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Maroc : Une rentrée sociale sous tension !

La colère gronde chez les jeunes diplômés marocains. Face à un taux de chômage qui dépasse désormais 13% et à leurs perspectives d’avenir qui s’amenuisent, ils haussent le ton et s’organisent pour faire entendre leur ras-le-bol. L’Association nationale des diplômés chômeurs du Maroc a publié vendredi un communiqué particulièrement virulent, appelant à une mobilisation générale et à une « bataille sociale » pour revendiquer le droit au travail. Cette montée de la contestation reflète l’exaspération d’une génération qui voit ses diplômes « relégués sur des étagères, sans impact réel sur leur avenir professionnel ». Malgré leurs qualifications, ces jeunes se retrouvent dans une impasse qui pousse certains d’entre eux vers des solutions désespérées : la tentative de migration clandestine vers l’Europe dans des embarcations de fortune, au péril de leur vie. L’organisation estudiantine ne mâche plus ses mots et dénonce ouvertement les « politiques d’appauvrissement » du gouvernement. Elle appelle ses membres à s’engager activement dans la contestation sociale et invite les forces démocratiques, syndicales et politiques à se joindre au mouvement. À l’approche de la rentrée scolaire, cette mobilisation prend une dimension particulière, les jeunes diplômés comptant profiter de cette période symbolique pour amplifier leur message. Cette radicalisation du discours des jeunes chômeurs s’explique par une détérioration continue de leur situation. En trois ans seulement, plus de 3,2 millions de Marocains ont basculé dans la pauvreté ou la précarité, et le taux de pauvreté a explosé de 1,7% à 4,9%. Pour 71,8% des ménages qui vivent avec un revenu inférieur à la moyenne nationale, l’espoir d’une amélioration s’amenuise. La flambée des prix alimentaires, en hausse de 3,3% selon le Haut-Commissariat au Plan, ajoute à leur frustration. Cette inflation de 2% en glissement annuel frappe particulièrement durement une génération déjà fragilisée par le manque d’opportunités professionnelles. Les salaires gelés contrastent cruellement avec la hausse constante du coût de la vie, alimentant un sentiment d’injustice croissant. L’effondrement du tissu économique renforce leur désespoir. Plus de 50.000 petites et moyennes entreprises ont fermé depuis 2021, réduisant encore davantage les perspectives d’emploi pour ces jeunes diplômés. Cette hémorragie d’entreprises témoigne de l’incapacité structurelle du système à absorber la main-d’œuvre qualifiée que produit le système éducatif marocain.

Face à cette situation, les jeunes chômeurs ne se contentent plus d’attendre. Leur association condamne fermement les « politiques répressives » gouvernementales et les procès intentés contre les militants et lancent un appel à « l’unité des forces progressistes pour construire un front national ». Leur colère trouve une justification supplémentaire dans les chiffres de l’endettement public. Avec une dette extérieure de 45,6 milliards de dollars qui dépasse le PIB national et un service de la dette représentant 27,5% des recettes publiques contre 6,8% en 2008, ils dénoncent une politique qui sacrifie leur avenir sur l’autel des créanciers internationaux. L’investissement dérisoire dans l’éducation, limité à 0,8% du PIB, symbolise pour eux cette inversion des priorités. Comment expliquer à une génération formée dans un système sous-financé qu’elle doit accepter le chômage au nom de l’orthodoxie budgétaire ? Cette mobilisation des jeunes chômeurs survient dans un contexte où les perspectives économiques restent sombres. La banque centrale anticipe la poursuite des pressions inflationnistes en 2025, notamment à cause de la sécheresse et des turbulences mondiales.

Lyes S.

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