Culture

Malika Bendouda retrouve les rênes du département de la Culture : « Un secteur sensible au cœur de l’identité nationale »

Malika Bendouda a officiellement pris, lundi à Alger, ses fonctions de ministre de la Culture et des Arts, succédant à Zouhir Ballaou dans le cadre du remaniement gouvernemental décidé dimanche par le président Abdelmadjid Tebboune. Pour cette ancienne titulaire du portefeuille, le retour aux affaires culturelles s’accompagne d’une vision renouvelée du rôle de la culture dans la société algérienne.

La cérémonie de passation de pouvoirs, qui s’est déroulée au siège du ministère en présence des cadres et responsables d’établissements culturels, a révélé les ambitions de la nouvelle ministre pour un secteur qu’elle qualifie de stratégique. Cette nomination marque le retour de cette figure aux affaires, Malika Bendouda ayant déjà occupé ce poste sous la précédente mandature. Dans son allocution inaugurale, la ministre a d’emblée souligné l’importance du soutien présidentiel au secteur culturel, rendant hommage au « soutien considérable et constant du président de la République au secteur de la Culture et des Arts, à tous les niveaux ».  Bendouda a exprimé sa gratitude envers le chef de l’État « pour la confiance qu’il a placée en sa personne et dont elle a été honorée pour la deuxième fois », assumant la responsabilité de diriger ce qu’elle décrit comme un secteur « sensible » et « important ». La vision développée par la nouvelle ministre dépasse largement les prérogatives administratives traditionnelles du ministère. « La gestion du secteur de la Culture et des Arts ne se limite pas à l’aspect administratif », a-t-elle précisé, développant une approche holistique qui implique l’ensemble de la société algérienne. Cette conception élargie place la culture comme « un levier porté par tout un chacun, cadres de l’État, élites de la société, hommes d’affaires et citoyens conscients de la valeur de leur histoire culturelle et de leur identité civilisationnelle, façonnée au fil des siècles et de l’histoire ».Cette approche participative rompt avec une conception verticale de l’action culturelle pour privilégier une dynamique collaborative impliquant les différentes composantes de la société civile. L’accent mis sur la « valeur de l’histoire culturelle » et l' »identité civilisationnelle » s’inscrit dans la continuité des politiques mémorielles développées par l’Algérie depuis son indépendance, tout en ouvrant vers une modernisation des outils de transmission patrimoniale.

Les engagements programmatiques énoncés par Bendouda dessinent les contours d’une politique culturelle ambitieuse articulée autour de plusieurs axes prioritaires. Elle s’est engagée à « défendre le secteur », « garantir la liberté de l’art et des artistes, protéger leurs droits », ainsi qu’à « soutenir la créativité et le génie artistique ». Ces déclarations interviennent dans un contexte où les créateurs algériens revendiquent une plus grande autonomie artistique et de meilleures conditions d’exercice de leur profession.

La dimension patriotique n’est pas occultée dans ce programme, Bendouda réaffirmant sa détermination à « défendre la patrie et son identité culturelle en toutes circonstances ». Cette formulation, qui fait écho aux préoccupations sécuritaires régionales, positionne la culture comme un instrument de résistance et d’affirmation souveraine face aux défis géopolitiques contemporains.

L’héritage de son prédécesseur Zouhir Ballaou a été salué lors de la cérémonie, la nouvelle ministre reconnaissant « les efforts accomplis par M. Ballaou ainsi que par l’ensemble des ministres qui se sont succédés à la tête de ce département ». Ballaou, dans son discours de départ, a exprimé sa « profonde gratitude au président de la République pour la confiance placée en sa personne », tout en saluant « les efforts et le dévouement de l’ensemble des cadres et fonctionnaires du ministère ainsi que des établissements culturels sous tutelle ». La prise de fonction s’accompagne d’un engagement à « suivre les dossiers qui servent le secteur et le pays ». Parmi les chantiers hérités figurent notamment la réforme des institutions culturelles, la digitalisation du patrimoine national et le renforcement de la coopération culturelle internationale. Ce changement à la tête du ministère de la Culture intervient dans un contexte où l’Algérie cherche à repositionner son soft power régional et à valoriser son patrimoine culturel comme atout touristique et diplomatique.

Mohand Seghir

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