Économie

Coût des énergies renouvelables : L’Opep bouscule les idées reçues

Les énergies renouvelables sont-elles plus accessibles que les fossiles ? Le Secrétaire général de l’OPEP Haitham Al Ghais les idées bien établies à ce propos dans une tribune publiée sur le site de l’organisation basée à Vienne. Al Ghais estime ainsi que les coûts réels des ENR  atteignent 77 dollars par mégawattheure pour le solaire et 127 dollars pour l’éolien offshore une fois intégrés les frais d’infrastructure et de stabilisation du réseau, soit le double des estimations traditionnelles. Cette analyse critique intervient dans un contexte de croissance exponentielle attendue de la production électrique mondiale, que l’OPEP estime devoir passer de 31.345 térawattheures en 2024 à 57.556 térawattheures en 2050, soit une augmentation de 85%. La part des énergies éolienne et solaire devrait bondir de 527% sur cette période, passant de 4.931 térawattheures à 26.013 térawattheures selon les projections du World Oil Outlook 2025 de l’organisation. « Les coûts des énergies renouvelables ne sont pas complètement reflétés dans les chiffres traditionnels du coût nivelé de l’énergie », affirme Haitham Al Ghais dans sa tribune intitulée « Le véritable coût des renouvelables ». Le dirigeant souligne que l’indicateur LCOE traditionnel « exclut la complexité de l’intégration complète des sources intermittentes et décentralisées comme l’éolien et le solaire ». Cette critique méthodologique révèle un écart considérable entre les coûts annoncés et la réalité économique des projets renouvelables une fois pris en compte l’ensemble des investissements nécessaires.

L’argument central développé par le Secrétaire général de l’OPEP porte sur les coûts cachés de l’intermittence énergétique. « Quand le vent souffle et que le soleil brille, les coûts sont plus faibles, mais le reste du temps, des systèmes de sauvegarde coûteux sont nécessaires », explique-t-il, pointant les défis techniques que représentent le délestage d’énergie excédentaire non stockable et la nécessité de maintenir une production de base stable. Ces contraintes opérationnelles s’ajoutent aux investissements massifs requis pour moderniser les réseaux électriques vieillissants et développer les infrastructures de transport longue distance nécessaires aux installations renouvelables souvent éloignées des centres de consommation. Al Ghais souligne que « ces technologies sont hautement intensives en minéraux » et que « la demande de minéraux critiques augmente rapidement tandis que la réponse de l’offre est lente ». Cette dépendance aux métaux rares, concentrés dans quelques pays, crée selon lui « un déséquilibre croissant entre l’offre et la demande » susceptible d’impacter significativement les prix futurs des équipements renouvelables. L’éolien offshore apparaît particulièrement vulnérable à ces « chocs de prix et pressions sur la chaîne d’approvisionnement ». L’émergence de l’intelligence artificielle et des centres de données intensifie ces enjeux énergétiques. « Ce besoin de plus de puissance va augmenter de façon dramatique à l’avenir, non seulement pour accommoder le fardeau supplémentaire ajouté par l’IA et les centres de données, mais aussi pour répondre aux besoins quotidiens », observe le responsable. Cette double pression technologique et démographique renforce selon lui la nécessité d’une approche énergétique diversifiée.

L’OPEP prône ainsi une « approche tous-peuples, toutes-énergies et toutes-technologies pour les voies énergétiques futures ». « La poursuite de moins d’émissions est cruciale, et l’OPEP soutient pleinement cela en paroles et en actes, mais les débats doivent aussi être équilibrés et réalistes concernant le besoin de toutes les sources d’énergie », plaide Al Ghais. Cette position défend le maintien des hydrocarbures comme « source stable, abordable et fiable » pour assurer « l’approvisionnement de base cohérent requis pour répondre aux besoins électriques de l’humanité », repositionnant le pétrole et le gaz comme compléments indispensables aux renouvelables dans l’équation énergétique mondiale.

Samira Ghrib

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