Passeports diplomatiques : L’Algérie enterre définitivement l’accord de 2013 avec la France
L’accord franco-algérien portant sur l’exemption de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques des deux pays n’est désormais plus qu’un souvenir. Signé à Alger le 16 décembre 2013, cet accord bilatéral a officiellement rendu son dernier souffle après sa publication au Journal Officiel algérien numéro 62 du 17 septembre 2025, marquant l’épilogue d’un bras de fer diplomatique entamé par la France en début d’année. C’est Paris qui a ouvert les hostilités en janvier dernier avec la déclaration fracassante du ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, appelant à supprimer cet accord. La France a ensuite procédé méthodiquement au démantèlement de ce texte en trois étapes successives. D’abord en février, avec l’application de restrictions sur le voyage des détenteurs algériens de passeports diplomatiques, marquée par le refoulement spectaculaire de ses aéroports d’un ancien chef de cabinet de la présidence de la République algérienne, puis de l’épouse d’un ambassadeur d’Algérie. Face à cette escalade unilatérale, l’Algérie a riposté en mai en appliquant le principe de réciprocité. Le 6 août, le président français Emmanuel Macron a franchi un nouveau cap en demandant officiellement à son Premier ministre de procéder à la suspension de cet accord. La réponse algérienne ne s’est pas fait attendre : dès le lendemain, l’Algérie a adopté une position encore plus radicale en décidant de dénoncer purement et simplement l’accord. Le 19 août, un avis du ministère des Affaires étrangères français publié au Journal Officiel a officialisé le gel de l’accord franco-algérien de 2013, clôturant ainsi le processus du côté français. Mais l’Algérie entendait avoir le dernier mot dans cette bataille diplomatique en adoptant une démarche réactive empreinte de réciprocité, couronnée par la dénonciation officielle de cet accord via l’avis publié au Journal Officiel du 17 septembre 2025.
Cette communication officielle du ministère des Affaires étrangères, de la communauté nationale à l’étranger et des affaires africaines, rappelle avec précision la chronologie des événements. « En date du 7 août 2025, le ministère des affaires étrangères, de la communauté nationale à l’étranger et des affaires africaines a transmis une notification écrite à l’ambassade de la République française en Algérie, l’informant de la décision du Gouvernement algérien de dénoncer l’accord entre le Gouvernement de la République algérienne démocratique et populaire et le Gouvernement de la République française sur l’exemption réciproque de visas de court séjour pour les titulaires de passeports diplomatiques ou de service, signé à Alger le 16 décembre 2013 », précise le document officiel. La communication gouvernementale algérienne souligne également les conséquences immédiates de cette décision. « En conséquence de la suspension de cet accord par la partie française, le Gouvernement algérien a informé le Gouvernement français également, le 7 août 2025, de sa décision de soumettre, avec effet immédiat, les ressortissants français titulaires de passeports diplomatiques ou de service, à l’obligation de l’obtention de visa », indique l’avis.
Chokri Hafed