Patrimoine musical algérien : Un ouvrage encyclopédique célèbre l’école du malouf de Constantine
Le Palais de la Culture « Moufdi Zakaria » d’Alger a abrité dimanche la cérémonie officielle de présentation de l’ouvrage encyclopédique « Le Navire du Malouf – École de Constantine ». Cette publication luxueuse de 464 pages, éditée par l’Agence nationale de communication, d’édition et de publicité (Anep), constitue une somme de référence consacrée à cet art musical andalou emblématique, fruit d’une collaboration entre musiciens, universitaires et chercheurs spécialisés dans cette tradition séculaire.
L’événement s’est déroulé en présence de personnalités diplomatiques et culturelles de premier plan, notamment l’ambassadeur du Japon en Algérie Suzuki Kotaro et le président-directeur général d’Air Algérie Hamza Benhamouda, aux côtés de figures emblématiques du patrimoine musical algérien dont le vénérable maître Mohamed Hamma, véritable légende vivante du malouf. Cette assemblée hétéroclite témoignait du rayonnement international et de la dimension transgénérationnelle de cet art raffiné originaire de Constantine, surnommée « la ville du malouf ».
Le comité scientifique ayant coordonné cette entreprise éditoriale ambitieuse réunit des experts reconnus : Elias Benbakir, président du comité et commissaire du Festival culturel international du malouf, l’universitaire Abdellah Hammadi en qualité de coordinateur général, Abdelmalik Marouani, chercheur spécialisé dans la musique du malouf, Hakim Chouib, professeur académique et formateur musical, Mohamed Benthabet, chercheur musicologue et commissaire du Festival national de musique andalouse, Hakim Benchefra, spécialiste de la notation et de l’écriture musicale, ainsi que Mahdi Megnaoua, musicien et chercheur. Cette équipe pluridisciplinaire a structuré l’ouvrage autour de chapitres fondamentaux explorant « les écoles de chant dans les civilisations anciennes », « l’école de chant aux époques omeyyade et abbasside », « l’école grenadine et le chant à Constantine à l’époque ottomane », « une approche définitionnelle du terme malouf », « les manuscrits du malouf constantinois » et « l’étymologie du chant savant du malouf constantinois ».
Dans son allocution, l’ex-ministre de la Culture et des Arts, Zoheir Ballalou a souligné l’importance stratégique de cette publication. Il a particulièrement insisté sur la dimension patrimoniale universelle du malouf, rappelant que l’Algérie avait fait de la sauvegarde de son patrimoine immatériel « un devoir national et une responsabilité civilisationnelle » depuis l’indépendance, en étant parmi les premiers pays à ratifier la Convention de l’UNESCO de 2003. Cette publication intervient dans le contexte des efforts soutenus menés par les autorités algériennes pour obtenir l’inscription du malouf sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Ballalou a précisé que « les efforts se poursuivent pour préparer un dossier intégré de candidature du malouf et son inscription dans la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité », ajoutant que cette démarche constitue « un devoir national car elle garantit la continuité de cet art et le protège de la marginalisation et de la disparition ». Il a détaillé que le dossier de candidature, « fruit de recherches scientifiques et de documentations précises, comprendra tous les éléments de cet art authentique : les treize noubas de l’école de Constantine, les instruments de musique d’accompagnement, les textes poétiques hérités et les styles d’interprétation transmis par les maîtres et les cheikhs à travers les générations ».
De son côté, Elias Benbakir, commissaire du Festival culturel international du malouf, a qualifié cet ouvrage de « fruit d’un effort collectif supervisé par la commission du festival sous le patronage du ministère de la Culture et des Arts » et d’une « édition de référence qui documente et retrace l’histoire de cet art noble », soulignant que « ce patrimoine culturel par lequel Constantine est connue, la ville du malouf comme on l’appelle, a été immortalisé par ses cheikhs et ravivé par sa jeunesse ». Concernant la treizième édition du Festival culturel international du malouf, il a annoncé que cette édition se déroulera au Théâtre régional « Mohamed Tahar Fergani » de Constantine du 20 au 24 septembre, avec la participation d’artistes algériens et étrangers d’une dizaine de pays, la Tunisie étant l’invitée d’honneur, sous le thème « Le Malouf, de l’école à l’universalité ».
M.S.