Attaf à la 3e réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UA et de l’UE : L’urgence d’un partenariat plus équilibré
Le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, M. Ahmed Attaf, est arrivé mardi à Bruxelles sur instruction du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, pour participer aux travaux de la 3e réunion ministérielle Union africaine-Union européenne prévue ce mercredi, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Cette rencontre de haut niveau intervient dans un contexte géopolitique particulier, marquant le 25e anniversaire du partenariat entre les deux continents, et constitue une étape préparatoire essentielle avant la tenue du 7e sommet UA-UE qui devrait avoir lieu prochainement sur le sol africain. Les discussions de cette réunion ministérielle porteront principalement sur l’évaluation des avancées réalisées dans la mise en œuvre des conclusions du 6e sommet UA-UE tenu en février 2022 à Bruxelles, notamment concernant les engagements pris pour renforcer le partenariat Afrique-Europe dans les domaines stratégiques de la paix, de la sécurité et du développement durable. La rencontre explorera également les moyens d’insuffler un nouveau dynamisme et une efficacité accrue à ce partenariat intercontinental. Le forum sera coprésidé par Kaja Kallas, haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, et Tete António, ministre angolais des relations extérieures et président en exercice du Conseil exécutif de l’UA. Quatre axes majeurs structureront les échanges entre les ministres africains et européens: la paix, la sécurité et la gouvernance; le multilatéralisme; la prospérité; ainsi que les citoyens, les migrations et la mobilité. L’Union européenne met en avant son statut de premier partenaire économique du continent africain, revendiquant la position de premier partenaire commercial, premier investisseur et premier pourvoyeur d’aide publique au développement et d’aide humanitaire à destination de l’Afrique, avec un volume d’investissements directs étrangers atteignant 309 milliards d’euros en 2022. Cependant, cette autosatisfaction européenne est tempérée par de nombreux experts africains qui estiment que ce partenariat, tel qu’il a été conduit jusqu’à présent, n’a pas véritablement permis à l’Afrique d’enclencher sa révolution industrielle. Au contraire, ces spécialistes considèrent que la relation s’est plutôt installée dans un schéma perpétuant la dépendance économique du continent africain, cantonné au rôle d’exportateur de matières premières et d’importateur de produits manufacturés. Si l’UE affirme que « l’Afrique constitue une priorité géopolitique dans un contexte de volatilité accrue », cette déclaration prend une résonnance particulière face à l’intensification de la compétition que se livrent grandes puissances et puissances intermédiaires sur ce marché en pleine expansion et sur ce continent regorgeant de ressources stratégiques et de terres rares. Cette nouvelle donne géopolitique impose désormais un changement d’approche fondamental dans les relations afro-européennes. La participation de M. Attaf à cette rencontre cruciale s’inscrit dans la continuité de la diplomatie algérienne active sur la scène africaine et internationale, visant à défendre les intérêts du continent et à promouvoir un partenariat plus équilibré et mutuellement bénéfique avec l’Europe. Une approche que l’Algérie défend d’ailleurs dans le cadre du processus de révision de l’Accord d’association avec l’UE. L’Algérie, forte de son expérience et de son poids diplomatique, entend contribuer activement aux discussions pour que ce 25e anniversaire du partenariat UA-UE marque un véritable tournant vers des relations plus équitables, respectueuses des priorités africaines de développement autonome et durable.
Amar Malki