L’économie nationale affiche une croissance de 3,7% en 2024, portée par l’agriculture et l’industrie.
L’économie nationale maintient sa dynamique positive avec une croissance réelle de 3,7% en 2024, confirmant la résilience du tissu productif national face aux défis conjoncturels internationaux. Les comptes économiques nationaux publiés par l’Office national des statistiques, révèlent l’essor remarquable de secteurs stratégiques qui compensent partiellement le repli des hydrocarbures. Le produit intérieur brut nominal a franchi la barre des 36.103 milliards de dinars, soit une progression de 7,2% par rapport aux 33.679 milliards de 2023, équivalant à 269,3 milliards de dollars américains. La diversification économique prend corps avec un PIB hors hydrocarbures qui accélère sa progression à 4,8% contre 4,3% l’année précédente, témoignant de la vitalité croissante des secteurs productifs non énergétiques. Cette montée en puissance s’illustre particulièrement dans l’agriculture qui bondit à 5,3% après 3,0% en 2023, portée par une production végétale exceptionnelle en hausse de 8,7% grâce à des conditions climatiques favorables, tandis que l’élevage progresse plus modestement de 2,2%. L’industrie manufacturière confirme sa robustesse avec une croissance stable de 5,7%, identique à 2023, mais révèle des disparités sectorielles significatives. L’industrie textile, de l’habillement et des fourrures s’impose comme le champion de la croissance industrielle avec une expansion spectaculaire de 10,3%, suivie par l’industrie alimentaire et du tabac à 5,2%. Les industries extractives hors hydrocarbures progressent de 6,5%, tandis que l’industrie du bois et du papier affiche 5,8% de croissance. Seule ombre au tableau, la fabrication de machines et appareils électriques recule de 4,8%.
Les services maintiennent leur rôle moteur dans l’économie avec des performances remarquables dans plusieurs branches. Le commerce explose littéralement avec 7,4% de croissance, confirmant la vitalité de la demande intérieure. L’hôtellerie et la restauration bondissent de 8,2%, bénéficiant de la reprise du tourisme, tandis que les transports et communications progressent de 4,5%. Le secteur de l’électricité et du gaz accélère sa croissance à 6,1% contre 4,5% en 2023, démontrant sa capacité d’adaptation aux besoins croissants de l’économie. La construction poursuit sa progression modérée avec 3,8% de croissance en volume contre 3,4% l’année précédente, représentant une valeur de 4.804 milliards de dinars en progression de 11,3%. La demande intérieure reste le principal moteur de la croissance avec une expansion de 6,9%, légèrement en retrait par rapport aux 7,2% de 2023 mais maintenant un rythme soutenu. Cette dynamique s’appuie sur un investissement particulièrement vigoureux, la formation brute de capital fixe bondissant de 9,8% en volume pour atteindre 12.708 milliards de dinars, soit une hausse nominale de 15,3%. Les ménages contribuent également avec une consommation en progression de 3,9%, représentant 14.902 milliards de dinars, malgré un contexte inflationniste marqué par un déflateur de 4,8%.
Cependant, les hydrocarbures ternissent ce tableau globalement positif avec un recul de 1,3% après une croissance de 3,6% en 2023. Cette contre-performance s’explique principalement par une baisse de 2,8% de l’activité d’extraction, partiellement compensée par la reprise du raffinage et de la cokéfaction qui progressent de 3,0%. En valeur nominale, le secteur perd 4,7% pour s’établir à 6.133 milliards de dinars, pénalisé par la chute des cours internationaux du pétrole qui se traduit par une baisse du déflateur de 3,5%.
Échanges extérieurs : un déséquilibre persistant
La balance commerciale affiche pour sa part un déséquilibre qui s’accentue malgré les mesures restrictives adoptées pour limiter les importations. Les échanges extérieurs dessinent un paysage contrasté où la baisse des exportations se conjugue avec la poursuite de la hausse des importations, creusant mécaniquement le déficit commercial. Les importations de biens et services maintiennent leur progression avec une hausse de 11,9% en volume, certes en ralentissement par rapport à l’envolée de 16,1% enregistrée en 2023. Du côté des exportations, la situation se dégrade avec une contraction globale de 2,4% en volume qui marque une rupture avec les tendances antérieures. Les hydrocarbures, colonne vertébrale traditionnelle des recettes extérieures, subissent un recul de 1,9% après la progression de 3,0% observée en 2023. Cette évolution défavorable s’inscrit dans un contexte international marqué par la volatilité des prix pétroliers qui impacte directement la valorisation des exportations énergétiques.
Plus préoccupant encore, les exportations hors hydrocarbures reculent de 20,8%, constituant un revers après la croissance encourageante de 4,8% enregistrée l’année précédente. Les exportations de services connaissent cependant un essor remarquable avec une croissance de 14,3% en volume, marquant une spectaculaire accélération par rapport à la timide progression de 1,4% de 2023. Cette performance positive, bien qu’encourageante, demeure insuffisante pour compenser l’effondrement des exportations de biens et redresser l’équilibre commercial global.
Sabrina Aziouez