Le gaz suscite l’intérêt des investisseurs internationaux : Alnaft mise sur les partenariats stratégiques
Après l’attribution de cinq permis d’exploration, ALNAFT mise tout sur les alliances stratégiques pour atteindre 200 milliards de m³ de production gazière.
L’Algérie opère un virage stratégique majeur dans sa politique énergétique. Alors que le pays vise une production de 200 milliards de mètres cubes de gaz d’ici 2028, soit une hausse de 60 milliards par rapport aux 140 actuels, les autorités font du partenariat international leur priorité absolue. Cette nouvelle approche trouve sa concrétisation dans les résultats encourageants de l’Algeria Bid Round 2024, dont l’ouverture des plis s’est déroulée mardi. Sur six blocs proposés, cinq ont reçu des offres de la part de compagnies internationales, générant sept propositions au total. « Pendant des décennies, le partenariat était un choix. Aujourd’hui, c’est une obligation », a déclaré hier sans détour Mourad Beldjehem, président de l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (ALNAFT), lors d’une intervention sur les ondes de la Radio algérienne. Cette transformation reflète les nouveaux impératifs économiques du secteur. « Ces partenariats nous permettent à la fois de partager les risques et d’augmenter la production », explique-t-il, détaillant la logique financière qui sous-tend cette stratégie. Avec un coût d’exploration de 30 à 40 millions de dollars par puits, la mutualisation des investissements devient cruciale. « Si Sonatrach choisit de financer à 25%, elle peut forer quatre puits au lieu d’un seul avec le même montant », illustre le responsable.
Le gaz au cœur des ambitions
L’engouement des investisseurs pour les actifs gaziers algériens confirme les orientations du marché mondial. « Les cinq contrats signés concernent des sites gaziers, on remarque qu’il y a un engouement pour le gaz », observe M. Beldjehem. Cette tendance s’inscrit dans la dynamique de transition énergétique mondiale, le gaz naturel servant de pont vers les énergies renouvelables. L’objectif de 20 milliards de mètres cubes supplémentaires par an d’ici 2026 repose sur une estimation préliminaire des nouveaux contrats. « On table sur un moyen terme, c’est quelque chose comme 20 milliards de mètres cubes par an sur un bon plateau peut-être de trois, quatre, cinq ans », précise le président d’ALNAFT.
La signature des cinq contrats, prévue au plus tard le 30 juillet, marquera le début d’une nouvelle phase opérationnelle. Les compagnies retenues ont proposé des délais de trois à quatre ans pour soumettre leurs plans de développement, témoignant d’un processus d’investissement maîtrisé. Seul bémol : le bloc du Grand M’Zaid n’a attiré aucune offre malgré l’intérêt initial de 27 compagnies. « Il y a un problème dans la partie économique du contrat », reconnaît M. Beldjehem, qui envisage soit une révision des paramètres économiques pour l’inclure dans le Bid Round 2025, soit une négociation directe avec Sonatrach.
L’Algérie mise sur la régularité pour attirer durablement les investisseurs. Un plan quinquennal prévoit le lancement d’un appel d’offres chaque année, « pour donner de la visibilité aux investisseurs », explique le responsable. Onze blocs sont déjà identifiés pour 2025, tandis que l’offshore fait l’objet d’études approfondies avec des partenaires comme ENI Total et Chevron. Cette stratégie s’appuie sur les atouts géologiques reconnus du pays. « Il y a ce qu’ils disent en anglais, le good rocks, la bonne roche. C’est prouvé qu’en Algérie, on a la bonne roche, il y a des hydrocarbures », souligne M. Beldjehem.
Le pari de l’Algérie semble audacieux mais réaliste : transformer la contrainte financière en opportunité de modernisation technologique grâce aux partenariats internationaux. « Le partenariat permet le partage des technologies et du savoir-faire », conclut le président d’ALNAFT, résumant ainsi cette philosophie.
Samira Ghrib