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Une réduction annoncée dès le 1er septembre : La France escalade son chantage aux visas

Dans une escalade sans précédent de la crise diplomatique franco-algérienne, l’ambassade de France à Alger a annoncé mardi une réduction drastique de la délivrance des visas aux citoyens algériens à compter du 1er septembre prochain.

Cette décision, qui s’inscrit dans un contexte de tensions exacerbées entre Paris et Alger, constitue une nouvelle forme de pression exercée par les autorités françaises sur les Algériens désireux de se rendre en France. La représentation diplomatique française justifie cette mesure par les « entraves » supposées des autorités algériennes concernant l’accréditation de son personnel consulaire. Dans un communiqué publié ce mardi, l’ambassade explique que « cette année, le ministère algérien des Affaires étrangères n’a pas donné suite à l’essentiel des demandes de visas d’accréditation sollicitées pour ces personnels ». Cette situation entraînera selon elle une réduction d’un tiers des effectifs de « l’ambassade et notamment des consulats d’Alger, Oran et Annaba » dès « le 1° septembre prochain ». Cette annonce fait écho aux déclarations du président Emmanuel Macron qui, dans une lettre du 6 août adressée à son Premier ministre François Bayrou, avait évoqué de nouvelles mesures punitives contre l’Algérie. Dans cette correspondance qui a filtré dans les médias, le chef de l’État français affirmait que « les mesures d’entrave que les autorités algériennes ont prises à son égard ont pour effet automatique, d’ores et déjà, une baisse de 30 % de la délivrance des visas ». La diplomatie française semble ainsi instrumentaliser la question des visas comme levier de pression dans ses relations tendues avec Alger. Rappelons dans ce contexte que Paris utilise systématiquement la question de la circulation des personnes pour faire pression sur Alger. Les autorités françaises ont d’abord imposé des restrictions sur l’entrée des personnels diplomatiques sur le territoire français en contradiction des accords liant les deux pays, dès le mois de février avant de suspendre l’accord de 2013 sur l’exonération de visas pour les agents diplomatiques. Dans sa lettre du 6 aout, Emmanuel Macron, Emmanuel Macron a demandé au gouvernement Bayrou d’user « immédiatement » d’une disposition de la loi immigration de 2024, le « levier visa-réadmission (LVR) », qui « permet de refuser les visas de court séjour aux détenteurs de passeports officiels et diplomatiques, tout comme les visas de long séjour à tous types de demandeurs ». Les mesures prises par Alger en réponse à ses provocations ne s’inscrivent donc que dans le cadre de stricte réciprocité. Paris veut aujourd’hui aller plus loin dans ce chantage tout en voulant responsabiliser exclusivement les autorités algériennes dans cette escalade provoquée en réalité par les autorités françaises. L’ambassade affirme donc de manière pernicieuse que cette « dégradation de la relation entre la France et l’Algérie » provoquera une « réduction significative » de ses effectifs et de ceux des trois consulats généraux. Elle explique que « c’est en effet à cette date que les agents expatriés, qui assurent la relève de leurs prédécesseurs partis vers d’autres horizons, prennent habituellement leurs fonctions au sein de nos services à Alger, Oran et Annaba ». Cette situation aura « notamment pour conséquence une capacité limitée à instruire les demandes de visas pour la France », selon le communiqué. L’impact direct sur les citoyens algériens sera immédiat puisque « tant que durera cette situation, le nombre de rendez-vous disponibles auprès de notre prestataire Capago, chargé de recevoir les demandes de visas instruites par nos consulats, devra donc être réduit afin de maintenir la délivrance des visas dans des délais aussi raisonnables que possible ». Face à cette restriction volontaire de ses services consulaires, la France établit désormais un système de priorités qui révèle sa stratégie discriminatoire. Les consulats français « sont en train de se réorganiser pour accorder la priorité des services aux Français, aux demandes de renouvellement de visas et aux demandes de visas d’études en France ». Cette hiérarchisation des demandes illustre la volonté française d’exercer une pression ciblée sur certaines catégories de demandeurs algériens. Cette nouvelle escalade dans l’utilisation des visas comme arme diplomatique s’inscrit dans un climat de tensions persistantes entre les deux pays. En brandissant la menace d’une réduction des visas, la France semble vouloir contraindre l’Algérie à céder sur d’autres dossiers diplomatiques. Cette stratégie de chantage aux visas pénalise avant tout les citoyens algériens ordinaires, étudiants, hommes d’affaires ou simples visiteurs, qui se retrouvent otages des calculs politiques de Paris. La décision française révèle également une approche unilatérale des relations bilatérales, où les autorités françaises utilisent les visas Schengen pour exercer des pressions. Cette instrumentalisation des procédures consulaires constitue un précédent inquiétant dans la gestion des flux migratoires légaux entre les deux rives de la Méditerranée.

Salim Amokrane

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