Musique chaâbie : Houssam-Eddine Zitouni sacré meilleur interprète amateur
La salle Ibn Khaldoun a résonné samedi soir des plus beaux accents du chaâbi algérien. Dans une ambiance électrique, six finalistes se sont disputé le titre de meilleur interprète amateur lors de la deuxième édition du concours dédié à la mémoire de Dahmane El Harrachi. Une soirée mémorable où la passion pour cette musique populaire emblématique a pris le dessus sur la compétition. Accompagnés par l’orchestre de Djamel Thaâlbi, les candidats ont fait revivre tour à tour les plus grands classiques du genre. Des mélodies immortelles de Dahmane El Harrachi aux textes poétiques d’El Hachemi Guerouabi, en passant par l’émotion pure de Boudjemâa El Ankis, chaque interprétation a transporté le public dans l’univers authentique du chaâbi. Les modes Sehli, Ghrib, Zidène et Moual ont défilé, révélant la richesse et la diversité de ce patrimoine musical séculaire.
Le jury, présidé par le chercheur en patrimoine Halim Toubal et composé de Sid Ali Dris, Mohamed Rouane et Abdelkader Razkallah, n’a pas caché son embarras face au niveau relevé des prestations. « Le rapprochement du niveau des six candidats » a compliqué la tâche des juges, qui ont évalué les performances selon plusieurs critères : capacités vocales, maîtrise du rythme, fidélité au texte et authenticité de l’interprétation. Finalement, c’est Houssam-Eddine Zitouni qui a décroché la première place, suivi d’Anis Baaziz et Ibrahim Ghernaouat sur le podium.
Mais au-delà du classement, cette soirée a surtout célébré la vivacité d’un art qui continue de séduire les nouvelles générations. Khaled Khodja Adlène, Ibrahim Terea et Faiz Ghemati, les trois autres finalistes, ont eux aussi démontré « toute l’étendue de leurs talents respectifs », prouvant que la relève du chaâbi est assurée. Ces jeunes passionnés, venus de plusieurs wilayas après une sélection rigoureuse de 30 candidats, incarnent l’espoir d’une transmission réussie de ce patrimoine musical.
La présence dans le public de figures légendaires comme Abdelkader Chaou, Mustapha Belahcène et Mehdi Temache a ajouté une dimension particulière à l’événement. Ces maîtres du genre, témoins de l’évolution du chaâbi, ont pu constater avec satisfaction que leur art trouve encore écho chez les amateurs. La soirée s’est d’ailleurs achevée en beauté avec une prestation d’Abdelkader Chaou qui a littéralement enflammé un public « euphorique » et « chaleureux ».
L’hommage rendu à l’artiste Rahma Boualem a également marqué cette édition, rappelant le rôle des femmes dans l’histoire du chaâbi. Ces moments de reconnaissance soulignent l’importance de préserver la mémoire collective de ce genre musical qui puise ses racines dans l’âme populaire algéroise.
Cette initiative de l’Établissement Arts et Culture de la wilaya d’Alger, lancée en 2024, répond à un besoin urgent : « découvrir de nouveaux talents dans ce genre musical populaire et œuvrer à sa préservation ».
M.S.