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Gestion des espaces forestiers : De nouvelles règles fixées

Le gouvernement vient d’adopter un cadre réglementaire ambitieux pour la gestion de son patrimoine forestier national avec la publication du décret exécutif n°25-200 du 13 juillet 2025. Cette nouvelle législation, signée par le Premier ministre Mohamed Ennadir Larbaoui, établit les fondements d’une approche scientifique et durable de l’inventaire, de la gestion et du développement des richesses forestières du pays. Cette initiative s’inscrit dans la continuité de la loi forestière de décembre 2023 et marque une étape décisive dans la modernisation de la politique environnementale. Le nouveau dispositif réglementaire couvre l’ensemble du patrimoine forestier national dans sa diversité, incluant les forêts, les bois, les terres à vocation forestière, les dunes continentales et côtières végétalisées, les aires protégées, les zones humides d’intérêt écologique ainsi que les nappes alfatières. Cette approche globale témoigne de la reconnaissance par les autorités de l’importance stratégique des écosystèmes forestiers dans l’équilibre environnemental et économique du territoire. Le décret met particulièrement l’accent sur les services écosystémiques fournis par ces espaces naturels, soulignant leur rôle crucial dans la régulation des inondations, la lutte contre la sécheresse, la préservation de la qualité de l’air et la protection contre la dégradation des sols.

L’innovation majeure de cette réglementation réside dans l’instauration d’un inventaire national systématique des richesses forestières, véritable révolution méthodologique qui s’appuiera sur les technologies les plus avancées. Cet inventaire combinera les relevés de terrain traditionnels avec la télédétection et d’autres outils technologiques modernes pour collecter des données qualitatives et quantitatives précises. La méthodologie retenue prévoit un plan d’échantillonnage systématique couvrant l’ensemble du territoire national, organisé selon les régions écologiques et leurs caractéristiques géomorphologiques, géologiques, climatiques et biologiques spécifiques. Les placettes d’échantillonnage, disposées à intervalles réguliers selon une maille géométrique, permettront d’évaluer uniformément la surface boisée, la composition des formations végétales, la structure des peuplements, le volume de bois disponible et le potentiel de production en produits forestiers.

Cette démarche scientifique rigoureuse alimentera un système d’information géographique complet, intégrant les données cartographiques, dendrométriques, écologiques et floristiques dans une base de données nationale régulièrement actualisée. L’objectif poursuivi dépasse la simple quantification des ressources forestières pour englober l’évaluation des services écosystémiques, l’analyse socio-économique de l’utilisation des forêts et la mesure de la capacité de séquestration du carbone, répondant ainsi aux enjeux contemporains du changement climatique et de la transition écologique.

Sur le plan organisationnel, le décret institue une architecture institutionnelle innovante avec la création de cellules spécialisées au niveau central et déconcentré. La cellule nationale d’inventaire des richesses forestières, placée sous l’autorité de l’administration centrale des forêts, assurera la validation des différentes phases de l’inventaire et l’approbation des documents finalisés. Parallèlement, les cellules régionales d’inventaire et d’aménagement, implantées dans les services déconcentrés, garantiront le suivi local des opérations et la validation des données territoriales.

La planification forestière constitue un autre pilier fondamental de cette nouvelle approche. Le plan national de développement forestier, instrument de planification à long terme, définira les orientations et objectifs de gestion durable en consolidant les plans régionaux de développement. Ce document stratégique comportera notamment un diagnostic territorial basé sur les données d’inventaire, des orientations pour la classification des forêts, des schémas d’intervention pour le boisement et le reboisement, le traitement des bassins versants, la protection de la biodiversité, la lutte contre la désertification et la gestion des aires protégées.

L’approche opérationnelle privilégie une gestion différenciée selon la taille des espaces forestiers. Les forêts de plus de 3000 hectares bénéficieront de plans d’aménagement forestier détaillés sur une période de 10 à 20 ans, intégrant les objectifs environnementaux, économiques et sociaux. Ces plans définiront les orientations de gestion selon les vocations spécifiques des espaces forestiers, qu’elles soient productives, protectrices, récréatives ou mixtes. Pour les forêts de superficie inférieure, des plans de gestion simplifiés sur 5 à 10 ans assureront une gestion durable adaptée aux spécificités locales.

La dimension participative occupe une place significative dans cette nouvelle gouvernance forestière. Les populations locales, les secteurs concernés et la société civile sont explicitement désignés comme parties prenantes dans l’élaboration des plans d’aménagement. Cette approche inclusive, matérialisée par des études socio-économiques basées sur des enquêtes de terrain, vise à garantir la prise en compte des besoins des populations riveraines et la durabilité des services écosystémiques. Le dispositif prévoit également des mesures incitatives pour les propriétaires privés, qui pourront bénéficier de l’appui de l’État pour les actions de prévention contre les incendies et les maladies ainsi que pour la conservation de la biodiversité. 

Lyna Larbi

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