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Guerre commerciale: Trump brandit la menace de droits de douane à 50% contre l’Europe

Donald Trump a menacé vendredi d’imposer des droits de douane de 50% sur les produits européens dès le 1er juin, une escalade commerciale qui fait trembler les marchés européens et relance les tensions transatlantiques. « Nous avons établi les termes de l’accord. C’est 50% », a asséné le président américain dans le Bureau ovale, quelques heures après avoir annoncé cette taxe sur sa plateforme Truth Social. Cette nouvelle salve s’inscrit dans la stratégie protectionniste habituelle de Trump, qui répète à l’envi que l’Union européenne a été « créée pour faire du mal aux États-Unis ». « Il est temps de jouer à ce jeu de la manière dont je sais y jouer », a déclaré le milliardaire républicain, confirmant son approche basée sur les menaces tonitruantes souvent suivies de volte-face partielles.

L’impact a été immédiat sur les marchés européens. Paris a clôturé en baisse de 1,65% et Francfort de 1,54%, tandis que la Bourse de New York résistait mieux à la tourmente. Apple, spécifiquement visé par Trump avec une menace de surtaxe d’au moins 25% si la firme ne fabrique pas ses iPhone aux États-Unis, a vu son titre chuter de 2,76%. « L’iPhone, s’ils veulent le vendre aux États-Unis, je veux qu’il soit fabriqué aux États-Unis », a martelé Trump, étendant cette exigence à Samsung et aux autres fabricants de smartphones.Face à cette offensive, l’Union européenne tente de maintenir le dialogue tout en montrant sa détermination. Le commissaire européen au Commerce Maros Sefcovic a répliqué que l’UE travaillait de « bonne foi » pour obtenir un accord commercial fondé sur le « respect » et non sur les « menaces ». « Nous sommes prêts à défendre nos intérêts », a-t-il ajouté après un entretien téléphonique avec son homologue américain Jamieson Greer.

Cette nouvelle escalade intervient alors que les négociations commerciales entre Washington et Bruxelles semblent dans l’impasse. Selon Capital Economics, les États-Unis manifestent leur mécontentement car l’Europe ne propose qu’une baisse mutuelle des droits de douane, et non unilatérale, sans rien céder sur la taxation numérique.

Les enjeux économiques sont considérables. Les États-Unis évaluent leur déficit commercial avec l’UE à 235 milliards de dollars pour les biens en 2024, bien que la Commission européenne souligne que l’excédent américain dans les services ramène ce déficit à environ 57 milliards de dollars. L’Europe vend principalement aux États-Unis des automobiles, machines-outils et équipements de transport, tandis que l’Amérique exporte surtout des logiciels et services de communication.

Les droits de douane américains sur les produits européens s’élèvent déjà à 12,5% en moyenne, soit 2,5% correspondant au niveau d’avant le retour de Trump et 10% de surtaxes imposées en avril. L’UE subit également des tarifs de 25% sur l’acier et l’automobile, ainsi que les fameux droits « réciproques » de 10% appliqués à l’ensemble des pays. L’Europe a mis en pause ses mesures de rétorsion mais garde en réserve un arsenal de contre-mesures visant 100 milliards d’euros d’importations américaines, n’excluant pas de frapper les géants américains d’Internet sur leurs activités européennes. Trump a d’ailleurs laissé une porte ouverte, évoquant la possibilité de « report ou suspension » des droits de douane pour les entreprises acceptant de construire des usines aux États-Unis. « Il n’y aura pas de droits de douane s’ils construisent leurs usines ici », a-t-il précisé, illustrant sa volonté de relocaliser la production américaine.

Cette crise rappelle l’escalade avec la Chine, qui avait finalement conduit à un accord après que « tout le monde se rende compte qu’il fallait revenir à la raison avant que l’escalade ne dégénère ».

L.S.

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