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Crise diplomatique entre Alger et Paris : Le prix d’un « aveuglement stratégique »

La récente crise diplomatique entre l’Algérie et la France révèle l’ampleur des erreurs d’appréciation de Paris dans sa gestion des relations avec l’Algérie. Selon une analyse publiée par le quotidien français « Mediapart » sous le titre « La France face à l’Algérie : le prix d’un aveuglement stratégique », cette détérioration prive la France d’un « levier stratégique » fondamental en Afrique et en Méditerranée, compromettant durablement ses intérêts géopolitiques dans cette région cruciale. L’auteur de ce billet approfondi dissèque méthodiquement les multiples dimensions de cette crise, analysant les enjeux géopolitiques, géoéconomiques, géostratégiques et sécuritaires qui sous-tendent les relations algéro-françaises. Son constat est sans appel : la France risque de perdre un « marché clé » et un « partenaire stratégique » majeur dans une zone géographique où se jouent les équilibres de demain. L’avertissement formulé dans cette analyse ne souffre d’aucune ambiguïté : « En confrontant Alger pour des raisons politiciennes, Paris s’isole et se prive d’un marché clé. Héritage colonial, lobbies, myopie stratégique : la France risque de perdre l’Afrique une seconde fois. » L’analyse souligne que les motivations « politiciennes » qui guident la politique française à l’égard de l’Algérie, probablement liées aux enjeux électoraux internes et aux pressions de certains lobbies, conduisent Paris dans une impasse stratégique majeure.

La dénonciation par Alger de l’Accord algéro-français de 2013 relatif à l’exemption réciproque des visas pour les titulaires de passeports diplomatiques et de service constitue un tournant symbolique et pratique dans cette relation bilatérale dégradée. Pour l’auteur du billet de « Mediapart », cette décision unilatérale « signe que le rapport de force s’est inversé. Cette fois, c’est Alger qui siffle la fin de la partie. » Cette inversion du rapport de force marque une rupture historique dans les relations entre les deux pays, l’Algérie devient celle qui impose ses conditions. L’expert souligne que cette dénonciation « n’est pas un simple geste technique » mais constitue « un message politique limpide » adressé à Paris et à la communauté internationale. Ce message traduit la volonté algérienne de redéfinir ses relations avec l’ancienne puissance coloniale sur des bases d’égalité et de respect mutuel, rompant avec des décennies de rapports asymétriques hérités de l’histoire coloniale.

Les conséquences immédiates de cette décision diplomatique sont multiples et tangibles. L’analyse détaille ainsi leurs implications : « les conséquences sont immédiates et lourdes : fin des facilités d’entrée et de circulation pour les diplomates français, remise en cause des avantages immobiliers accordés aux institutions françaises, gel de programmes bilatéraux entiers. » Ces mesures pratiques touchent directement les intérêts français en Algérie et compliquent significativement les relations institutionnelles entre les deux pays. Mais au-delà de ces aspects concrets, l’enjeu principal réside dans la dimension symbolique de cette rupture diplomatique. L’auteur insiste sur le fait que « le symbole dépasse ces aspects pratiques : Alger montre qu’elle ne subit plus, qu’elle fixe désormais le tempo et qu’elle ne craint pas d’engager un bras de fer. » Cette nouvelle posture algérienne traduit une confiance retrouvée et une capacité d’initiative diplomatique qui bouleverse les équilibres traditionnels dans la région.

L’analyse met également en perspective la trajectoire ascendante de l’Algérie sur la scène internationale, soulignant que « l’Algérie, en pleine ascension économique et en pleine diversification diplomatique, se positionne comme un acteur central en Afrique et en Méditerranée, attirant des investissements internationaux et renforçant ses alliances. » Cette montée en puissance de l’Algérie, portée par ses ressources énergétiques et sa position géostratégique, lui permet de développer des partenariats diversifiés avec d’autres puissances mondiales.

Cette nouvelle donne géopolitique place la France dans une situation délicate, contrainte de repenser sa stratégie africaine et méditerranéenne sans pouvoir s’appuyer sur son « levier » algérien traditionnel. L’aveuglement stratégique dénoncé par « Mediapart » révèle l’incapacité des élites françaises à anticiper et à s’adapter à cette évolution des rapports de force, préférant maintenir des réflexes d’un autre âge plutôt que d’accepter une relation d’égal à égal avec Alger.

Cette crise diplomatique s’inscrit dans un contexte plus large de remise en cause de l’influence française en Afrique, où de nombreux pays réexaminent leurs liens historiques avec l’ancienne puissance coloniale au profit de nouveaux partenaires. 

Hocine Fadheli

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