Elle réaffirme son engagement de respect des droits de l’Homme : L’Algérie face au défi migratoire
Face à une situation migratoire qui s’est considérablement complexifiée ces dernières années, l’Algérie se trouve aujourd’hui confrontée à des défis sans précédent.
L’Algérie a lancé mercredi à Alger un projet de partenariat avec le Centre international de développement des politiques migratoires visant à renforcer ses capacités en matière de gouvernance des migrations, dans un contexte marqué par une augmentation préoccupante des flux migratoires irréguliers en provenance du Sahel africain. Le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et des Transports, Saïd Sayoud, a supervisé cette cérémonie en présence du directeur général de l’ICMPD, Michael Spindelegger, et des représentants du Danemark, des Pays-Bas et de la Suisse, pays contributeurs au financement de cette initiative. Face à une situation migratoire qui s’est considérablement complexifiée ces dernières années, l’Algérie se trouve aujourd’hui confrontée à des défis sans précédent. Le pays doit gérer des vagues croissantes de migrants en provenance des pays du Sahel africain, empruntant des routes périlleuses pour fuir des conditions politiques, sécuritaires et économiques dramatiques dans leurs pays d’origine. La position géostratégique de l’Algérie, à la croisée des chemins entre l’Afrique subsaharienne et l’Europe méditerranéenne, accentue cette pression migratoire et place le pays au cœur d’enjeux régionaux et internationaux majeurs. Le ministre Sayoud a évoqué « les développements inquiétants que le pays a connus concernant ce phénomène », caractérisés par « des vagues de migrants en provenance notamment des pays du Sahel africain empruntant des itinéraires dangereux pour de multiples raisons, en tête desquelles les conditions politiques, sécuritaires et économiques particulières et dangereuses qui caractérisent ces pays », sans oublier « la position géostratégique du pays ». Face à cette situation, a-t-il ajouté, « l’Algérie est confrontée à des défis croissants dans le domaine migratoire depuis de nombreuses années, qui ont évolué de manière accélérée et complexe, portant avec eux des menaces et des risques diversifiés ».
Dans ce contexte difficile, l’Algérie a choisi de ne pas céder à la facilité d’une réponse uniquement sécuritaire. Sous la direction du président Abdelmadjid Tebboune et selon une vision méthodique et objective, le pays a œuvré, selon Sayoud, à « adopter une approche globale et intégrée dans la gestion du dossier migratoire, qui repose sur l’équilibre entre les considérations humanitaires, sécuritaires et de développement, visant à protéger les droits de l’homme, à renforcer la solidarité et à garantir la sécurité et la stabilité ». Cette vision multidimensionnelle témoigne d’une volonté politique claire de traiter la question migratoire dans toute sa complexité, en refusant les solutions simplistes qui négligeraient soit les impératifs de souveraineté nationale, soit les obligations morales et juridiques envers les personnes en situation de vulnérabilité. Dans ce contexte, a souligné le ministre, « l’Algérie a veillé à renforcer son adhésion aux efforts internationaux en ratifiant plusieurs conventions et traités » y afférents, particulièrement ceux « relatifs aux droits de l’homme et à la dignité des migrants », tout en cherchant « dans le même temps à protéger ses intérêts nationaux et à préserver des relations constructives et respectueuses avec les pays du voisinage, consciente que la coordination et la coopération constituent la voie la plus appropriée pour faire face aux défis communs ». Le volet humanitaire de cette politique constitue un axe central de l’action algérienne. Après avoir rappelé les multiples aspects et effets négatifs du phénomène de la migration irrégulière sur les plans social, économique et politique, le ministre a souligné que l’Algérie « n’a pas négligé la dimension humanitaire dans son traitement de ce phénomène, ayant adopté des mesures concrètes fondées sur les principes des droits de l’homme à travers la mobilisation de ressources humaines, financières et matérielles considérables pour assurer la prise en charge des migrants en situation irrégulière dans des conditions qui préservent leur dignité ». Concrètement, ces mesures incluent « la fourniture de services de santé et l’organisation de campagnes de vaccination pour les enfants », d’autant plus que « un grand nombre de ces migrants arrivent sur le territoire national dans des conditions sanitaires critiques ». Cette approche, a-t-il affirmé, « reflète l’engagement de l’Algérie envers une culture de bon voisinage et les valeurs de fraternité et de solidarité avec les peuples de la région », héritées d’une longue tradition d’hospitalité et de soutien aux causes africaines. Au-delà de la gestion immédiate des flux migratoires, l’Algérie a développé une vision à long terme centrée sur le développement. S’agissant du volet développement, le ministre a expliqué que l’Algérie, avec « une compréhension profondément enracinée des causes de la migration irrégulière, notamment dans les pays africains voisins, n’a ménagé aucun effort pour soutenir le développement économique et social de ces pays, convaincue que le développement durable représente la solution fondamentale et à long terme » à ce phénomène. Ce soutien, a-t-il précisé, « s’est concrétisé par des programmes spécifiques pour la réalisation de projets de développement au profit de ces pays et l’ouverture de partenariats constructifs dans des domaines vitaux, notamment le désenclavement à travers des projets d’infrastructures tels que la route de l’Unité africaine, les réseaux ferroviaires, la distribution d’électricité, la connexion des régions aux services internet et les pipelines énergétiques ». Le projet lancé avec l’ICMPD s’inscrit dans cette logique de coopération renforcée. Le ministre a indiqué que cette collaboration « couronne des étapes antérieures et des travaux préparatoires ayant duré près de deux ans pour concrétiser ce projet ambitieux et important » qui vise à « renforcer les compétences des acteurs travaillant dans le domaine migratoire en Algérie, et à créer un système de formation durable et de haute qualité, permettant aux cadres spécialisés dans ce domaine de bénéficier de formations conformes aux standards internationaux, répondant aux besoins du pays pour faire face aux défis liés au phénomène migratoire et suivre les évolutions régionales et internationales accélérées dans ce domaine ». Il a précisé que la mise en œuvre de ce projet repose sur « une gouvernance partagée entre l’Algérie et le Centre international de développement des politiques migratoires, fondée sur le dialogue et la transparence, avec la participation d’une équipe spécialisée du Centre international de développement des politiques migratoires et le soutien des pays financeurs (Danemark, Pays-Bas et Suisse) ».
Hocine Fadheli