Culture

Thème d’une conférence à Alger : L’Intelligence artificielle au service du patrimoine maritime

Une conférence intitulée l' »Intelligence artificielle et le patrimoine culturel maritime » a été animée, mardi à Alger, par des experts universitaires qui ont proposé de soumettre à l’Intelligence artificielle (IA), le soin de revisiter un fait historique majeur glorifiant la Marine algérienne au XVIe siècle et de restaurer les locaux du Musée public national maritime.

Les deux intervenants, la docteure Radia Cherfaoui, responsable du département documentaire et conservatrice en chef au Musée, et l’ingénieur informatique Abdellah Aghilès Aissani de la Société Geosystem Consult, ont partagé leurs expérimentations à travers deux projets ambitieux : « Entre mémoire et machine : la bataille de Charles Quint » et « Le Musée public national maritime : entre réalité et fiction ». La première présentation a offert aux participants un retour détaillé sur un épisode crucial de l’histoire algérienne du XVIe siècle. Mme Cherfaoui a rappelé avec précision cette « tentative vaine ordonnée en 1541 par le monarque européen, Charles Quint d’anéantir la Régence d’Alger, encore sous l’Empire Ottoman, connue à cette époque par la puissance et la suprématie absolue de ses forces navales sur la Méditerranée ». L’experte a souligné l’ampleur du dispositif militaire européen qui s’était alors déployé, avec « le déploiement grandiose de l’armée de l’empereur et les milliers de volontaires qui avaient rejoint ses rangs, motivés par l’appel de l’église à soutenir la sinistre entreprise alors qualifiée d' »expédition d’Alger » ». Malgré cette démonstration de force sans précédent, la résistance algérienne a triomphé, puisque « les braves et valeureux guerriers de la marine algérienne ont détruit en moins d’une semaine, plus de la moitié des forces militaires obscures de l’empereur Charles Quint ». Cette défaite cuisante contraint alors l’empereur à « consommer l’amertume d’un échec affligeant qui l’obligera à prendre sa retraite et mourir dans l’isolement quelques années plus tard ». C’est à partir de cette trame historique solidement documentée qu’Abdellah Aghilès Aissani a entrepris de tester les capacités de l’intelligence artificielle à reconstituer visuellement cet épisode maritime fondateur. La démarche promettait une immersion saisissante dans cette page glorieuse de l’histoire navale algérienne. Pourtant, les résultats ont révélé une faille significative dans l’utilisation de l’IA pour la valorisation du patrimoine local. « Le résultat étant attendu, la mise en contexte et la reconstitution des environnements historiques faisaient défaut et n’accompagnaient pas la narration des faits relatés par la voix off », a expliqué l’ingénieur. Cette défaillance s’explique par le fait que « les données utilisées par l’IA pour assurer l’habillage du corpus proposé, ont été récupérées des réseaux sociaux dont les contenus correspondaient à une écriture de l’histoire étrangère ». Cette expérience a ainsi mis en évidence « la nécessité absolue de doter l’IA en données historiques consignées par plumes algériennes ». Le second volet de l’expérimentation, consacré à la reconstitution virtuelle du Musée public national maritime lui-même, a confirmé cette limitation structurelle de l’IA actuelle face aux spécificités du patrimoine algérien. « La description du musée dans les moindres détails de ses aspects antiques qui restitueraient ses lieux séculaires n’ont pas été répertoriés dans les banques de données de l’IA », ont constaté les intervenants. Cette conférence révèle ainsi un double enjeu pour l’Algérie : d’une part, la nécessité de nourrir les systèmes d’intelligence artificielle avec des données historiques reflétant fidèlement la perspective nationale sur son passé maritime ; d’autre part, l’impératif de préserver la richesse de ce patrimoine en combinant expertise humaine et potentialités technologiques.

M.S.

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