Un partenariat économique et stratégique en consolidation : Washington mise sur l’Algérie
Les États-Unis affichent leur volonté d’intensifier leurs relations économiques avec l’Algérie, portées par « d’énormes opportunités » selon le secrétaire d’État adjoint américain Christopher Landau, dans un contexte de repositionnement stratégique de Washington sur le continent africain.
Dans un message vidéo diffusé samedi par l’ambassade américaine à Alger, Christopher Landau a réaffirmé l’engagement de son pays à « élargir et renforcer les relations économiques avec l’Algérie », soulignant que ces opportunités « permettront de réaliser davantage de progrès au profit des peuples algérien et américain ». Cette déclaration intervient après sa rencontre jeudi dernier à New York avec le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU. « L’une des questions suscitant le plus d’intérêt et sur lesquelles j’ai travaillé récemment, c’est d’ouvrir les perspectives des relations commerciales entre nos deux grands pays », a précisé le haut responsable américain, exprimant son souhait de visiter prochainement l’Algérie et son « grand attachement à la possibilité de rapprocher davantage les deux pays pour que nos deux peuples jouissent, ensemble, d’un avenir plus prospère ».
Cette offensive diplomatique américaine s’appuie sur des fondations économiques déjà solides. Les États-Unis ont gravi les échelons pour devenir le cinquième partenaire commercial de l’Algérie avec 2,8 milliards de dollars d’échanges en 2022, une progression significative qui témoigne du potentiel d’expansion de cette coopération bilatérale. Les accords stratégiques récents dans le secteur énergétique avec des géants américains comme Exxon Mobil et Chevron, ainsi que l’accord historique sur l’importation de vaches laitières américaines, illustrent cette dynamique positive concrète.
Au-delà des enjeux économiques, Washington considère désormais l’Algérie comme un partenaire stratégique incontournable sur l’échiquier africain. La visite en début d’année du général Michael Langley, commandant de l’AFRICOM, qui a qualifié l’Algérie de « leader régional », révèle l’importance accordée par les États-Unis à ce partenariat. Le mémorandum d’entente militaire signé à cette occasion concrétise une vision de coopération renforcée en matière de sécurité, particulièrement cruciale dans un contexte régional marqué par les instabilités sahéliennes. Cette montée en puissance des relations algéro-américaines s’inscrit dans la nouvelle stratégie africaine de Washington, qui cherche à bâtir des passerelles avec les pays du continent. L’expertise algérienne en matière de lutte contre le terrorisme est particulièrement reconnue et valorisée par les États-Unis, faisant d’Alger un partenaire privilégié sur les questions sécuritaires. La récente visite à Alger du général major Claude K. Tudor Jr, commandant des opérations spéciales des forces américaines en Afrique, reçu par le général Mostefa Smaali, commandant des forces terrestres, s’inscrit dans cette continuité du dialogue stratégique entre les deux pays.
Rappelons aussi l’entretien entre Ahmed Attaf et Massad Boulos, haut conseiller du président américain pour l’Afrique, vendredi à New York, qui a permis de « passer en revue la dynamique croissante que connaissent les relations algéro-américaines ». Les discussions ont porté sur « le dialogue stratégique multidimensionnel entre les deux pays et le partenariat économique fructueux que les deux parties tendent à développer », ainsi que sur « la concertation entre les deux parties sur les questions régionales les plus importantes, d’intérêt commun », selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Cette intensification de la séquence diplomatique marque un tournant dans les relations bilatérales, positionnant l’Algérie comme un acteur central de la nouvelle approche américaine en Afrique, alliant opportunités économiques et impératifs sécuritaires dans une région stratégique en pleine recomposition géopolitique.
Salim Amokrane