L’université algérienne mise sur l’entrepreneuriat : Jusqu’à 10 millions de dinars pour les étudiants porteurs de projets
Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Baddari, a annoncé lundi une enveloppe pouvant atteindre 10 millions de dinars pour accompagner les étudiants porteurs de projets économiques, dans le cadre d’une stratégie visant à transformer l’université en véritable locomotive de développement économique. Invité du Forum de la Chaîne I de la Radio nationale, le ministre a détaillé les contours d’une politique ambitieuse qui place l’innovation et l’entrepreneuriat au cœur de la formation universitaire. « L’université algérienne se dirige d’un pas ferme vers l’université de quatrième génération », a affirmé le professeur Baddari, précisant que cette transformation repose sur quatre piliers essentiels : une université intelligente, une université partageant ses programmes avec des institutions internationales prestigieuses, une université numérique gérée via des plateformes intelligentes, et une université de l’entrepreneuriat et de l’esprit d’entreprise. Cette vision s’accompagne de mesures concrètes de financement destinées à encourager la création d’entreprises par les membres de la communauté universitaire. Ainsi, les porteurs de prototypes finaux de projets innovants pourront bénéficier d’un soutien financier compris entre un et deux millions de dinars, après évaluation par une commission spécialisée composée d’experts de l’université et du ministère de l’Économie de la connaissance. Plus significatif encore, les étudiants porteurs de projets traditionnels se verront octroyer, après une formation en entrepreneuriat, une aide pouvant atteindre 10 millions de dinars pour le lancement de leurs entreprises économiques. Les résultats de cette politique commencent déjà à se concrétiser sur le terrain. Le ministre a révélé que les enseignants-chercheurs et les travailleurs universitaires ont créé 480 entreprises dérivées, auxquelles s’ajoutent 1.400 start-up et 2.800 micro-entreprises. Par ailleurs, 3.400 brevets d’invention ont été enregistrés et seront valorisés et commercialisés sous forme d’entreprises économiques à valeur ajoutée pour l’économie nationale. Ces chiffres témoignent du rôle croissant que joue l’université dans la dynamique entrepreneuriale du pays et dans la transition vers une économie basée sur la connaissance et l’innovation. L’agenda de la recherche scientifique s’aligne directement sur les priorités du programme gouvernemental dans les domaines de la sécurité alimentaire, énergétique, hydrique et sanitaire. Le ministre a évoqué plusieurs projets stratégiques en cours de développement, notamment les premières puces électroniques algériennes qui ont atteint la phase de validation, ainsi que le premier prototype de voiture électrique algérienne qui sera dévoilé en mars 2026. Ces innovations illustrent la capacité de l’université à transformer les résultats de la recherche en produits manufacturables et commercialisables, contribuant ainsi à renforcer la souveraineté nationale et à créer de la richesse.
Pour l’année universitaire 2025-2026, les efforts se concentreront sur le développement des spécialités numériques et la généralisation du mode d’enseignement hybride. Vingt-quatre nouvelles spécialités seront ouvertes, combinant sciences humaines et sociales avec numérisation, intelligence artificielle et traitement des données. « L’investissement dans la science représente un investissement dans la souveraineté nationale », a souligné le ministre, précisant que l’université a commencé à jouer un rôle déterminant dans le traitement des problématiques sociétales, notamment grâce à l’intelligence artificielle et à l’informatique. D’ici juin 2026, plus de 50.000 ingénieurs en informatique auront été diplômés depuis 2022, une ressource humaine considérable pour accompagner la transformation numérique du pays. Parmi les nouveautés de la rentrée universitaire, le ministre a annoncé l’introduction de matières dans les domaines de la souveraineté numérique et de la cybersécurité, notamment un cours sur les logiciels libres pour tous les étudiants en technologie et sciences, ainsi qu’une matière dédiée à l’intelligence artificielle. Sur instruction du président de la République, une matière sur le nationalisme et l’histoire de l’Algérie sera également dispensée pendant deux ans aux étudiants des grandes écoles de Sidi Abdallah. Dans le domaine de la prévention de la corruption, des parcours de formation nationaux seront créés aux universités d’Alger 2 et d’Alger 3 pour former des cadres spécialisés en bonne gouvernance et lutte contre la corruption.
Résidanat : près de 6.000 postes ouverts
Dans le domaine de la formation médicale, le ministre a annoncé l’ouverture de 5.900 postes budgétaires dans le cadre du concours de résidanat prévu fin octobre prochain, contre 3.300 postes en 2022, soit une augmentation de 34 pour cent. Cette hausse significative traduit, selon le ministre, « les grands efforts de l’État pour améliorer la qualité de l’enseignement et de la formation » dans le secteur médical. Cette mesure vise à répondre aux besoins croissants du système de santé national et à garantir une formation de qualité aux futurs médecins spécialistes. Concernant le recrutement des enseignants, l’opération se poursuivra cette année avec l’ouverture de 4.112 postes budgétaires comprenant des enseignants-chercheurs permanents et des professeurs hospitalo-universitaires, ainsi que des contrats temporaires. Ces recrutements visent à renforcer l’encadrement pédagogique et à améliorer le taux d’encadrement dans les établissements universitaires.
Malik Ameziane