Culture

10e édition de la Semaine culturelle sud-coréenne : Bâtir des ponts culturels entre Alger et Seoul

La 10e édition de la Semaine culturelle sud-coréenne s’est ouverte samedi soir à Alger avec la projection du film « Gukjeshijang » (Ode à mon père) de Yoon Je-kyoon, en présence de l’ambassadeur de la République de Corée, M. You Ki-Jun, qui a souligné l’importance de cet événement comme pilier des relations bilatérales entre l’Algérie et la Corée du Sud.

Dans l’une des salles du multiplexe TMV Cinémas du centre commercial Garden City de Cherraga, le diplomate coréen a présenté ce drame social de 126 minutes qui explore la reconstruction d’un pays à travers le prisme de la cellule familiale, établissant ainsi le ton de cette manifestation culturelle qui se poursuivra jusqu’au 8 octobre. Le film choisi pour inaugurer cette dixième édition n’est pas anodin, tant il résonne avec les thématiques universelles de la résilience et du sacrifice familial. Sorti en 2014, ce long métrage retrace l’histoire poignante des populations autochtones qui ont traversé les affres de la guerre de Corée dans les années 1950 jusqu’à l’ère contemporaine, portant sur leurs épaules la lourde tâche de reconstruire leur nation dévastée. Au cœur du récit se trouve Deok Su, dont la famille est dramatiquement séparée lors de la tragique évacuation de Hungnam en 1951, quand des milliers de réfugiés se pressaient sur les bateaux de la marine américaine dans un chaos indescriptible. Dans la cohue, la plus jeune sœur de Deok Su se perd, obligeant leur père à redescendre du navire pour la retrouver au moment précis où le bateau quitte le port, scellant ainsi la séparation de la famille. Portant le poids de cette responsabilité, le jeune Deok Su abandonne ses études pour devenir le pilier économique de sa famille, enchaînant les métiers laborieux et s’exilant d’abord en Allemagne où il manque de périr enseveli dans une mine, puis au Vietnam en pleine guerre avec les Américains où il est grièvement blessé à la jambe. Le film déploie ensuite une fresque temporelle qui traverse les décennies, montrant comment dans les années 1980, alors que la République de Corée connaît un essor économique et social remarquable, des recherches à grande échelle sont organisées pour reconstituer les familles déchirées par la guerre, avec notamment une émission de télévision diffusée en direct aux heures de grande écoute. C’est grâce à ce programme télévisé que Deok Su, qui a entre-temps réussi à acheter une maison spacieuse et un grand magasin avec son épouse, retrouve enfin sa petite sœur adoptée par une famille américaine, découvrant avec amertume que son père n’a jamais été retrouvé, lui qui avait pourtant tenu la promesse faite à ce dernier de prendre soin du reste de la famille. Cette projection inaugurale a été suivie d’un débat animé par le journaliste consultant Kamel Souig, la productrice de cinéma, réalisatrice et scénariste Djahida Keltoum Boudjelal, le chercheur en histoire et journaliste Mountasser Oubetroune, ainsi que Rafik Laadjali, coordinateur de projets à la Koica (Korea International Cooperation Agency), qui ont échangé avec le nombreux public présent sur les thématiques du film et les parallèles possibles avec l’expérience algérienne. Au-delà de cette ouverture cinématographique, la 10e Semaine culturelle sud-coréenne propose jusqu’au 8 octobre un programme varié destiné à faire découvrir au public algérien la richesse et la diversité culturelles de la République de Corée, avec diverses expositions artistiques et des concours organisés dans plusieurs lieux emblématiques de la capitale. Le palais de la Culture Moufdi-Zakaria accueillera ainsi un concours de maîtrise de la langue coréenne, témoignant de l’intérêt croissant des Algériens pour la culture et la langue de ce pays d’Asie de l’Est, tandis que la salle Ibn Khaldoun vibrera au rythme d’un concours de K-Pop, cette vague musicale sud-coréenne qui a conquis la planète entière ces dernières années et compte désormais de nombreux adeptes en Algérie. Cette manifestation culturelle, devenue au fil des éditions un rendez-vous incontournable du calendrier culturel algérois, illustre la vitalité des échanges culturels entre les deux pays et témoigne d’une volonté commune de renforcer les liens de coopération au-delà des seules relations diplomatiques et économiques, en investissant le terrain fertile de la culture comme vecteur de compréhension mutuelle et de rapprochement entre les peuples.

Mohand Seghir

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