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Comment éviter un nouveau drame routier ?

Le drame survenu vendredi au soir à Oued El Harrach, dans la wilaya d’Alger, où la chute d’un bus de transport de voyageurs dans l’oued a coûté la vie à 18 personnes et fait 24 blessés, dont cinq restent hospitalisés, a secoué l’Algérie toute entière. 

Face à cette tragédie qui endeuille une fois de plus le pays, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a décrété vendredi soir un deuil national d’un jour avec mise en berne de l’emblème national, « en signe de solidarité avec les familles des victimes », selon un communiqué de la Présidence de la République. Mais au-delà de l’émotion légitime, cette catastrophe révèle l’urgence absolue de mettre en œuvre des mesures drastiques pour enrayer l’hécatombe routière qui frappe régulièrement le pays, particulièrement dans le secteur du transport collectif de voyageurs.

La réaction immédiate des plus hautes autorités de l’État traduit une prise de conscience aiguë de la gravité de la situation. Sur instruction directe du Président Tebboune, le gouvernement a annoncé samedi une série de mesures concrètes visant à revoir la question de la sécurité routière dans le transport public. La première décision, d’une portée considérable, impose le retrait définitif de tous les bus de transport de voyageurs vétustes dont la durée de service dépasse 30 ans, dans un délai maximum de six mois. « Les propriétaires de bus vétustes ont six (6) mois pour remplacer ces derniers par de nouveaux véhicules », précise le ministère des Transports dans son communiqué. Cette mesure radicale concernera « plus de 84.000 bus » qui « doivent être renouvelés par étapes dans les prochains mois », selon les déclarations faites à la presse par le ministre des Transports Saïd Sayoud sur les lieux de l’accident vendredi soir. Cette décision présidentielle s’accompagne d’un engagement ferme du ministère des Transports à fournir toutes les facilités nécessaires aux propriétaires de bus pour remplacer leurs véhicules vétustes par de nouveaux, garantissant ainsi le bon déroulement de l’opération sans entraves et dans le respect des délais impartis. Cette approche pragmatique vise à éviter que la mesure de retrait ne se traduise par une pénurie de transport public, préservant ainsi la mobilité des citoyens tout en améliorant leur sécurité.

Fin de l’impunité pour les auto-écoles

La seconde innovation majeure concerne la refonte complète du système d’enquête sur les accidents mortels de la route. Désormais, ces investigations incluront systématiquement les auto-écoles afin d’examiner minutieusement les conditions d’attribution des permis de conduire. Cette mesure vise à remonter à la source du problème en questionnant la qualité de la formation des conducteurs et la rigueur des examens de conduite. En ciblant les auto-écoles, les autorités reconnaissent que la sécurité routière commence dès l’apprentissage de la conduite et que des lacunes dans cette formation initiale peuvent avoir des conséquences dramatiques des années plus tard.

Sur le terrain, le ministre des Transports Sayoud a appelé avec fermeté les conducteurs de bus à faire preuve de responsabilité et à respecter scrupuleusement les limitations de vitesse pour ne pas mettre en danger la vie des passagers. Cette interpellation directe aux professionnels du transport s’accompagne d’un rappel important : tous les bus de transport public en activité sont soumis au contrôle technique qui les autorise à circuler, ce qui souligne l’importance du respect de ces procédures de vérification. Cependant, le ministre a déploré la hausse inquiétante des accidents de bus enregistrée ces dernières années, confirmant que le renouvellement du parc de bus constitue désormais une priorité nationale absolue. Cette reconnaissance officielle de la dégradation de la situation sécuritaire dans le transport collectif justifie pleinement l’ampleur des mesures annoncées et l’urgence de leur mise en œuvre.

Hausse inquiétante des accidents

L’ouverture d’une enquête approfondie pour déterminer les circonstances et les causes exactes de l’accident d’Oued El Harrach s’inscrit dans cette nouvelle approche systémique de la sécurité routière. Cette investigation, qui inclura désormais l’examen des auto-écoles conformément à la nouvelle procédure, permettra d’identifier tous les facteurs ayant contribué à ce drame et d’adapter en conséquence les mesures préventives.

Au-delà des mesures d’urgence, l’intensification des efforts pour que des accidents similaires ne se reproduisent plus, comme l’a souligné le ministre de l’Intérieur Brahim Merad, nécessite une approche globale combinant renouvellement du matériel roulant, amélioration de la formation des conducteurs, renforcement des contrôles techniques et responsabilisation de l’ensemble des acteurs du transport public. L’efficacité du plan d’urgence et de secours activé lors de l’accident d’Oued El Harrach a également été saluée vendredi soir par Merad qui s’est rendu sur place au sein d’une importante délégation officielle comprenant notamment le directeur de Cabinet à la Présidence de la République Boualem Boualem, le ministre de l’Hydraulique Taha Derbal, le Directeur général de la Protection civile Boualem Boughelaf, le Directeur général de la Sûreté nationale Ali Badaoui et le wali d’Alger Mohamed Abdenour Rabehi. Cette mobilisation exceptionnelle des plus hautes autorités illustre l’importance accordée par l’État à la prise en charge des victimes.

Le ministre Merad a souligné que tous les intervenants ont accompli leur devoir grâce à la disponibilité des moyens nécessaires pour l’exécution du plan d’urgence, mettant en avant l’attachement personnel du président Tebboune à assurer un suivi continu des opérations de prise en charge des victimes et des blessés. Cette attention présidentielle directe témoigne de la priorité accordée à la sécurité des citoyens et de la volonté politique de ne plus tolérer de telles tragédies.

Chokri Hafed

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