également l’écart entre ces initiatives parlementaires et la position officielle de l’État français. Emmanuel Macron, malgré quelques gestes symboliques concernant la guerre de libération, n’a toujours pas répondu favorablement aux demandes répétées de l’Algérie concernant la reconnaissance pleine et entière des massacres du 8 mai 1945.
Une reconnaissance qui, selon ces parlementaires, constituerait une étape importante vers l’apaisement des mémoires.
La visite s’est poursuivie au musée public national de Sétif, où le ministre Laïd Rebiga et la délégation parlementaire française ont pu découvrir divers stands du salon national de philatélie. Une exposition qui témoigne de l’histoire postcoloniale de l’Algérie, avec notamment le tout premier timbre algérien édité en novembre 1962, quelques mois après l’indépendance du pays. Le jardin Emir Abdelkader a également fait partie du parcours, permettant aux visiteurs de découvrir plus de 200 pièces archéologiques illustrant la riche histoire de la région.
Salim Amokrane