Culture

Opéra d’Alger : L’Afrique à l’honneur

L’Opéra d’Alger Boualem-Bessaïh s’est transformé en véritable temple de la fusion culturelle mardi soir, accueillant un méga concert exceptionnel dédié aux invités africains de la quatrième Foire commerciale intra-africaine.

Sous le thème évocateur « l’Afrique dans les bras de l’Opéra », cette soirée musicale de près de deux heures a brillamment illustré la richesse du patrimoine artistique continental, mêlant avec virtuosité chefs-d’œuvre symphoniques universels, mélodies andalouses séculaires, variété algérienne authentique et chants populaires africains. L’événement, organisé dans le cadre du programme culturel « Canex » accompagnant l’IATF 2025, a réuni un public nombreux en présence du ministre de la Culture et des Arts Zouhir Ballalou, du directeur exécutif du Fonds pour le Patrimoine mondial africain, le Docteur Albino Jopela, et de l’experte en Patrimoine mondial Rim Kelouaze. L’Orchestre symphonique et la chorale polyphonique de l’Opéra d’Alger, magistralement dirigés par le maestro Lotfi Saïdi, ont porté cette « randonnée onirique » composée d’une dizaine de stations artistiques, offrant un voyage musical transcendant les frontières géographiques et temporelles. La programmation a révélé une pléiade de jeunes talents algériens, chacun apportant sa couleur unique à cette mosaïque sonore. La soprano Dina Sirine Khiari et le ténor Billel Sahraoui ont sublimé les extraits de compositeurs légendaires, rendant hommage au « génie créatif » de Gioacchino Rossini, Francesco Sartori, Georges Bizet, Eduardo Di Capua et Giuseppe Verdi, démontrant la capacité de la nouvelle génération à porter l’héritage lyrique mondial. Sabrina Lounis Khodja a transporté l’assistance dans l’univers raffiné de la musique andalouse, tandis que le violoniste virtuose Fakhr-eddine Mahala a fait revivre « la voix pleine et mélodieuse » d’Ahmed Wahbi à travers son archet inspiré. L’émotion a atteint son paroxysme avec Djamila Mansouri, dont « la voix cristalline » a réveillé le souvenir du regretté Othmane Bali, incarnant parfaitement l’âme du Sud algérien. Zouhir Mazari, quittant exceptionnellement sa « casquette de chef de Chœur » pour endosser « celle d’un cheikh de la chanson chaâbi », a rendu un hommage poignant à Cheikh El Yamine Haïmoune en interprétant des « pièces d’anthologie » du genre chaâbi. L’apothéose de cette soirée mémorable s’est cristallisée autour de « Carmina Burana » de Karl Orff, œuvre sur laquelle le regretté professeur Rabah Kadem avait greffé un texte aux « consonances et intonations patriotiques », évoquant « avec force, la résilience du peuple algérien à en découdre avec les abjections et la barbarie de l’occupant français ». Cette fusion audacieuse entre patrimoine musical universel et conscience nationale a particulièrement marqué un public qui « a eu du bon répondant » tout au long de la représentation. La dimension panafricaine de l’événement s’est pleinement exprimée lors de la dernière partie, moment de communion extraordinaire où l’assistance a interagi avec l’Orchestre symphonique et le Chœur polyphonique pour interpréter des pièces de l’icône sud-africaine Miriam Makeba, symbole de la lutte contre l’apartheid et ambassadrice de la musique africaine dans le monde. Cette séquence participative a parfaitement incarné l’esprit de fraternité et d’unité continentale qui anime l’IATF 2025, transformant la salle d’opéra en un véritable creuset de rencontres culturelles. À l’issue de ce spectacle qui restera gravé dans les mémoires, des trophées et distinctions honorifiques ont été remis aux artistes, reconnaissance officielle d’une prestation qui a su « donner du plaisir au public » en cette veille de clôture de la foire commerciale.

Mohand Seghir

admin

admin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *