Culture

Alger, Capitale de la Culture Hassaniya: Un patrimoine sahraoui millénaire dévoilé

L’événement « Alger, Capitale de la Culture Hassaniya » 2025 s’est achevé lundi sur une note particulièrement émouvante avec la participation remarquée de la République arabe sahraouie démocratique.

Au Palais de la Culture Moufdi Zakaria, une exposition exceptionnelle révèle au public algérien et international la richesse insoupçonnée du patrimoine culturel sahraoui, témoin d’une civilisation qui résiste depuis des siècles aux aléas de l’histoire. Cette manifestation culturelle d’envergure, organisée par le Ministère de la Culture et des Arts en collaboration avec l’Union internationale des écrivains de la Hassaniya, offre une fenêtre unique sur l’authenticité du peuple sahraoui. Le Ministère sahraoui de la Culture, associé à l’Union des écrivains et journalistes sahraouis, présente une collection précieuse de manuscrits historiques et d’ouvrages contemporains illustrant la continuité culturelle d’une société en perpétuelle lutte pour sa reconnaissance. Ces documents, véritables trésors de la civilisation hassaniya, racontent l’histoire d’un peuple qui a su préserver son héritage malgré l’occupation et l’exil. Les manuscrits exposés constituent un témoignage saisissant de la profondeur historique de la culture sahraouie. Mohamed Loud Moulay Lahcen, responsable des manuscrits historiques au Ministère sahraoui de la Culture, révèle que « le plus ancien de ces manuscrits remonte à plus de 300 ans, d’autres manuscrits varient entre 87 et 90 ans, alors que la date d’autres documents n’a pas encore été déterminée ». Ces documents comprennent des exemplaires du Saint Coran, des traités sur la méthodologie de l’enseignement au Sahara Occidental, des livres d’interprétation coranique, des recueils de lois législatives spécifiques à la société sahraouie et des documents administratifs datant de la période précédant l’occupation marocaine. Le chercheur souligne avec émotion l’importance de préserver cet « héritage historique important, car ces manuscrits sont restés dans les camps de réfugiés pendant 52 ans ». Il ajoute que « malgré le manque de moyens, les conditions difficiles, l’absence de conditions de conservation et leur exposition à des facteurs naturels nuisibles, ils demeurent des témoins de notre histoire et de notre culture ». Cette déclaration résonne comme un cri du cœur d’un peuple qui refuse l’oubli et maintient vivante sa mémoire collective dans les conditions les plus adverses. L’exposition révèle également que « beaucoup de manuscrits sont fièrement conservés chez plusieurs familles sahraouies », témoignant d’une transmission intergénérationnelle qui défie toutes les tentatives d’effacement culturel. Le Ministère sahraoui de la Culture déploie des efforts considérables pour « convaincre ces familles de l’importance de coordonner avec le Ministère et collecter ces manuscrits afin de les protéger, les conserver et les sécuriser contre les dommages, la falsification et la perte ». Cette démarche illustre la volonté institutionnelle de sauvegarder un patrimoine menacé tout en respectant les liens familiaux qui l’ont préservé. Parallèlement aux manuscrits anciens, le pavillon sahraoui présente une production littéraire contemporaine florissante. Les visiteurs découvrent des recueils de poèmes en dialecte hassani, notamment « Min yanabiê eth’thakafa » (des sources de la culture) du poète Ez’Zaim Allal El-Daf, « Amdjad chaâb » (les gloires d’un peuple) du poète El-Hussein Ibrahim et « ôyoun thaïra » (des yeux révoltés) de la poétesse Khadidjatou Aaliyat. Ces œuvres témoignent de la vitalité créatrice d’une littérature qui puise dans les racines traditionnelles pour exprimer les aspirations contemporaines. Les ouvrages académiques occupent également une place de choix avec des titres comme « Dirasset wa abhath fi edh’dhakira ech’chaâbiya, hikeme wa amthal » (Études et recherches sur la mémoire populaire, sagesses et proverbes) et l’ouvrage collectif « Moussahama fi et’taârrof âla el maadhi ath’thakafi li Tiris, Es’Sahrae El Gharbiya- djerd at’tourath eth’thakafi » (contribution à la connaissance du passé culturel du Tiris, Sahara Occidental – Inventaire du patrimoine archéologique). Khadidjatou Mahmoud Menou, membre du Bureau exécutif de l’Union des journalistes et écrivains sahraouis, précise que « les derniers ouvrages exposés ont été récemment publiés en dialecte hassani » grâce à la collaboration avec le Centre de Recherches et de Documentation du Patrimoine Sahraoui. Elle souligne que ces « œuvres littéraires documentées de recherche racontent la mémoire du peuple sahraoui et mettent en lumière son identité et ses traditions ». Ces publications, éditées « principalement par des maisons d’édition algériennes et dans certains pays amis en coopération avec le Ministère sahraoui de la Culture », illustrent la solidarité culturelle qui unit les peuples de la région. La chercheuse en patrimoine hassani Soumia Badi Abdellah voit dans cette exposition « une opportunité de nous mettre en valeur à travers l’Algérie, qui soutient et appuie notre cause et contribue à la production de nos œuvres littéraires et culturelles ». Elle évoque « Le Salon International du Livre d’Alger » comme une « large fenêtre pour passer dans le monde », soulignant le rôle d’Alger comme capitale culturelle rayonnante. Cette manifestation s’inscrit dans une démarche plus large de reconnaissance et de préservation de la culture hassaniya, dialecte et tradition culturelle partagés par plusieurs peuples du Maghreb et du Sahel. En accueillant cet événement, Alger réaffirme sa vocation de carrefour culturel et son engagement en faveur de la diversité linguistique et patrimoniale de la région. L’exposition du patrimoine sahraoui au Palais Moufdi Zakaria transcende la simple présentation d’objets culturels pour devenir un acte de résistance pacifique et de revendication identitaire, rappelant que la culture demeure l’une des armes les plus puissantes face à l’occupation.

Mohand Seghir

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