L’Algérie prend les rênes CPS de l’Union africaine : La crise au Soudan et la lutte anti-terroriste au cœur des priorités
L’Algérie a officiellement pris la présidence du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine pour le mois d’août 2025, dévoilant un programme de travail ambitieux axé sur les défis sécuritaires majeurs du continent africain.
Vendredi l’Algérie a assumé cette responsabilité stratégique avec une vision claire : renforcer l’architecture africaine de paix et de sécurité face aux multiples crises qui secouent le continent. L’ambassadeur de l’Algérie en ÉthiopieMohamed Khaled, représentant permanent auprès de l’Union africaine, a présenté une feuille de route structurée autour de trois axes fondamentaux. « Ce programme de travail a été structuré de manière à ce que les réunions prévues couvrent trois domaines principaux », a expliqué l’ambassadeur Khaled lors de sa présentation officielle. Le premier volet concerne « l’évaluation des menaces et défis à la paix et à la sécurité sur le continent », avec l’objectif de « développer une matrice de ces menaces et les moyens de les traiter ». Le deuxième axe porte sur « l’examen des situations de crise, incluant une mission de terrain », tandis que le troisième volet prévoit des « sessions de consultation et de briefing entre le Conseil de paix et de sécurité et divers organes et communautés économiques régionales en Afrique ».
Cette approche méthodique se traduit concrètement par « huit réunions au niveau des ambassadeurs, une mission de terrain, et une réunion du comité d’experts », selon le programme détaillé par l’ambassadeur algérien.
La crise soudanaise occupe une place centrale dans l’agenda algérien. Lundi, le CPS examinera spécifiquement « la situation au Soudan, où le conflit armé en cours constitue l’une des crises les plus graves du continent », a souligné l’ambassadeur Khaled. Cette attention particulière s’inscrit dans la continuité de l’engagement traditionnel de l’Algérie dans la résolution des conflits africains, notamment au Sahel et dans la Corne de l’Afrique. La diplomatie algérienne entend mobiliser l’ensemble des mécanismes de l’UA pour trouver des solutions durables à cette crise humanitaire majeure. Du 10 au 12 août, le CPS effectuera une mission de terrain à Juba pour « examiner avec les autorités sud-soudanaises la situation sécuritaire dans le pays et la mise en œuvre de l’accord de paix revitalisé ». Cette visite permettra également d’engager le dialogue avec « tous les acteurs présents à Juba qui sont responsables du soutien au processus politique au Soudan du Sud ».
Cette mission illustre l’approche proactive choisie par l’Algérie, privilégiant le terrain et le contact direct avec les parties prenantes locales pour mieux appréhender les enjeux sécuritaires régionaux.
L’un des dossiers prioritaires de la présidence algérienne concerne l’opérationnalisation du sous-comité de lutte contre le terrorisme du CPS. Cette initiative découle directement des recommandations du président de la République Abdelmadjid Tebboune, champion de l’UA pour la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique. Le 15 août, les ambassadeurs examineront et adopteront les termes de référence de ce sous-comité, après leur validation par le comité d’experts le 1er août. Cette démarche s’inscrit dans une vision globale de coordination entre les différents mécanismes africains de sécurité. La présidence algérienne mise également sur l’amélioration de la coordination entre les diverses institutions africaines de paix et de sécurité. Le 27 août, une réunion annuelle de briefing rassemblera « le CPS, l’AUCTC, AFRIPOL, CISA et l’APRM sur le système d’alerte précoce avec l’objectif de développer une matrice sur les risques et menaces à la paix et à la sécurité en Afrique » Cette approche intégrée vise à optimiser les synergies entre le Centre de l’UA pour la lutte contre le terrorisme, le Mécanisme de coopération policière africain, et le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs. Le 29 août, dans le cadre du « Processus d’Oran », un briefing entre les membres du CPS et les membres africains du Conseil de sécurité de l’ONU (A3+) permettra de « renforcer la coordination » entre ces deux instances cruciales pour la paix mondiale.
Par ailleurs, le 13 août, une session publique sera consacrée au thème de « l’éducation en situation de conflit ». « Alors que notre continent fait face à des conflits persistants qui ont un impact durable sur les populations vulnérables comme les enfants, l’éducation devient un défi sérieux », a souligné l’ambassadeur Khaled.Cette présidence s’inscrit dans le mandat de trois ans (2025-2028) obtenu lors de l’élection du 15 avril dernier, reconnaissance du « rôle pivot de l’Algérie dans les efforts de prévention et de règlement des conflits en Afrique ». « Ce travail important permettra au Conseil de paix et de sécurité d’examiner les situations de crise sur le continent et d’engager des consultations avec plusieurs acteurs de la paix pour formuler des recommandations qui aideront à faire avancer l’agenda de paix et de sécurité », a conclu l’ambassadeur Khaled. L’Algérie entend ainsi confirmer son statut d’acteur majeur de la diplomatie africaine, en plaçant sa présidence sous le signe de l’efficacité opérationnelle et de la coordination continentale face aux défis sécuritaires contemporains du continent.
Salim Amokrane