Soudan : 640 000 enfants exposés à la famine
La situation humanitaire au Soudan continue de se détériorer dramatiquement, avec des répercussions particulièrement graves sur les populations les plus vulnérables.
Selon le Réseau des médecins soudanais, au moins 46 personnes sont décédées de malnutrition au cours des mois de juillet et août 2025 dans l’État du Kordofan-Sud, les victimes étant majoritairement des femmes et des enfants. L’organisation médicale a également alerté sur la situation critique de plus de 19 000 femmes enceintes et allaitantes qui nécessitent désormais des compléments nutritionnels en urgence.
Cette crise nutritionnelle s’accompagne d’une épidémie de choléra qui frappe particulièrement le Darfour. L’UNICEF a annoncé dimanche que plus de 640 000 enfants de moins de cinq ans sont exposés aux risques de faim et de maladie, notamment dans la région du Darfour Nord où le choléra s’est propagé depuis la découverte du premier cas le 21 juin dernier. Depuis cette date, plus de 1 180 cas d’infection ont été signalés, dont environ 300 concernent des enfants, avec au moins 20 décès enregistrés dans la zone de Tawila. Dans l’ensemble des cinq États du Darfour, les autorités sanitaires ont recensé près de 2 140 cas de choléra jusqu’au 30 juillet, provoquant 80 décès.
À l’échelle nationale, l’épidémie de choléra a touché 91 034 personnes depuis son apparition en août 2024, causant 2 302 décès répartis sur 17 États soudanais selon les dernières statistiques du ministère de la Santé. Sheldon Yett, représentant de l’UNICEF au Soudan, a souligné le paradoxe de cette situation en déclarant que malgré le caractère évitable et facilement traitable du choléra, la maladie se propage rapidement à Tawila et dans d’autres régions du Darfour, menaçant la vie des enfants.
Le conflit armé qui oppose depuis avril 2023 l’armée soudanaise aux Forces de soutien rapide constitue le facteur aggravant de cette crise humanitaire. Les médecins soudanais attribuent directement la situation nutritionnelle catastrophique au siège imposé aux populations civiles par les Forces de soutien rapide, réclamant la levée immédiate de ce blocus et l’ouverture de couloirs humanitaires sécurisés pour permettre l’acheminement sans restriction de vivres et de médicaments. Les organisations humanitaires dénoncent les obstacles croissants à leur intervention. L’UNICEF indique que la violence persistante accroît les besoins à un rythme plus rapide que la capacité des équipes à y répondre, compromettant les efforts de containement de l’épidémie et de sauvetage des vies humaines. Le réseau médical soudanais a lancé un appel urgent aux autorités locales, aux pays de la région, à la communauté internationale, à l’Organisation mondiale de la santé et à toutes les agences humanitaires concernées pour qu’ils interviennent immédiatement afin de sauver les femmes enceintes, les mères allaitantes et les enfants.
Ce conflit, qui a déjà provoqué plus de 20 000 morts et contraint environ 15 millions de personnes au déplacement ou à l’exil selon les Nations unies et les autorités locales, plonge le troisième plus grand pays d’Afrique dans ce que l’ONU qualifie de pire crise humanitaire mondiale. L’ONU a classé 17 régions du Soudan, dont certaines parties du Darfour, les monts Nuba, Khartoum et Gezira, comme étant en « en danger de famine ». Le Programme alimentaire mondial (PAM) a appelé mercredi à un accès humanitaire à El Fasher, où la population affronte la famine et reste coupée de toute aide humanitaire, a précisé Dujarric. Certains habitants d’El Fasher survivraient en se nourrissant de fourrage pour animaux et de déchets alimentaires.
R.I.