Des millions de dollars de contrats signés en marge de l’IATF : Le Made-in-Algeria à la conquête de l’Afrique
Plusieurs accords commerciaux majeurs ont été conclus, totalisant près d’un milliard de dollars.
L’Algérie frappe fort sur la scène économique africaine. En marge de la 4e édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025) qui se déroule du 4 au 10 septembre au Palais des expositions des Pins maritimes d’Alger, plusieurs accords commerciaux majeurs ont été conclus, totalisant près d’un milliard de dollars. Ces contrats témoignent de l’ambition algérienne de s’imposer comme un acteur industriel incontournable sur le continent africain, particulièrement dans les secteurs stratégiques de l’électricité, de la téléphonie et de la pharmacie. Le plus spectaculaire de ces accords concerne l’industrie électrique. Le groupe industriel algérien GISB ELECTRIC, spécialisé dans la fabrication d’équipements électriques, a signé un contrat de 480 millions de dollars avec le distributeur SOGELUX, actif au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Cet accord prévoit l’exportation de plus de 300 millions de dollars d’équipements électriques algériens vers les marchés de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur une période de trois ans. « Les matières premières et les technologies seront algériennes, tandis que la société SOGELUX se chargera des opérations de gestion et de distribution », a précisé Kobibi Djilani Bachir, PDG de GISB ELECTRIC. L’accord inclut également la réalisation d’investissements industriels d’une valeur de 180 millions de dollars au Sénégal et en Côte d’Ivoire dans les secteurs de l’industrie électrique. Cette dynamique s’inscrit dans une stratégie plus large de conquête des marchés africains. Tham Ibrahim, représentant de SOGELUX au Sénégal, a souligné que « l’Algérie dispose d’une expertise considérable dans les industries électriques », affirmant que ce partenariat constitue « une opportunité de l’élargir à travers le continent, d’autant plus que l’Afrique connaît une demande croissante dans ce domaine ». Cette perspective justifie selon lui « la nécessité de créer de nouvelles usines » pour répondre aux besoins continentaux.
Rappelons que la veille, un autre accord significatif a été conclu entre Elsewedy Electric Algeria et Sogelux pour un partenariat quinquennal d’exportation d’équipements électriques vers le marché ivoirien, représentant une valeur globale de 100 millions d’euros. Cette coopération prévoit des exportations annuelles de 20 millions d’euros sur cinq ans, s’appuyant sur le succès d’un projet pilote de 4 millions d’euros déjà réalisé.
Des TPE algériens pour le Nigeria
Le secteur des télécommunications n’est pas en reste dans cette offensive commerciale africaine. La société INATEL (Industrie Algérienne pour le Téléphone), filiale du groupe Elec El Djazair spécialisé dans les industries électroménagères, a décroché un contrat de 300 millions de dollars avec l’entreprise chinoise Fujian MoreFun Electronic Technology pour l’exportation d’équipements de paiement électronique vers le Nigeria. Ce contrat, signé en présence de Sid Ali Zerrouki, ministre des Postes et des Télécommunications, et d’Omar Rekkache, directeur général de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), porte sur l’exportation de 2 millions d’appareils de paiement électronique. Cette percée dans le secteur des technologies de paiement illustre la diversification des exportations industrielles algériennes et leur adaptation aux besoins technologiques croissants du continent africain. Le Nigeria, première économie d’Afrique, représente un marché stratégique pour les entreprises algériennes souhaitant s’implanter durablement sur le continent.
L’industrie pharmaceutique vise 400 millions USD de contrats
Le secteur pharmaceutique algérien affiche également de grandes ambitions lors de cette édition de l’IATF. Ouacim Kouidri, ministre de l’Industrie pharmaceutique, a annoncé que la participation de son secteur à la foire « connaît un franc succès et devrait déboucher sur la signature de contrats d’une valeur de 400 millions de dollars entre 22 opérateurs algériens et leurs homologues étrangers ». Ces perspectives s’appuient sur les capacités industrielles substantielles de l’Algérie dans ce domaine, qui dispose de 218 usines de médicaments et d’équipements médicaux, représentant 26% du total des structures de production que compte l’Afrique (640 unités). « L’organisation de cet événement économique en Algérie marque une étape importante pour la consolidation de la coopération intra-africaine et le renforcement des partenariats économiques dans des secteurs stratégiques comme l’industrie pharmaceutique », a souligné le ministre Kouidri. Il a mis en avant « les capacités industrielles et scientifiques considérables dont dispose l’Algérie, lui permettant d’être un levier essentiel au service de la souveraineté sanitaire africaine ».
Le ministre a également rappelé les efforts consentis par l’Algérie pour faciliter les procédures d’enregistrement et d’homologation des médicaments locaux, précisant que l’obtention prochaine, en octobre, de la certification de niveau de maturité 3 de l’Organisation mondiale de la santé permettra de lancer l’exportation des médicaments produits localement et facilitera l’enregistrement des médicaments algériens à l’étranger.
Cette 4e édition de l’IATF, qui rassemble plus de 2000 exposants de 75 pays, s’annonce comme un tournant décisif pour l’économie algérienne. Les organisateurs estiment que les accords commerciaux et investissements conclus lors de cet événement pourraient atteindre 44 milliards de dollars, confirmant le positionnement stratégique de l’Algérie comme hub industriel et commercial pour l’Afrique. Cette dynamique témoigne de la volonté du pays de diversifier son économie au-delà des hydrocarbures et de s’imposer comme un partenaire industriel de référence sur le continent africain.
Sabrina Aziouez