Tizi-Ouzou: Clôture du premier Salon national de l’élevage et des productions laitières
Le premier Salon national de l’élevage et des productions laitières s’est clôturé samedi à Tizi-Ouzou par un appel à l’exploitation du patrimoine génétique national en vue d’optimiser les productions animales et atteindre la sécurité alimentaire. Organisé dans un contexte où l’Algérie cherche à renforcer son autonomie alimentaire, cet événement a réuni des professionnels du secteur, des chercheurs et des représentants des institutions publiques pour débattre des défis et des opportunités qui se présentent à la filière d’élevage nationale. La question de l’amélioration génétique du cheptel national a dominé les débats, avec des propositions concrètes pour valoriser les races locales et accroître la productivité. Le Professeur Iguerouada Mokrane, enseignant-chercheur à l’université de Bejaïa, a présenté une communication très remarquée sur « Les productions animales: réalité et levier d’action », dans laquelle il a exposé sa vision pour développer le secteur. « L’exploitation du patrimoine génétique des races algériennes permettrait d’augmenter la performance du cheptel en termes de production de viande et de lait », a-t-il affirmé, soulignant le potentiel inexploité des ressources génétiques locales. Le chercheur a dressé un état des lieux contrasté du secteur de l’élevage en Algérie. « Si certains éleveurs atteignent des niveaux de production de viande et de lait comparables aux standards internationaux, une majorité, par contre, fait face à des difficultés, notamment en matière de production laitière et de reproduction, impactant négativement leurs revenus », a-t-il observé. Cette situation paradoxale témoigne d’un secteur à deux vitesses, où coexistent des exploitations performantes et d’autres qui peinent à se moderniser. Face à ce constat, l’expert a préconisé plusieurs axes d’amélioration, mettant en avant la génétique comme pilier fondamental. « L’exploitation du potentiel génétique national apparaît comme une voie prometteuse pour augmenter la production nationale de viande et de lait, tout en améliorant leur qualité », a-t-il relevé lors de son intervention. Cette approche privilégie la valorisation des ressources locales plutôt que la dépendance systématique aux importations. Le Professeur Iguerouada a particulièrement insisté sur l’importance des races locales: « Les races locales peuvent jouer un rôle important dans cette démarche », a-t-il souligné, tout en précisant la nécessité « d’évaluer au préalable leurs performances dans des conditions d’élevage optimales ». Cette recommandation s’inscrit dans une démarche scientifique rigoureuse, visant à quantifier objectivement le potentiel des races autochtones avant de définir des stratégies d’amélioration. S’il reconnaît que « l’importation de races bovines à haute valeur génétique peut s’avérer judicieuse » dans certains cas, le chercheur a néanmoins souligné l’importance « d’une étude approfondie du cheptel local afin de définir les orientations de sélection les plus pertinentes, qu’il s’agisse de privilégier la production laitière ou la production de viande ». Cette approche nuancée témoigne d’une vision pragmatique, combinant sélection locale et apports génétiques extérieurs. Le professeur a par ailleurs mis en exergue « l’excellent potentiel génétique » du mouton algérien, espèce emblématique de l’élevage national, suggérant qu’il pourrait constituer un atout majeur pour le développement de la filière viande. Pour d’autres espèces, il a proposé des solutions adaptées: « Pour des espèces comme la chèvre et le lapin, des croisements ciblés avec des races performantes pourraient être envisagés afin d’améliorer leurs caractéristiques productives », a-t-il préconisé. Le spécialiste a également abordé les dimensions systémiques de l’élevage, rappelant « la nature pluridisciplinaire de l’élevage, identifiant trois axes d’optimisation interdépendants: la production au sein de l’exploitation elle-même, les stratégies et politiques mises en œuvre, en amont, et la dynamique du marché, en aval ». Le Professeur Iguerouada a conclu son intervention en insistant sur l’importance « d’une compréhension approfondie de l’économie des productions animales, notamment par le calcul précis des coûts de revient », précisant que cette démarche « éclairerait les décisions des pouvoirs publics et des éleveurs ». Ces recommandations économiques visent à rationaliser les pratiques d’élevage et à optimiser la rentabilité des exploitations, facteur déterminant pour la pérennité du secteur. Ce premier Salon national, qui a rassemblé durant plusieurs jours les acteurs clés de la filière, marque une étape importante dans la stratégie nationale visant à renforcer la sécurité alimentaire du pays, notamment à travers le développement des productions animales locales.
R.R.