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Entrepreneuriat : Les activités numériques dominent

Un an après le lancement du statut d’auto-entrepreneur en Algérie, le bilan dépasse toutes les attentes avec plus de 30 000 inscrits. Ce nouveau dispositif, qui s’inscrit dans la stratégie nationale de diversification économique, connaît un succès particulièrement marqué dans le secteur numérique. Selon Nessima Arhab, Secrétaire générale du ministère de l’Économie de la Connaissance, des Startups et des Micro-entreprises, « l’afflux a dépassé nos attentes, mais nous devons redoubler d’efforts pour sensibiliser les différentes catégories de population qui ignorent encore les avantages de ce dispositif ou qui pensent que leur activité ne peut pas s’inscrire dans ce cadre ». Les chiffres révélés lors d’une intervention sur les onde de la Radio algérienne sont éloquents : 45% des inscrits ont choisi d’exercer dans les domaines numériques, particulièrement le développement web, le design et le marketing digital, souligne la même responsable. Et de préciser que la pandémie de Covid-19 a joué un rôle d’accélérateur pour ces secteurs, transformant profondément les habitudes de consommation et de travail des Algériens. La digitalisation des services est devenue une priorité pour de nombreuses entreprises, créant ainsi un marché florissant pour les prestataires indépendants. L’écosystème numérique algérien, longtemps freiné par l’absence d’un cadre légal adapté, trouve dans ce nouveau statut un levier de croissance significatif. Le succès de ce dispositif s’explique également par sa simplicité administrative. L’intervenante explique que l’inscription se fait entièrement en ligne, sans déplacement physique, grâce à l’interconnexion des administrations concernées. Sur le plan fiscal, le régime est particulièrement attractif avec un taux symbolique de 0,5% du chiffre d’affaires, plafonné à 5 millions de dinars sur trois ans. Au-delà de ce seuil, l’activité doit être transformée en micro-entreprise nécessitant un registre de commerce. La plateforme numérique de l’Agence nationale de l’auto-entrepreneur (ANAE) facilite les démarches et l’accès à l’information. Le lancement récent du Guide national de l’auto-entrepreneur vient renforcer cet écosystème en offrant une ressource complète pour les candidats. « Le cadre juridique actuel va encadrer les relations entre les parties par des contrats légaux, conférant légitimité et professionnalisme aux transactions, et garantissant les droits de chacun, notamment concernant le recouvrement des créances et en évitant les problématiques rencontrées précédemment par les entreprises », précise Mme Arhab.

Le recyclage du plastique, nouveau terrain d’opportunités

Par ailleurs et dans une démarche alliant entrepreneuriat et développement durable, un projet ambitieux intitulé « Mille collectifs plastique » a été lancé. Cette initiative novatrice introduit l’activité de collecte de plastique dans la liste des activités éligibles au statut d’auto-entrepreneur. « Ce projet, mis en œuvre en coordination avec l’Agence nationale de gestion du microcrédit (ANGEM) et l’Agence nationale de l’auto-entrepreneur (ANAE), vise à appuyer les opérations de collecte, de transformation et de recyclage du plastique, en permettant aux collecteurs de bénéficier de la carte de l’auto-entrepreneur ainsi que des facilités de financement », explique la responsable. Les bénéficiaires peuvent obtenir un prêt pouvant atteindre un million de dinars sans nécessité d’un capital initial pour l’acquisition d’équipements nécessaires, y compris des véhicules spécialisés dans le recyclage des déchets. « Le projet permet aux bénéficiaires d’obtenir un prêt sans nécessité d’un capital initial pour l’acquisition d’équipements nécessaires, voire des véhicules destinés aux opérations de collecte, ainsi qu’un accompagnement technique assuré par l’Agence », détaille Mme Arhab. Des défis restent toutefois à relever, notamment concernant l’inclusion des femmes qui ne représentent actuellement que 15 à 17% des inscrits au dispositif d’auto-entrepreneur. « Ce chiffre est insuffisant », reconnaît Mme Arhab qui souligne l’importance d’une meilleure intégration féminine dans ce nouveau modèle économique. Par ailleurs, une catégorie intéressante a émergé : des seniors âgés de 50 à 80 ans trouvent dans l’auto-entrepreneuriat une opportunité de valoriser leur expérience professionnelle, notamment après un départ à la retraite anticipée. Des avancées significatives sont également en cours pour l’intégration des auto-entrepreneurs dans l’économie formelle. Des discussions avec le ministère du Travail visent à permettre aux fonctionnaires de bénéficier de ce statut. Parallèlement, des modifications des textes réglementaires des marchés publics sont à l’étude pour permettre aux auto-entrepreneurs d’être reconnus comme des acteurs économiques à part entière et de pouvoir concourir aux appels d’offres publics. Ces évolutions législatives, élaborées en collaboration avec le ministère des Finances, devraient permettre aux entreprises publiques et privées de faire appel à leurs services dans un cadre légal clarifié. Avec plus de 1 300 activités agréées, dont la grande majorité est effectivement choisie par les inscrits, et plus de 15 000 nouvelles demandes en cours d’étude, le dispositif d’auto-entrepreneuriat s’affirme comme un levier essentiel de la transformation économique .

Lyna Larbi

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