Industrie cinématographique : L’Algérie mise sur le secteur privé pour révolutionner son
L’Algérie connaît actuellement une dynamique remarquable dans le secteur cinématographique, portée par une stratégie gouvernementale ambitieuse qui place l’investissement privé au cœur de la renaissance du septième art national.
Lors d’une visite qu’il a effectuée au multiplexe privé TMV situé dans le centre commercial Garden City à Chéraga, en périphérie d’Alge, le ministre de la Culture et des Arts, Zouhir Ballalou a affiché la volonté des autorités de créer un écosystème cinématographique moderne et viable économiquement. Le ministre a saisi cette occasion pour réaffirmer que « l’État encourage l’investissement privé dans le cinéma, notamment la production, les salles de projection et l’écriture du scénario ». Le multiplexe TMV, inauguré en 2023, représente un exemple concret de cette nouvelle dynamique. Avec ses quatre salles totalisant 380 places réparties sur une superficie de 990 mètres carrés, cet investissement de 350 millions de dinars témoigne de la rentabilité potentielle du secteur. Son directeur, Riad Ait Aoudia, a présenté les différentes étapes de réalisation de ce projet, soulignant les défis relevés et les perspectives d’avenir. Le ministre a qualifié cette initiative de « prometteur » et d’investissement « réussi, lucratif et socialement bénéfique », validant ainsi le modèle économique proposé. L’ambition gouvernementale se révèle particulièrement ambitieuse avec l’objectif d’atteindre « 150 multiplexes cinématographiques d’ici 2030 », selon les déclarations ministérielles. Cette multiplication des infrastructures vise à « réduire le déficit en salles, tout en encourageant la production cinématographique nationale à travers des expériences très importantes ». Un tel déploiement nécessitera des investissements considérables, d’où l’importance accordée au partenariat public-privé dans cette stratégie de développement. La programmation estivale 2025 illustre déjà cette montée en puissance du secteur. Les chiffres communiqués par le ministère révèlent une offre culturelle substantielle avec plus de 1300 projections programmées, incluant 145 films nationaux et 500 films étrangers, sans compter les initiatives comme le cinéma de plage et le cinéma de ville. Le ministre a également mis l’accent sur la valorisation du patrimoine cinématographique existant en appelant les investisseurs privés à « exploiter les salles de cinéma publiques relevant du ministère de la Culture ». Cette approche pragmatique permet d’optimiser l’utilisation des infrastructures publiques tout en créant des opportunités d’investissement pour le secteur privé. Elle s’accompagne d’un appel à « la création de ciné-clubs pour accompagner la dynamique dans le secteur de l’industrie cinématographique que connaît l’Algérie », soulignant l’importance de l’animation culturelle et de l’éducation cinématographique.
Mehdi Delmi, directeur général-adjoint de l’Office national des droits d’auteur et droits voisins (ONDA), a enrichi cette réflexion en présentant une stratégie intégrée pour le cinéma. Son intervention a mis l’accent sur la nécessité de créer « un réseau solide de salles et un marché structuré de la production nationale » pour assurer la rentabilité des œuvres et favoriser « l’émergence d’une industrie cinématographique durable ». Cette approche systémique révèle une compréhension fine des enjeux économiques et culturels du secteur. Le ministre a d’ailleurs souligné que « le gouvernement a mis en place un cadre réglementaire et canevas pour relancer le cinéma et créer ainsi une dynamique impliquant les investisseurs et les professionnels ».
Mohand Seghir