13e Festival de danse contemporaine d’Alger : « Ô Gaza » ouvre en apothéose l’évènement
La danse contemporaine se transforme en hymne à la résistance. Jeudi soir, le Théâtre national algérien Mahieddine Bachtarzi a vibré au rythme d’une création chorégraphique bouleversante baptisée « Ô Gaza », marquant l’ouverture officielle du 13e Festival culturel international de danse contemporaine d’Alger sous le signe de l’engagement politique et artistique. Cette édition 2025 place la Palestine à l’honneur comme invitée d’honneur, transformant la scène algéroise en tribune pour la cause palestinienne. Durant plus d’une heure, le public de la salle Mustapha Kateb a découvert une création algéro-palestinienne d’une intensité rare, portée par des danseurs d’Algérie, de Syrie et de Palestine dans des chorégraphies aux thèmes existentiels marquées par la finesse du geste et la grâce du mouvement. « Ô Gaza » constitue le point d’orgue artistique de cette soirée inaugurale. Mise en scène et chorégraphiée par Fatima Zohra Namous, avec un texte et un arrangement musical de Nejta Taibouni, cette création relate les souffrances du peuple palestinien en lutte pour la liberté à travers une série de tableaux interprétés par des danseurs algériens, syriens et le chorégraphe palestinien Mohamed-Ali Dib, ancien membre du Ballet national algérien. Le spectacle rend hommage par la grâce du mouvement à la résilience et à la résistance des Palestiniens face à l’ennemi sioniste, célébrant à travers la beauté du geste le soutien indéfectible de l’Algérie. La dimension musicale renforce l’impact émotionnel de cette création. Mohamed Abdelouahab a signé une partition qui reprend notamment la célèbre chanson « Asbah andi el ane boundoukia » (J’ai maintenant un fusil), chantée pour la première fois en 1968 par Oum Keltoum. Cette musique, soutenue par des effets sonores et des éclairages sophistiqués, contribue à créer des atmosphères dramaturgiques saisissantes qui amplifient le message politique et humanitaire porté par la chorégraphie. Fatima Zohra Namous, commissaire du Festival, a souligné lors de son allocution d’ouverture que cette édition, qui accueille la Palestine comme invitée d’honneur, ouvre une « fenêtre unique » sur la richesse et la diversité de ce pays en lutte pour son indépendance et sa liberté. Elle a rappelé que la danse est bien plus qu’un « simple art », mais constitue un « langage commun » et un « puissant » moyen d’expression personnelle permettant de « traduire des émotions, des sentiments et des pensées à travers des mouvements ». Saluant la participation des danseurs algériens et étrangers de différentes nationalités, la commissaire a précisé que ce festival représente la « poursuite d’un chemin qui a pour objectif de faire de la culture un langage commun ». Cette philosophie se concrétise par une programmation internationale ambitieuse qui réunit huit pays participants aux côtés de sept troupes algériennes, transformant Alger en carrefour chorégraphique méditerranéen et arabe.
Le programme de cette 13e édition, qui se poursuit jusqu’au 22 septembre, s’annonce particulièrement riche. Dès vendredi, le public pourra découvrir les créations de l’Algérie, du Sénégal et de la République tchèque, témoignant de la diversité géographique et esthétique de cette manifestation artistique. Cette ouverture sur le monde s’accompagne d’une dimension pédagogique avec l’organisation de masterclasses animées par des chorégraphes algériens et étrangers, permettant aux jeunes talents de bénéficier d’un encadrement de haut niveau. Le festival rend également hommage à la mémoire chorégraphique algérienne en célébrant Sahra Khmida (1953-2009), figure marquante de la première génération du Ballet national algérien. Cette reconnaissance posthume s’inscrit dans la volonté du festival de valoriser l’héritage artistique national tout en s’ouvrant aux influences internationales contemporaines.
M.S.