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Sahara occidental : Les crimes du Maroc dénoncés à l’ONU

Les violations des droits de l’homme perpétrées par le Maroc dans les territoires occupés du Sahara occidental ont été exposées en détail devant les instances internationales à Genève, où une délégation du Collectif des Défenseurs Sahraouis des Droits Humains (CODESA) a présenté dimanche au Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme un réquisitoire accablant contre l’occupation marocaine et ses pratiques répressives.

Baih Jamaa, secrétaire général du CODESA, accompagné de Brahim Moussayih, membre du comité administratif du collectif, ont tenu une réunion officielle avec le Haut-Commissariat, au cours de laquelle ils « ont présenté un exposé détaillé sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, ainsi que sur les violations graves affectant les droits civils et politiques, en plus de la dégradation de la situation économique et sociale dans le territoire occupé ». Cette présentation documentée vise à briser le silence international sur une occupation criminelle et contraire au droit international. Cette démarche s’inscrit dans le cadre de la 60ème session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

La délégation sahraouie a particulièrement insisté sur « la situation préoccupante des prisonniers politiques sahraouis détenus dans les prisons de la puissance occupante marocaine, à la lumière de rapports répétés faisant état de mauvais traitements et de l’absence de conditions de procès équitable ». L’absence de procès équitable dénoncée par le CODESA illustre la négation totale des standards juridiques internationaux dans les territoires occupés.

Parallèlement à cette démarche institutionnelle, le témoignage personnel d’Elghalia Djimi devant l’assemblée plénière du Conseil des droits de l’homme a donné une dimension humaine saisissante à ces accusations. Survivante de la disparition forcée, cette activiste sahraouie née en 1961 à Agadir incarne la tragédie de tout un peuple. « Je suis une des survivantes de la disparition forcée », a-t-elle déclaré devant l’assemblée de l’ONU, portant ainsi la voix d’un peuple opprimé depuis cinquante ans. Son parcours personnel illustre parfaitement la répression systématique exercée par les autorités marocaines contre les militants sahraouis. Le témoignage d’Elghalia Djimi révèle l’ampleur des violations subies. Élevée par sa grand-mère jusqu’à ce que celle-ci soit arrêtée et disparue en 1984, elle fut elle-même victime de disparitions forcées à trois reprises, notamment entre 1987 et 1991, après avoir participé à des initiatives contre l’occupation marocaine. Pendant près de quatre années où elle fut portée disparue, elle subit différents types de torture de la part des autorités d’occupation marocaines. Cette expérience personnelle de la violence d’État confère à son témoignage une dimension particulière, transformant les statistiques en réalité humaine tangible. L’activiste sahraouie travaille depuis 1998 à enregistrer les violations des droits de l’homme que le peuple sahraoui a subies dans les territoires occupés du Sahara occidental. Cette documentation minutieuse constitue un préalable indispensable à tout processus de justice transitionnelle et vise à mettre fin à « l’impunité dont jouissent encore les fonctionnaires marocains à ce jour », comme elle l’a souligné dans son intervention devant le Conseil. Un aspect crucial soulevé par Elghalia Djimi concerne « le refus persistant du Maroc à la demande du Haut-Commissaire de visiter le territoire du Sahara occidental ». Cette obstruction révèle, selon elle, « le manque de volonté du Maroc de permettre une surveillance indépendante de la situation des droits de l’homme sur le territoire et accroît les préoccupations concernant la situation des droits de l’homme du peuple sahraoui ». Cette stratégie d’obstruction s’inscrit dans un schéma plus large de verrouillage du territoire occupé, soumis à un embargo militaro-sécuritaire et médiatique depuis 1975. La représentante permanente adjointe de l’Afrique du Sud auprès de l’ONU, Tsholofelo Tsheole, a apporté son soutien à cette dénonciation lors d’une conférence organisée au siège de l’ONU à Genève, dénonçant le recours par le Maroc à la détention arbitraire contre les Sahraouis et établissant un lien direct entre le traitement réservé aux prisonniers sahraouis et la politique d’apartheid en Afrique du Sud. Cette comparaison historique place la question sahraouie dans le contexte plus large de la lutte contre les systèmes d’oppression institutionnalisée. Ces initiatives menées dans le cadre de la 60ème session du Conseil des droits de l’homme s’inscrivent dans les efforts continus du CODESA visant à documenter les violations et à défendre les droits fondamentaux du peuple sahraoui devant toutes les instances internationales.

Lyes Saïdi

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