Riyad Mahrez : « Si tu te sens algérien, tu viens jouer pour ton pays »
Dans une interview exclusive accordée à Canal+ Afrique aux côtés du spécialiste Nabil Djellit, Riyad Mahrez, capitaine des Fennecs et attaquant d’Al-Ahli, a livré sa vision sans concession sur les enjeux actuels de la sélection nationale.
`Alors que la polémique autour des joueurs binationaux refait surface suite aux choix de Rayan Cherki et Maghnes Akliouche d’opter pour l’équipe de France, l’ancien joueur de Manchester City a posé un cadre clair sur ce sujet. « Si tu te sens algérien, tu viens jouer pour ton pays, tu viens défendre le drapeau. Si tu ne te sens pas algérien, il vaut mieux le dire dès le début, ne pas jouer la montre. Ce n’est pas forcément bien », a déclaré le joueur de 34 ans, appelant les jeunes talents à faire preuve de franchise et de loyauté envers leurs convictions profondes. Pour Mahrez, qui porte le maillot des verts depuis plus de onze années, la question de l’engagement ne souffre aucune ambiguïté et doit être tranchée dès les premiers pas dans le football professionnel. « Le mieux est de décider tout de suite, quand tu débutes en pro. Prendre sa décision et s’y tenir », a-t-il insisté, rejoignant ainsi les positions déjà exprimées par Islam Slimani, autre figure emblématique des Verts. Évoquant son propre parcours personnel, Mahrez a rappelé qu’il avait lui aussi fait le choix de son cœur en optant pour l’Algérie malgré une carrière qui s’annonçait prometteuse en Europe. « On a montré que jouer dans une sélection africaine ne voulait pas dire que tu ne pouvais pas jouer dans un grand club », a-t-il souligné, citant son parcours exceptionnel jusqu’à Manchester City et ses nombreux titres remportés, démontrant par l’exemple que l’engagement pour son pays d’origine n’entrave en rien les ambitions sportives au plus haut niveau.
Concernant la prochaine Coupe d’Afrique des Nations qui se déroulera en fin d’année au Maroc, le capitaine des Fennecs affiche ses ambitions sans détour tout en gardant les pieds sur terre. « L’objectif à la prochaine CAN ? C’est d’aller au bout ! Quand tu regardes nos deux dernières phases finales, cela peut paraitre un peu présomptueux. Mais avec l’équipe qu’on a, on va tout faire pour aller au bout. Il y aura de bonnes conditions, avec de bonnes pelouses, il n’y aura pas d’excuses », juge Riyad Mahrez, qui préfère laisser le statut d’équipe favorite aux Lions de l’Atlas. « Être favori, cela ne veut rien dire. Mieux vaut être entre les deux. Cette fois, c’est le Maroc le favori, ils sont chez eux. Ils vont avoir la pression », analyse stratégiquement l’ailier droit, conscient que jouer sans pression peut constituer un avantage non négligeable.
Au fil de cette longue interview, Mahrez a également porté un regard lucide sur l’évolution des mentalités au sein de l’équipe nationale. De jeune prodige, le joueur d’Al-Ahli est devenu au fil des années un cadre puis un ancien de la sélection, ce qui lui confère un recul précieux pour analyser les changements générationnels. « Sur les onze ans que j’ai passé en sélection, j’ai vu beaucoup de choses. Nous, on est arrivés sur la pointe des pieds, on est peut-être la dernière génération qui respectait un peu les anciens. Avec la nouvelle génération, c’est un peu différent », a expliqué Riyad Mahrez, visiblement partagé entre admiration et nostalgie. « Même s’ils respectent, tu sens aussi qu’ils ont cette arrogance, qui est une bonne chose pour réussir. Ce sont des bons joueurs, passés par des bonnes formations. Mais il n’y a plus de joueurs comme moi, qui ai fait un autre parcours », conclut-il, faisant référence à son parcours atypique qui l’a mené des divisions inférieures anglaises aux sommets du football mondial.
Moncef D.