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Il souligne que l’économie algérienne est sur la bonne voie : Tebboune mobilise les chefs d’entreprises

Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a lancé jeudi un appel solennel aux opérateurs économiques algériens pour passer à l’acte et traduire les 48,3 milliards de dollars de contrats signés lors de l’IATF en projets concrets et gains tangibles sur le terrain et contribuer à la transformation de l’économie nationale.

Lors d’une rencontre tenue au Centre international de conférences d’Alger avec les entreprises algériennes ayant participé à cet événement organisé en septembre dernier, le chef de l’État a élevé cet accomplissement exceptionnel au rang d’invitation explicite à tous les acteurs économiques et institutions concernées pour mobiliser leurs efforts et concrétiser ces engagements. Cette réussite sans précédent, qui a porté la part des opérateurs algériens à 11 milliards de dollars selon la Banque africaine d’import-export, constitue selon le Président Tebboune une opportunité majeure pour accélérer la diversification de l’économie nationale hors hydrocarbures, renforcer les capacités productives locales et établir des partenariats stratégiques avec les institutions africaines, tout en réaffirmant le refus catégorique du pays de recourir à l’endettement extérieur et en garantissant un accompagnement sans faille des producteurs nationaux face aux lourdeurs bureaucratiques.

Un succès historique porteur d’une vision stratégique

« Cette manifestation était l’occasion pour les opérateurs économiques, publics et privés, de prouver que l’économie nationale est sur la bonne voie », a déclaré Abdelmadjid Tebboune en ouverture de cette rencontre qui rassemblait les principaux acteurs économiques du pays. Le président a qualifié le succès de l’IATF 2025 d' »exceptionnel » par rapport aux éditions précédentes, soulignant que les résultats ont « dépassé toutes les prévisions ». Selon les chiffres fournis par le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf le 13 septembre dernier, la valeur totale des transactions s’élève à 48,3 milliards de dollars, dont 23 milliards concernent directement les opérateurs algériens avec 11,4 milliards de contrats effectivement signés et 11,6 milliards d’intentions contractuelles. Au-delà des chiffres qui témoignent d’une performance record, le président Tebboune a inscrit ce succès dans une lecture stratégique plus large. « Ce succès est le fruit d’une mobilisation collective de tous les secteurs et des partenaires étrangers », a souligné le chef de l’État, adressant ses remerciements « à tous ceux qui se sont mobilisés pour donner une image honorable de notre pays ». Dans son discours, le président a mis l’accent sur la nécessité de redoubler d’efforts pour développer les exportations hors secteur des hydrocarbures, à travers le renforcement des capacités productives locales et la conclusion de partenariats stratégiques avec les institutions africaines, permettant ainsi de construire des chaînes de valeur régionales et d’ancrer une intégration économique africaine durable. Il a insisté sur la dimension stratégique de ces partenariats qui constituent « un pilier fondamental pour diversifier l’économie nationale et renforcer la compétitivité des entreprises algériennes ».

L’appel à un projet collectif national

« Le temps est venu de concrétiser vos engagements avec nos partenaires africains », a lancé fermement le président aux chefs d’entreprises présents. Ses déclarations lors de cette rencontre ont porté un message fort adressé aux patrons, aux opérateurs économiques et à toutes les institutions concernées, exprimant une volonté claire d’impliquer tout le tissu économique national dans un projet collectif dont le succès dépendra du degré d’engagement et de mobilisation de tous pour l’exécution des engagements conclus. Ce discours place la responsabilité sur les épaules des entreprises algériennes et des acteurs du climat des affaires, dont on attend davantage d’organisation, d’innovation et d’ouverture sur le partenariat africain, afin que l’Algérie devienne un acteur et un moteur principal dans la nouvelle dynamique économique au niveau du continent. Pour assurer le suivi de ces contrats, une commission a été créée sous la tutelle du ministère du Commerce extérieur, mais Abdelmadjid Tebboune a annoncé son prochain rattachement aux services du Premier ministre Sifi Ghrieb, signe de l’importance accordée à ce dossier. « Nous devons suivre nos engagements quant à la concrétisation des contrats signés, et nous ne transigerons pas avec ceux qui ne les respecteront pas », a-t-il martelé devant le Premier ministre et les membres du gouvernement. Le président de la République a même cité l’exemple d’une entreprise algérienne ayant conclu un contrat avec le Nigeria pour la fourniture de deux millions de terminaux de paiement électronique, l’exhortant « à respecter le contrat et les délais fixés, même si cela nécessite l’ouverture de nouvelles lignes de production et l’extension du projet, car la crédibilité de l’Algérie est au-dessus de toute considération ». Le chef de l’État a souligné que « la présence de l’Algérie doit être renforcée en Afrique » après cette foire qui a permis au continent de « découvrir la qualité du produit algérien », reconnu désormais comme étant « de haute qualité ».

Des garanties fortes pour les producteurs

Conscient des préoccupations des chefs d’entreprises face aux nouvelles procédures d’importation entrées en vigueur début juillet, notamment l’exigence du Programme prévisionnel d’importation, le président Tebboune a tenu à les rassurer de manière catégorique. « Vos matières premières sont la priorité des priorités », a-t-il tranché devant le Premier ministre et le ministre du Commerce extérieur. « Je ne veux pas qu’une seule usine réduise son chiffre d’affaires parce qu’on ne l’a pas laissée importer de la matière première », a-t-il insisté, ajoutant à l’adresse des entrepreneurs : « Si vous devez en importer deux fois plus, faites-le ». Cette déclaration forte vise à dissiper les craintes de blocages ou de lenteurs dans l’approvisionnement des unités de production, tout en maintenant la politique de renforcement de la lutte contre la fraude et la préservation des réserves de change. Le président a également lancé un avertissement clair aux responsables administratifs. « Je le dis devant le Premier ministre, ceux qui ne respecteront pas leurs engagements avec les producteurs, nous serons intransigeants avec eux », a-t-il déclaré. Concernant l’accès au foncier, problème récurrent pour les investisseurs, le chef de l’État a affirmé : « Celui qui a besoin du foncier peut le prendre et sans aucune faveur. L’économie nationale l’exige ». Il a par ailleurs réitéré son engagement à garantir un accompagnement de qualité pour les opérateurs qui aspirent à élargir leurs activités industrielles et productives, à travers diverses dispositions et facilitations, notamment le financement par crédit. Le président a également insisté sur l’absence de distinction entre opérateurs publics et privés, affirmant qu' »ils sont tous concernés par l’essor économique et la responsabilité qui leur incombe envers le développement national ». Il a salué les progrès réalisés dans plusieurs filières comme les industries agroalimentaires, la production pharmaceutique, les produits chimiques et l’électroménager, ainsi que la dynamique d’investissement avec plus de 17.000 projets enregistrés au niveau de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement et la perspective de créer 420.000 emplois, de même que l’augmentation spectaculaire du nombre de startups, passé de 200 à près de 10.000 actuellement.

La modernisation industrielle comme impératif stratégique

Le président Abdelmadjid Tebboune a rappelé l’importance d’une modernisation profonde des outils de production et l’adoption d’une gouvernance économique moderne capable d’élever la productivité et d’améliorer les performances. Il a affirmé dans le même contexte le rôle de l’innovation et des technologies modernes comme deux leviers essentiels de la transformation économique, insistant sur le rôle central de la jeunesse en tant que force motrice de cette dynamique africaine et contributeur principal à la construction de l’avenir de l’intégration économique du continent. Dans ce cadre, il est devenu nécessaire d’élever l’entreprise économique algérienne au niveau de la concurrence internationale, à travers l’amélioration de la qualité de la production, la maîtrise des concepts de chaînes de valeur et de marketing international, ainsi que l’orientation des investissements vers les projets productifs à haute valeur ajoutée. Les engagements de l’État vont dans cette direction, le président ayant exprimé son approbation effective et forte à travers de nouveaux mécanismes à l’instar de l’organisme nouvellement créé chargé de la promotion des exportations, la réforme du fonds de soutien aux exportations, en plus de l’ouverture de succursales bancaires algériennes sur les marchés extérieurs ciblés afin d’accompagner les opérateurs et soutenir la présence de l’Algérie dans le commerce régional et international. Dans la même orientation, il est devenu nécessaire d’améliorer la production nationale dans différents secteurs industriels, agricoles et de services afin de diversifier l’offre et augmenter les opportunités d’exportation. Cela nécessite l’adoption d’une politique industrielle moderne concernée par la modernisation des systèmes productifs et la transformation des usines en unités industrielles de génération avancée et intelligente avec l’adoption des principes de l’intelligence économique pour maîtriser les parcours du commerce extérieur et élever les performances des exportations algériennes dans un environnement international caractérisé par la concurrence et l’innovation.

Le cap maintenu sur l’indépendance financière et la justice sociale

« Malgré tous les pronostics négatifs, malgré tout ce qui a été dit, nous sommes à la sixième année et nous n’avons pas eu recours à l’endettement », s’est félicité le président Tebboune, rappelant le contexte doublement difficile de la crise sanitaire du Covid-19 et de la chute brutale des prix du pétrole et du gaz qui avaient fait douter de la capacité de l’Algérie à tenir son engagement pris dès le début de son premier mandat fin 2019. « Nous n’empruntons pas. Nous essayons de nous contenter de ce que nous avons », a-t-il insisté, concédant tout au plus que le pays pourrait éventuellement avoir recours aux fonds africains « pour des projets qui nécessitent 10 ou 15 ans », mais excluant catégoriquement l’endettement « pour les besoins de la vie quotidienne ou les investissements quotidiens ». Cette position fait de l’Algérie l’un des États les moins endettés de la planète, un choix souverain que le Président Tebboune entend maintenir coûte que coûte. Sur le plan des objectifs économiques, le président de la République a réaffirmé plusieurs ambitions chiffrées pour les prochaines années. Il s’est engagé « à porter à 13% la contribution de l’industrie au Produit intérieur brut, alors qu’elle était de 3% en 2019 et de 18% en 1972 ». « La production nationale avait été anéantie » dans le passé, a-t-il déploré, insistant sur la nécessité de redresser ce secteur stratégique. L’objectif global reste de porter le PIB de l’Algérie à 400 milliards de dollars en 2027, un chiffre que le président juge réalisable au vu des potentialités et ressources dont dispose le pays. Pour y parvenir, il a insisté sur « la nécessité d’accroître les capacités productives, en termes de qualité et de quantité, et de les rendre plus compétitives à l’échelle internationale », évoquant notamment l’adoption d’un système de roulement à trois équipes pour la production des produits à forte demande. Sur le plan social, Abdelmadjid Tebboune a réaffirmé l’attachement de l’État à la gratuité de l’enseignement, renouvelant son engagement à préserver le caractère social de l’État. « L’Algérie ne renoncera pas à la gratuité de l’enseignement », a-t-il déclaré, en dépit du poids financier que celle-ci représente pour le budget. Il a mis en exergue les acquis importants réalisés grâce aux efforts consentis dans ce domaine, rappelant notamment que l’analphabétisme « qui avoisinait les 90 % au lendemain de l’indépendance » a été éradiqué. En conclusion de son intervention, le président a affirmé que « l’État fort est celui qui dispose d’une économie forte, d’une armée forte et d’un peuple conscient et nationaliste », résumant ainsi sa vision d’un développement économique qui ne sacrifie ni la souveraineté financière ni les acquis sociaux du pays, tout en plaçant l’Algérie comme acteur majeur de la nouvelle dynamique économique africaine.

Samir Benisid

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