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Répression violente des manifestations au Maroc : L’ONU demande une enquête

La répression brutale des manifestations pacifiques au Maroc a provoqué vendredi un tollé parmi les organisations de défense des droits de l’homme mais aussi l’ONU qui réclament l’ouverture d’une enquête judiciaire approfondie sur l’ensemble des cas de violence contre les manifestants. Depuis une semaine, des milliers de Marocains descendent dans les rues pour réclamer la justice sociale et de meilleures conditions de vie, mais la réponse sécuritaire du Makhzen a été marquée par des dérapages graves qui ont choqué l’opinion publique nationale et internationale. Le bilan humain de cette répression s’alourdit avec au moins trois morts par balles et des centaines de blessés, conséquence de l’usage disproportionné de la force contre des manifestants désarmés. Dans ce sens, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres,  a appelé à cet effet, à « une enquête rapide et impartiale en vue de garantir la responsabilité ». L’Organisation marocaine de soutien aux prisonniers politiques Himam a exigé l’ouverture immédiate d’une enquête judiciaire sur le meurtre de trois citoyens marocains tués par balles réelles. L’organisation a exprimé sa profonde consternation face à ces événements tragiques et a appelé à ce que seule la justice d’instruction compétente soit habilitée à mener les investigations nécessaires pour établir les faits et déterminer les responsabilités conformément à la constitution et aux règles juridiques en vigueur. Himam a souligné que seules les composantes de l’autorité judiciaire sont légitimes pour présenter une version préliminaire des événements faisant l’objet d’une enquête, écartant ainsi toute tentative de version officielle qui viendrait court-circuiter le processus judiciaire indépendant. Le Conseil national marocain des droits de l’homme a rejoint ce concert de voix critiques en réclamant une enquête exhaustive sur tous les cas où la vie ou l’intégrité physique des manifestants a été menacée. Le secrétaire général du parti Fédération de la gauche démocratique marocaine, Abdesselam Aziz, a déclaré que la répression des manifestations de jeunes et les arrestations arbitraires ont attisé les tensions au lieu de les apaiser. Il a dénoncé la violence dans les rues qui est allée jusqu’à l’utilisation de balles réelles causant la mort de victimes innocentes. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, Aziz a rappelé que la Fédération de la gauche avait déjà mis en garde contre les dangers d’un dérapage de la situation, ajoutant que cette répression n’est justifiable ni constitutionnellement ni du point de vue des droits humains. Le responsable politique a appelé à la libération immédiate de tous les détenus politiques au Maroc, à commencer par les jeunes du mouvement du Rif qui croupissent toujours en prison pour avoir osé réclamer leurs droits légitimes. De son côté, le dirigeant du mouvement Justice et Bienfaisance Mohamed Hamdaoui a alerté sur le poids croissant de l’injustice, la marginalisation persistante et l’appauvrissement grandissant de larges couches de la population marocaine. Il a averti que tous ces facteurs constituent de véritables menaces pour la stabilité du pays, soulignant que le maintien d’une approche purement sécuritaire ne fera qu’aggraver la crise au lieu de la résoudre. Face à cette escalade de la violence d’État, le collectif de jeunes Marocains à l’origine des manifestations a franchi un nouveau cap en appelant à la démission du gouvernement actuel. Dans un communiqué adressé au palais royal après six soirées consécutives de protestations marquées par une répression sanglante, le collectif a dénoncé l’incapacité du gouvernement à protéger les droits constitutionnels des Marocains et à répondre à leurs revendications sociales légitimes. Les manifestants réclament également l’ouverture d’un processus judiciaire équitable pour poursuivre les responsables de la corruption qui gangrène les institutions marocaines.

L.S.

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