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Accident tragique d’Oued El Harrach : Quatre personnes placées en détention provisoire

Les quatre personnes incarcérées sont le chauffeur du bus, le receveur qui l’accompagnait, le propriétaire du véhicule et le contrôleur technique ayant délivré les documents d’exploitation.

La justice algérienne a réagi promptement suite à l’accident dramatique survenu vendredi dernier dans l’Oued El Harrach, qui a coûté la vie à dix-huit personnes, dont quatre femmes, et fait vingt-cinq blessés. Le procureur de la République près le tribunal de Dar El Beïda, Rostom Mansouri, a annoncé mardi lors d’une conférence de presse le placement en détention provisoire de quatre individus directement liés à cette tragédie. Cette décision judiciaire s’inscrit dans le cadre d’une enquête approfondie menée par la brigade de lutte contre la grande criminalité de la circonscription de police de Bab El Oued, sous la supervision du parquet général, avec l’expertise technique de l’Institut national de criminalistique et de criminologie de la Gendarmerie nationale.

Les quatre personnes incarcérées sont le chauffeur du bus, le receveur qui l’accompagnait, le propriétaire du véhicule et le contrôleur technique ayant délivré les documents d’exploitation. Le magistrat a précisé que « des mandats de dépôt ont été ordonnés contre le chauffeur du bus, le receveur, le propriétaire du bus et le contrôleur technique qui a délivré les documents techniques autorisant l’exploitation du véhicule ». Les charges retenues révèlent la gravité des négligences constatées. Le conducteur fait face à des accusations d' »homicide involontaire et blessures involontaires au moyen d’un véhicule de transport collectif » ainsi que de « mise en danger directe de la vie d’autrui par violation délibérée et manifeste des obligations de précaution et de sécurité ». Le receveur est poursuivi pour « complicité d’homicide involontaire et de blessures involontaires » et « mise en danger de la vie d’autrui ». L’enquête préliminaire a révélé des violations délibérées et flagrantes des obligations de sécurité et de précaution imposées par la loi et la réglementation. Le procureur a souligné que « la surcharge illégale du bus qui comptait quarante-cinq passagers, soit bien plus que sa capacité d’accueil ». L’examen des images de vidéosurveillance a confirmé que « le bus était plein dans l’allée et à côté du chauffeur et même dans l’allée de descente à la fin, ce qui est illégal et relève de la responsabilité du chauffeur et de son accompagnant le receveur ». Plus grave encore, l’investigation a établi que le véhicule n’était pas autorisé à circuler, un arrêt temporaire ayant été émis par la direction des transports de la wilaya d’Alger. Le propriétaire avait confié son bus à « une personne ne possédant pas les qualifications nécessaires », selon les termes du magistrat.

Une panne mécanique à l’origine de l’accident

Le contrôleur technique fait l’objet de poursuites pour « établissement délibéré d’un certificat contenant des faits matériels non véridiques » et « mise en danger de la vie d’autrui par violation délibérée et manifeste des obligations de précaution et de sécurité ». Quant au propriétaire, il est accusé d' »utilisation d’un procès-verbal de contrôle technique contenant des faits matériels incorrects » et de « mise en danger de la vie d’autrui ». L’enquête technique approfondie menée par les experts de l’Institut national de criminalistique et de criminologie de la Gendarmerie nationale a permis d’établir avec précision les circonstances de l’accident. Le procureur a révélé que « le motif direct de l’accident est l’arrêt du système de direction suite à une panne mécanique ». Cette défaillance critique du système de direction a privé le conducteur de tout contrôle sur la trajectoire du véhicule, provoquant sa chute dans l’oued. L’expertise mécanique et l’examen des lieux ont également mis en évidence que le bus transportait une surcharge dangereuse, facteur aggravant qui a amplifié les conséquences de l’accident. Le magistrat a souligné que « l’enquête préliminaire a révélé des violations délibérées et flagrantes et le non-respect des obligations de sécurité et de précaution imposées par la loi et la réglementation », pointant notamment la responsabilité conjointe du chauffeur et du receveur dans l’acceptation de cette surcharge. L’analyse des images de vidéosurveillance a confirmé l’état de surpopulation critique du véhicule au moment de l’accident, transformant ce qui aurait pu être un incident mécanique maîtrisable en catastrophe meurtrière. Le procureur a assuré que « l’enquête se poursuit pour faire toute la lumière sur cette affaire » et que « la justice engagera des poursuites contre toute personne dont la responsabilité dans ces faits sera établie ». Il a également déclaré que « dans l’attente de l’achèvement de l’enquête judiciaire et de la réalisation des expertises nécessaires, le parquet n’hésitera absolument pas à poursuivre toute personne dont la responsabilité dans ces faits sera prouvée de près ou de loin ». Cette affaire soulève des questions cruciales sur le contrôle technique des véhicules de transport public, la formation des conducteurs et le respect des capacités maximales autorisées, éléments fondamentaux pour la sécurité des usagers des transports collectifs en Algérie.

Hocine Fadheli

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