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Washington refuse l’accès au territoire américain à 80 responsables palestiniens

L’administration Trump réédite le scénario Yasser Arafat

Dans une décision qui ravive les souvenirs de 1988 quand Yasser Arafat s’était vu refuser l’accès au territoire américain, Washington a annoncé vendredi son refus d’octroyer des visas au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et à 80 autres responsables palestiniens en prévision de l’Assemblée générale des Nations unies de septembre à New York.

Le département d’État américain n’a pas cherché à dissimuler ses intentions, confirmant explicitement que Mahmoud Abbas figurait parmi les personnalités visées par cette mesure d’exclusion. Cette décision intervient dans un contexte où l’administration américaine multiplie les pressions pour empêcher toute avancée diplomatique favorable à la cause palestinienne sur la scène internationale. Elle intervient à un moment crucial où plusieurs pays, dont la France, s’apprêtent à reconnaître officiellement l’État palestinien lors de cette session historique. La manœuvre rappelle étrangement les précédents de la guerre froide diplomatique, quand en 1988, face au refus américain d’accueillir Arafat, l’Assemblée générale avait dû se délocaliser à Genève pour permettre au leader palestinien de s’exprimer devant la communauté internationale.

L’onde de choc de cette annonce s’est immédiatement propagée dans les chancelleries européennes réunies à Copenhague pour une session des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne. Le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a fermement rappelé que l’Assemblée générale des Nations unies ne pouvait faire l’objet de « restrictions d’accès », tandis que son homologue espagnol Jose Manuel Albares qualifiait cette décision d' »inacceptable ». L’Irlande, par la voix de son ministre Simon Harris, a exhorté l’UE à condamner cette mesure « dans les termes les plus forts », témoignant d’un consensus européen grandissant en faveur des droits palestiniens. La présidence palestinienne, par l’intermédiaire de l’agence Wafa, a exprimé « des regrets et un étonnement profonds » face à cette violation flagrante du droit international. Ramallah a souligné avec force que cette décision contrevenait directement à l’Accord sur les sièges des Nations unies, rappelant que l’État de Palestine jouit du statut de membre observateur de l’organisation mondiale. Hussein al-Sheikh, vice-président palestinien, a dénoncé sur les réseaux sociaux une mesure « contraire au droit international et aux règles sur les sièges », exhortant Washington à « reconsidérer et inverser » sa position.

Cette escalade diplomatique survient alors que la résistance palestinienne multiplie les initiatives sur tous les fronts. À Genève, lors de la 11e Conférence des États parties au Traité sur le commerce des armes, la délégation palestinienne a lancé un appel retentissant pour un embargo international sur les exportations d’armes vers l’entité sioniste. Les représentants palestiniens ont mis en garde contre les « conséquences graves des exportations d’armes » qui « se traduisent par des crimes de guerre et des actes de génocide » dans la bande de Ghaza. La délégation a particulièrement dénoncé la militarisation systématique des colons extrémistes, alimentée par ces livraisons d’armes qui renforcent « le régime d’apartheid et les politiques de discrimination raciale ».

75% des femmes enceintes et allaitantes souffrent de malnutrition sévère

Sur le terrain, la catastrophe humanitaire continue de s’aggraver dans l’enclave palestinienne assiégée. L’ONG ActionAid International tire la sonnette d’alarme sur une situation nutritionnelle désastreuse, révélant que 70 à 75% des femmes enceintes et allaitantes souffrent de malnutrition sévère. À l’hôpital Al-Awda, partenaire de la fondation, les médecins témoignent quotidiennement de l’impact dramatique du blocus total imposé à Ghaza depuis des mois. Le manque de calories et de nutriments met directement en danger la vie des mères et de leurs fœtus, entraînant une augmentation alarmante des complications obstétricales et des fausses couches.

Les bombardements sionistes ne connaissent aucun répit, frappant aveuglément les populations civiles réfugiées dans des conditions précaires. Samedi encore, 15 Palestiniens ont été martyrisés dans des attaques aériennes contre les tentes de déplacés dans les quartiers Al-Nasr et Al-Zaytoun de Ghaza. Ces raids meurtriers s’inscrivent dans la continuité d’une campagne génocidaire qui, depuis le 7 octobre 2023, a fait des dizaines de milliers de victimes civiles palestiniennes. L’acharnement de l’occupant contre les infrastructures civiles et les abris de fortune des déplacés témoigne d’une stratégie délibérée de nettoyage ethnique que la communauté internationale peine encore à qualifier et à sanctionner à la hauteur de sa gravité.

Lyes Saïdi

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