Gastech 2025 : L’Algérie s’impose comme partenaire énergétique incontournable

Tandis que l’Europe cherche désespérément des alternatives fiables aux approvisionnements énergétiques traditionnels, l’Algérie émerge comme l’acteur incontournable de la sécurité énergétique régionale.

Présent au prestigieux salon Gastech 2025 de Milan, le groupe Sonatrach, mené par son Président-directeur général Rachid Hachichi, a réaffirmé le rôle stratégique du pays dans l’équilibre des marchés énergétiques mondiaux. Lors d’une session à huis clos réunissant une trentaine de décideurs énergétiques internationaux, Rachid Hachichi a défendu avec force le positionnement du gaz naturel dans le mix énergétique mondial. « Il est impératif d’utiliser le gaz naturel comme source d’énergie pour le maintien de l’équilibre des marchés mondiaux de l’énergie, notamment dans un contexte de vicissitudes géopolitiques que connaît le monde », a déclaré le PDG de Sonatrach. Le dirigeant a particulièrement souligné deux facteurs déterminants : « l’émergence de grands consommateurs d’énergie et la hausse de la demande sur l’énergie due à l’utilisation accrue de l’intelligence artificielle ». Face à ces nouveaux défis, Hachichi a appelé à « fédérer les efforts des producteurs et des consommateurs afin de préserver la place du gaz naturel en tant que source d’énergie propre et stratégique ». Le PDG de Sonatrach a également insisté sur « le rôle important que les entreprises et institutions publiques doivent jouer dans la mise en place d’un cadre juridique et réglementaire permettant au gaz naturel d’occuper la place escomptée dans le paysage énergétique mondial ». Dans une conférence consacrée aux défis des compagnies nationales d’hydrocarbures, Rachid Hachichi a exposé la mutation nécessaire de ces géants énergétiques. Intervenant aux côtés de Masoud Suleman Moussa, président du conseil d’administration de la National Oil Corporation libyenne, Hachichi a souligné que « les sociétés nationales détenues par l’État, épine dorsale de l’économie de leurs pays et principal garant de leur sécurité énergétique, doivent s’adapter et faire face aux mutations mondiales ». Cette adaptation concerne notamment « la transition énergétique et les énergies propres et renouvelables, tout en maintenant leur rôle dans le soutien de la souveraineté économique nationale », a précisé Hachichi. Pour Sonatrach spécifiquement, le PDG a mis en avant l’évolution réussie de l’entreprise qui « est devenue un fournisseur sûr et fiable du marché européen, et un partenaire stratégique des plus grandes compagnies énergétiques ».

Un positionnement stratégique

Les déclarations du PDG de Sonatrach trouvent un écho direct chez les partenaires européens. Le ministre italien de l’Environnement et de la Sécurité énergétique, Gilberto Pichetto Fratin, a souligné lors des débats milanais « l’importance stratégique du positionnement géographique de l’Algérie ». « Sa situation en Méditerranée en fait un pivot indispensable à tout projet énergétique futur », a affirmé le ministre italien.

Cette reconnaissance s’appuie sur une réalité économique tangible. La compagnie italienne Edison a réaffirmé sa « dépendance significative » au gaz algérien, révélant qu’elle importe chaque année plus d’un milliard de mètres cubes de gaz depuis l’Algérie dans le cadre de contrats à long terme. Ce volume représente près de 23% de la demande énergétique annuelle italienne, plaçant l’Algérie en tête des fournisseurs devant le Qatar, la Libye, l’Azerbaïdjan et les États-Unis. Edison insiste sur le fait que « malgré la stratégie de diversification mise en œuvre, le gaz naturel algérien demeure un pilier de la stabilité et de la sécurité du système énergétique italien, grâce à sa régularité et sa prévisibilité ».

Un partenariat d’avenir

Au-delà des approvisionnements gaziers traditionnels, l’Algérie développe sa dimension de partenaire énergétique d’avenir. Le projet de « corridor de l’hydrogène », signé en 2024 entre l’Algérie, la Tunisie, l’Allemagne, l’Italie et l’Autriche, illustre cette vision prospective. Cette initiative représente la première démarche régionale visant à développer une chaîne de valeur durable pour l’hydrogène entre l’Afrique du Nord et l’Europe centrale. Parallèlement, l’Union européenne a franchi une étape décisive en classant officiellement le projet de câble électrique sous-marin « Medlink » comme « projet d’intérêt commun ». Cette infrastructure révolutionnaire, destinée à connecter l’Algérie et l’Italie, acheminera vers l’Europe une électricité verte produite principalement à partir de sources solaires algériennes. La Commission européenne a confirmé le 1er septembre que Medlink figure désormais parmi ses projets prioritaires, ouvrant la voie à un financement européen substantiel. Ces différentes initiatives dessinent les contours d’un partenariat euro-algérien qui transcende les simples relations commerciales. Dans un contexte mondial marqué par l’instabilité géopolitique et les impératifs climatiques, l’Algérie s’impose comme le garant de la transition énergétique européenne. Forte de ses réserves gazières considérables et de son potentiel en énergies renouvelables, elle offre à l’Europe la stabilité énergétique nécessaire à ses ambitions climatiques. Sonatrach, par sa vision stratégique exposée à Milan et ses investissements dans l’innovation, confirme son statut d’acteur incontournable de la sécurité énergétique continentale.

Samira Ghrib