Exploitation de la mine de Ghar Djebilet et réalisation de lignes ferroviaires vers le Sud: Des projets pour l’avenir
Le projet d’exploitation de Gara Djebilet incarne pleinement l’ambition nationale de diversifier les ressources, de renforcer la souveraineté économique et de doter l’Algérie d’une filière sidérurgique compétitive et intégrée.
Dans l’immensité du Sahara, au cœur de la wilaya de Tindouf, s’écrit aujourd’hui l’une des pages les plus ambitieuses de l’histoire économique moderne du pays. La mine de fer de Gara Djebilet, longtemps considérée comme un gisement mythique enfoui sous les sables, sort enfin de son sommeil séculaire pour devenir l’un des leviers majeurs de la transformation économique de l’Algérie. Ce site gigantesque, qui recèle plus de 3,5 milliards de tonnes de minerai de fer, amorce aujourd’hui une nouvelle ère en rompant avec la dépendance quasi exclusive du pays aux hydrocarbures. Le projet d’exploitation de Gara Djebilet incarne pleinement l’ambition nationale de diversifier les ressources, de renforcer la souveraineté économique et de doter l’Algérie d’une filière sidérurgique compétitive et intégrée. Cette transformation s’inscrit dans une vision claire : valoriser les richesses inexploitées pour bâtir une économie moins vulnérable aux fluctuations du marché pétrolier, plus diversifiée et tournée vers la transformation locale. Car derrière le minerai, ce sont de nouvelles perspectives industrielles qui se dessinent avec des unités de transformation qui verront le jour pour traiter sur place le fer extrait, réduisant ainsi les importations de matières premières et stimulant la production nationale d’acier.
La concrétisation d’un rêve ferroviaire
Simultanément au lancement de l’exploitation de Gara Djebilet en 2023, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a mis en chantier la réalisation d’une ligne ferroviaire gigantesque de 950 kilomètres entre cette mine située à l’extrême sud-ouest du pays et Béchar. Ces deux projets, longtemps restés dans les cartons faute de moyens et de volonté politique, transforment aujourd’hui en profondeur le sud-ouest algérien, notamment la région de Tindouf. Les premiers coups de pioche ont été donnés il y a vingt mois et les résultats sont déjà tangibles. Dimanche, au lendemain de la célébration du 63e anniversaire de l’Indépendance nationale, les travaux du tronçon reliant la ville de Tindouf au gisement de minerai de fer de Gara Djebilet ont été achevés sur 135 kilomètres. En avril dernier, le président Tebboune avait déjà mis en service le tronçon Béchar-Abadla, long de 100 kilomètres. La ligne, achevée à ses deux extrémités, totalise désormais 235 kilomètres livrés sur les 950 prévus. L’ensemble du projet devrait être achevé avant fin 2025, en avance de quelques mois sur le délai initial fixé à mars 2026. La ligne est réalisée par des entreprises algériennes, Cosider et Infrafer notamment, qui ont recours à l’expertise du chinois CRCC, reconnu pour sa grande expérience dans la pose de rails en milieu désertique. Cette collaboration illustre la capacité de l’Algérie à mobiliser les compétences locales tout en s’appuyant sur l’expertise internationale pour mener à bien des projets d’une telle envergure.
Un impact transformateur sur le territoire
L’Algérie a donné, en ce jour de célébration de son indépendance, un signal fort : le Sud est au cœur de la République et non plus en marge. La ligne ferroviaire qui brise le silence de Tindouf constitue les premières lignes d’une nouvelle histoire économique nationale, libérée de la dépendance et des projets traditionnels. Ce qui s’accomplit n’est pas simplement un exploit technique ou un projet de transport, mais le début d’une revalorisation du Sud algérien, longtemps décrit comme « isolé », qui se transforme désormais en cœur battant du développement national global. La liaison ferroviaire du gisement de Gara Djebilet représente un bond qualitatif dans l’activation des potentialités naturelles de la région. Le gisement étant considéré parmi les plus riches gisements de fer au monde, le projet devient une véritable porte d’entrée pour l’Algérie vers les marchés internationaux. Le message est aujourd’hui clair : l’Algérie se prépare à dépasser l’économie de rente et se mobilise pour consolider sa position sur les marchés des matières premières stratégiques, grâce à une infrastructure construite sur le long terme.
Une stratégie de désenclavement territorial
Beaucoup de pays au territoire immense se sont développés grâce au rail, à l’image des États-Unis qui ont posé des milliers de kilomètres de chemins de fer au 19e siècle pour arrimer les territoires du Far West à la dynamique de développement du pays. L’Algérie, qui dispose justement d’une surface immense, fait du rail un levier stratégique pour son développement économique et social. La nouvelle ligne de chemin de fer contribuera à désenclaver une très vaste région, tout le sud-ouest du pays en fait, de Béchar à Tindouf.
Plusieurs gares sont prévues tout au long de l’itinéraire, ce qui améliorera la mobilité et l’approvisionnement des populations et boostera l’activité économique. Des agglomérations pourraient aussi sortir de terre grâce à cette infrastructure. La ligne ferroviaire n’est pas ici un simple moyen de transport, mais un outil souverain et stratégique qui redessine l’équilibre du développement à l’intérieur du pays et coupe la route aux thèses qui prônaient l’isolement et la marginalisation du Sud.
Ce projet ferroviaire de Tindouf s’inscrit dans une vision plus large de développement du réseau national. Les mêmes effets sont attendus des deux autres projets similaires : les lignes en cours de réalisation vers Tamanrasset et Adrar, destinées à atteindre les frontières du Niger et du Mali. Pour la ligne Tamanrasset-In Salah, les levés topographiques du projet ferroviaire de 676 kilomètres ont été entièrement finalisés dans le cadre d’une étude globale de faisabilité. Les études de sol ont été entamées à partir de la wilaya d’In-Salah, prenant en compte les observations des différents secteurs techniques concernés, notamment les points d’interférence avec l’environnement et les zones de transhumance.
Le défi reste maintenant d’accélérer le rythme d’achèvement de la deuxième section et de garantir la liaison du système ferroviaire avec les ports d’exportation et les lignes énergétiques, pour transformer le Sud d’un simple point de passage en un axe stratégique incontournable.
Des retombées économiques et sociales majeures
Au-delà du développement du gisement de fer de Gara Djebilet, la ligne de chemin de fer Béchar-Tindouf contribuera à l’aménagement du territoire, à l’attractivité de la région du sud-ouest pour les investisseurs ainsi qu’à l’essor de l’agriculture saharienne. Cette dynamique s’inscrit dans un mouvement plus large de diversification économique déjà amorcé, comme en témoigne le développement croissant de l’agriculture saharienne dans les wilayas du sud, où les cultures stratégiques gagnent du terrain grâce à des investissements publics et privés.
La mine devient un véritable pourvoyeur d’emplois, offrant des milliers de postes directs et indirects dans le Grand Sud. Pour les habitants de Tindouf, le projet résonne comme une promesse de développement concret, créateur de richesse et d’opportunités. Cette transformation ne passe pas inaperçue aux yeux de certains observateurs, car tout projet souverain comme cette ligne ferroviaire, qui établit la souveraineté économique et logistique sur les périphéries frontalières, constitue une réponse aux projets contraires qui misaient sur le maintien du Sud comme une simple marge immobile.
Une dimension continentale et stratégique
À plus grande échelle, Gara Djebilet se veut aussi une porte ouverte vers le continent africain. Dans un contexte où la demande en acier ne cesse de croître et où la Zone de libre-échange continentale africaine prend forme, l’Algérie entend se positionner comme un acteur central du marché africain du minerai de fer et de l’acier, capable d’approvisionner ses voisins tout en générant de nouvelles recettes d’exportation. Avec trois milliards de tonnes de réserves exploitables, le gisement fera de l’Algérie un acteur important sur le marché mondial de la sidérurgie, un secteur hautement stratégique.
À travers Gara Djebilet, c’est toute la vision du président de la République qui se concrétise : celle d’une Algérie qui prépare l’après-pétrole, investit dans son potentiel minier et agricole et entend jouer pleinement son rôle dans la construction économique du continent africain. L’exploitation de Gara Djebilet s’inscrit dans une stratégie à long terme visant à créer une valeur ajoutée durable, à stimuler l’emploi local et à poser les bases d’un pôle industriel dans une région longtemps restée en marge.
Plus qu’une mine, Gara Djebilet devient ainsi un marqueur de souveraineté, de renouveau et d’espérance pour les générations futures, aux côtés de l’agriculture saharienne en plein essor, révélant un autre levier stratégique pour assurer la sécurité alimentaire, créer de l’emploi et revitaliser les territoires du Sud. Ce projet du siècle rappelle que le pays détient dans son sous-sol les ressources nécessaires pour construire une croissance solide et partagée, en dessinant les contours d’une croissance durable, plus résiliente, plus équilibrée et véritablement ancrée dans les richesses nationales.
Salim Amokrane
Projet de voie ferroviaire Tamanrasset/In-Salah
Finalisation des levés topographiques
Les levés topographiques du projet de voie ferroviaire devant relier In-Salah à Tamanrasset ont été entièrement finalisés, a affirmé, mercredi à Tamanrasset, le directeur des études à l’Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (ANESRIF), Farouk Kliouati. Intervenant lors d’une journée d’étude, tenue au siège de la wilaya en présence des membres de l’exécutif local, des notables et élus locaux, et consacrée à une présentation globale du projet de voie ferroviaire reliant les deux wilayas précitées, M.Kliouati a indiqué que les opérations techniques liées aux levés topographiques de ce projet ferroviaire de 676 km ont été entièrement finalisées, dans le cadre d’une étude globale de faisabilité. Il a expliqué qu’un grand nombre d’informations sur le projet ont été recueillies à travers les suggestions des responsables des différents secteurs techniques concernés par ce mégaprojet, et que les études du sol ont été entamées à partir de la wilaya d’In-Salah. Les observations formulées par les représentants des différents secteurs ont été prises en compte, notamment les points d’interférences, a ajouté M.Kliouati, en citant à titre d’illustration 20 points relevés par l’Office du parc national culturel de l’Ahaggar, 15 points par le secteur de l’hydraulique, huit autres par celui de l’Agriculture et un seul point par le secteur du Tourisme. Des observations qui contribuent de façon pratique à l’exécution du projet de manière bien étudiée, a-t-il souligné. La responsable du département des études à L’Anesrif, Cherifa Takmout, a fait savoir, de son côté, que l’aspect environnemental a été également pris en considération dans la réalisation du projet, dont chaque étape a ses spécificités et son importance, en plus de son impact sur le mouvement des populations nomades et les interférences de zones de transhumance avec le tracé de la voie ferroviaire.
APS