Soudan : Le Conseil de sécurité de l’ONU alarme sur l’escalade au
Le Conseil de sécurité de l’ONU a exprimé jeudi « sa profonde préoccupation » face à l’escalade de la violence dans différentes régions du Soudan, notamment à El Fasher et dans ses environs, au Darfour-Nord.
Les membres du Conseil ont rappelé la résolution 2736 (2024), qui exige que les Forces de soutien rapide (FSR) mettent fin au siège d’El Fasher et appelle à l’arrêt immédiat des combats et à la désescalade dans cette région et dans ses environs. Dans leur communiqué, ils ont « fermement condamné l’attaque perpétrée le 2 juin 2025 près d’Al Koma, au Darfour-Nord, contre un convoi humanitaire conjoint du Programme alimentaire mondial (PAM) et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), qui a tué cinq travailleurs humanitaires, blessé plusieurs personnes, endommagé des fournitures humanitaires vitales et incendié plusieurs camions ». Les membres du Conseil de sécurité ont réitéré l’appel du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres à « une enquête urgente et à ce que les auteurs soient traduits en justice ». Ils ont également condamné « les bombardements répétés des FSR le 29 mai 2025, qui ont endommagé une installation du PAM à El Fasher » et exprimé leur « profonde préoccupation quant à l’impact du conflit, notamment des attaques, sur les opérations humanitaires ». Cela inclut « des informations faisant état de récentes attaques aériennes des FSR qui auraient endommagé des infrastructures civiles essentielles, principalement à Port-Soudan, Kassala et Khartoum ». Les membres ont rappelé aux parties au conflit qu' »elles devaient garantir la sûreté et la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel humanitaire, de leurs locaux et de leurs biens, conformément au droit international et à la résolution 2730 (2024) » et réaffirmé que « les attaques délibérées contre le personnel humanitaire, ses locaux et ses biens pouvaient constituer des crimes de guerre ».
Le Tchad sur « le point de rupture »
Parallèlement, l’arrivée massive de réfugiés fuyant la guerre au Soudan pousse l’est du Tchad « à son point de rupture », a alerté vendredi François Batalingaya, responsable de la coordination humanitaire pour l’ONU dans ce pays. « Le Tchad est en crise, et l’est du Tchad atteint son point de rupture », a-t-il affirmé lors du point presse régulier de l’ONU à Genève. Depuis avril 2023, le Soudan connaît une guerre sanglante entre l’armée régulière soudanaise et les Forces de Soutien Rapide (FSR), conflit qui a plongé le pays dans l’une des plus graves crises humanitaires au monde, obligeant plus de quatre millions de Soudanais à le fuir. Parmi ces déplacés, « plus de 850.000 réfugiés soudanais ont traversé la frontière pour se rendre au Tchad », rejoignant les 400.000 qui s’y trouvaient déjà. Le conflit pèse sur un Tchad déjà en proie à une « insécurité alimentaire » depuis six ans. Face à l’approche de la période de soudure, le responsable de l’ONU prévient que « 3,3 millions de personnes auront du mal à se nourrir », soit cinq fois plus qu’au début de la décennie. Actuellement, « 2.000 » réfugiés soudanais arrivent chaque jour au poste frontière de Tine, alors que « l’hospitalité de longue date du Tchad est soumise à une pression extrême » et que les camps où ils sont censés s’installer sont déjà saturés. « Nous n’avons plus d’argent pour créer un camp de réfugiés », déplore le coordinateur humanitaire. Avant cet afflux du Soudan, « près d’un million de personnes dans l’est du Tchad avaient déjà un besoin urgent d’aide humanitaire » et dorénavant ces personnes « partagent le peu qu’elles ont – nourriture, eau et espace – avec ceux qui fuient la guerre ». Le choléra risque d’ajouter à la misère, ayant été détecté à El Geneina au Soudan, à seulement 10 kilomètres d’Adré, « l’épicentre de la crise des réfugiés » au Tchad, « une éventuelle épidémie pourrait être dévastatrice ».
R.I.