Premier tout de manivelle du film « Leur combat » : Le militantisme féminin durant la Révolution à l’honneur
Les hauteurs de Djebel Ouahch, près de Constantine, résonnent désormais des cris d’action du septième art algérien. C’est dans ce cadre majestueux de la réserve protégée que le réalisateur Ahmed Riad a donné lundi le premier coup de manivelle de son nouveau long-métrage « Nidhalouhoun » (Leur combat), une œuvre ambitieuse qui plonge dans l’univers méconnu des infirmières-combattantes de la glorieuse Révolution algérienne. Cette production cinématographique, soutenue par le ministère de la Culture et des Arts, ambitionne de « mettre en lumière les sacrifices consentis par les femmes algériennes, en particulier les infirmières qui ont soigné, dans des conditions extrêmement difficiles, les moudjahidine blessés au combat au cours de la lutte pour l’indépendance », comme l’explique Ahmed Riad. Le réalisateur a choisi de braquer les projecteurs sur ces héroïnes de l’ombre, dont le courage et le dévouement ont contribué de manière décisive à la victoire de l’indépendance. Le tournage de ce film d’une heure et demie s’étalera sur six semaines et réunit « une pléiade de figures artistiques nationales telles que Lydia Larini et Hamoudi Hamza ». Cette distribution prestigieuse témoigne de l’importance accordée à ce projet qui s’inscrit dans la continuité des œuvres cinématographiques dédiées à la mémoire révolutionnaire. L’originalité du projet réside dans son choix de décors naturels particulièrement évocateurs. Ahmed Riad précise que « 90 % des scènes seront tournées dans un chalet situé dans la réserve protégée de Djebel Ouahch, le reste devant être filmé à Collo, dans la wilaya de Skikda ». Au cœur du récit se trouve le personnage de Hadda, une infirmière-combattante dont le parcours illustre parfaitement la complexité du rôle des femmes durant la guerre de libération. Le film « s’articule autour du personnage de Hadda, une infirmière-combattante qui assure la formation de ses collègues femmes, dans les maquis de la Révolution et qui se retrouve, un jour, alors qu’elle soignait des blessés, face à une escouade de soldats français, l’obligeant à cacher ses collègues infirmières pour les protéger ».
L’actrice algérienne Lydia Larini, qui incarne ce personnage central, apporte un éclairage précieux sur la dimension universelle de son rôle. Elle déclare que ce personnage « reflète la personnalité de toutes les femmes algériennes qui combattaient tout en étant mère, sœur ou une épouse ». Cette approche humaniste permet de dépasser la simple reconstitution historique pour toucher à l’essence même de l’engagement féminin durant la Révolution.
La complexité du personnage de Hadda constitue un défi artistique majeur pour l’interprète. Lydia Larini souligne qu’il s’agit d’un personnage « complexe » dont l’incarnation à l’écran requiert une dimension « psychologique et humaine ». Cette exigence artistique reflète la volonté du réalisateur de proposer une œuvre nuancée, loin des stéréotypes, qui rende justice à la réalité multifacette de ces femmes d’exception. « Nidhalouhoun » s’inscrit dans une démarche mémorielle essentielle, celle de la transmission de l’histoire révolutionnaire aux nouvelles générations. Ce projet cinématographique illustre parfaitement la mission culturelle du cinéma algérien contemporain : préserver la mémoire collective tout en renouvelant les approches narratives.
M.S.