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Ligne ferroviaire Alger-Tamanrasset : Les détails sur le projet du siècle

495 kilomètres de rails à travers le désert, huit gares ultramodernes et des trains filant à 220 km/h vers Tamanrasset : le gouvernement d’officialiser les premiers segments de la ligne ferroviaire du siècle à savoir les tronçon Laghouat-Ghardaïa et Ghardaïa-El Meniaâ. 

Un décret signé mardi par le Premier ministre Mohamed Ennadir Larbaoui déclare d’utilité publique les tronçons Laghouat-Ghardaïa et Ghardaïa-El Meniaâ, donnant le coup d’envoi concret à ce projet titanesque qui s’étendra sur 2406 kilomètres jusqu’aux frontières nigérianes. Cette décision intervient après l’annonce du ministre des Travaux publics Lakhdar Rekhroukh en février dernier, confirmant le lancement effectif des travaux en 2025. Le projet, inscrit comme priorité absolue par le président Abdelmadjid Tebboune, s’appuie désormais sur des études techniques achevées par l’ANESRIF pour 1048 kilomètres de tracé, incluant les segments Chiffa-Boughezoul, Laghouat-Ghardaïa, Ghardaïa-El Meniaâ et El Meniaâ-In Salah. Le succès retentissant du tronçon Boughezoul-Laghouat, inauguré en octobre 2023 et exploité à pleine capacité, valide définitivement la faisabilité technique de cette aventure ferroviaire transsaharienne.

Les deux tronçons maintenant déclarés d’utilité publique représentent un défi technique spectaculaire. Le segment Laghouat-Ghardaïa traverse 265 kilomètres de paysages sahariens en contournant Hassi R’Mel, tandis que la section Ghardaïa-El Meniaâ s’étend sur 230 kilomètres supplémentaires. Ces 495 kilomètres nécessiteront des terrassements pharaoniques avec l’excavation de 17,8 millions de mètres cubes et la construction de 27 viaducs, un tunnel et 58 traversées de canalisations pour franchir les obstacles naturels du désert. Huit gares principales jalonneront le parcours, dont cinq gares mixtes voyageurs-marchandises stratégiquement positionnées à Hassi R’Mel, Metlili et Hassi Gara. Le système de signalisation ERTMS-ETCS niveau 1 et les télécommunications GSM-R sur fibre optique garantiront une sécurité maximale pour des trains atteignant 220 km/h en configuration voyageurs et 100 km/h pour le fret, des performances remarquables en environnement désertique. L’impact géostratégique dépasse largement les frontières algériennes. Cette ligne transsaharienne constituera l’épine dorsale d’un réseau d’interconnexion avec les pays africains voisins, notamment le Niger via In Guezzam, ouvrant des perspectives commerciales inédites. L’expropriation de 3019 hectares répartis sur douze communes des wilayas de Laghouat, Ghardaïa et El Meniaâ s’accompagne de procédures d’indemnisation déjà budgétisées, témoignant de la détermination gouvernementale à respecter les échéances annoncées. Ce mégaprojet s’inscrit dans une vision d’aménagement territorial ambitieuse visant à désenclaver définitivement les régions sahariennes et à valoriser leur potentiel agricole et minier. Les investissements massifs programmés à El Meniaâ et Adrar dans l’agriculture saharienne trouveront ainsi un débouché logistique performant vers les ports du Nord. La ligne Alger-Tamanrasset représente bien plus qu’une infrastructure de transport : elle incarne la concrétisation du rêve transsaharien, trait d’union ferroviaire entre la Méditerranée et l’Afrique subsaharienne, marquant l’entrée de l’Algérie dans l’ère des grandes liaisons intercontinentales.

Samir Benisid

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