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Création d’un centre de recherche et de production de vaccins: Les premiers vaccins seront produits d’ici la fin de l’année

L’Algérie lance une démarche stratégique dans le sens d’une plus grande autonomie sanitaire avec le lancement d’un ambitieux projet de recherche et de production de vaccins. La signature récente d’une convention tripartite entre le groupe Saidal, Madar Holding et l’Association de recherche scientifique en virologie (AGERP) marque le début d’une nouvelle ère pour la sécurité sanitaire nationale. Houcem Korib, président de l’AGERP, invité hier de la Chaîne 3 de la Radio algérienne, ne cache pas ses ambitions pour ce projet qu’il qualifie de « stratégique » pour le pays. « La maîtrise des vaccins constitue un véritable enjeu sécuritaire et relève de la souveraineté nationale », affirme-t-il avec conviction. Cette initiative répond à un constat préoccupant : depuis l’indépendance, l’Algérie ne dispose d’aucun centre de recherche en virologie capable d’analyser efficacement les vaccins importés ou de développer ses propres solutions thérapeutiques. Le projet s’articule autour de plusieurs axes stratégiques, avec en première ligne la création d’un centre d’expérimentation animale à Biskra, choix géographique mûrement réfléchi en collaboration avec le ministère de l’Enseignement supérieur. « L’objectif initial est de vérifier l’efficacité et la composition des vaccins importés », explique Korib, évoquant l’exemple malheureux du vaccin contre la fièvre catarrhale ovine importé d’Inde qui s’était révélé contaminé, affectant gravement le cheptel national. Cette expérience douloureuse illustre parfaitement les risques liés à la dépendance vaccinale. « Il y a un enjeu sécuritaire important, c’est-à-dire que d’abord dans cette première étape, le centre de recherche va contrôler les vaccins qu’on achète à l’étranger », précise le président de l’AGERP. Au-delà du contrôle, l’objectif est de développer une capacité d’adaptation aux souches virales circulantes sur le territoire national, problématique cruciale face aux mutations constantes des pathogènes. La dimension économique du projet n’est pas négligeable. L’Algérie dépense actuellement près de 300 millions de dollars annuellement pour l’importation de vaccins, une facture que ce projet ambitieux entend réduire significativement. « On va commencer par les vaccins vétérinaires qui posent problème actuellement de santé publique en Algérie », annonce Korib, soulignant que la grippe aviaire décime chaque année 50% du cheptel national avec des répercussions directes sur la sécurité alimentaire. Le calendrier de réalisation témoigne de l’urgence perçue par les autorités. Grâce aux infrastructures existantes de Saidal, notamment le centre de recherche de Dar El Beida et l’unité de production de Mostaganem, « d’ici fin d’année, on va pouvoir début de l’année 2026 fabriquer les premiers vaccins vétérinaires », promet Korib.

L’innovation constitue un autre pilier de cette stratégie. L’AGERP détient déjà sept brevets, dont certains à portée internationale. Korib évoque notamment une thérapie révolutionnaire capable de répondre à toute pandémie virale « dans un délai entre 15 jours et un mois », positionnant potentiellement l’Algérie comme leader mondial dans la riposte sanitaire d’urgence.

Lyna Larbi

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