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Les appels à son départ se multiplient : Macron sous pression !

La France traverse une crise politique d’une intensité rare. Alors que Sébastien Lecornu dispose jusqu’à mercredi soir pour mener ses « ultimes négociations » en vue de former un gouvernement, les appels au départ d’Emmanuel Macron se multiplient, y compris au sein de son propre camp.

Le président français, confronté à une situation de blocage institutionnel sans précédent depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, a prévenu qu’il « prendrait ses responsabilités » en cas d’échec, laissant planer le doute sur une nouvelle dissolution.  Cependant la dissolution ne semble plus suffire. L’ancien Premier ministre Édouard Philippe, qui fut pendant trois ans le chef du gouvernement de Macron, a franchi un cap symbolique mardi matin en appelant ouvertement à une élection présidentielle anticipée. Intervenant sur RTL, Philippe a suggéré que le président « s’honorerait » en nommant un Premier ministre chargé uniquement d’expédier les affaires courantes et de faire adopter le budget, avant d’annoncer l’organisation d’un scrutin présidentiel anticipé. Cette sortie spectaculaire d’un proche devenu rival illustre l’ampleur de l’isolement du chef de l’État français. Plus troublant encore pour l’Élysée, les fissures se multiplient au sein du bloc central. Gabriel Attal, autre ancien Premier ministre et figure montante du macronisme, a pris ses distances lundi soir sur le plateau de TF1, déclarant ne plus comprendre « les décisions du président de la République » et évoquant « une forme d’acharnement à vouloir garder la main ». Seule Aurore Bergé, ministre démissionnaire et macroniste de la première heure, défend encore fermement Macron, affirmant qu’il « ne démissionnera pas » et interrogeant sur la capacité du bloc central et de la droite à « continuer à s’entendre ».

À droite, le président des Républicains Bruno Retailleau ne ferme pas la porte à un retour au gouvernement, mais pose une condition sine qua non : pas de Premier ministre issu des rangs macronistes. Il réclame un « gouvernement de cohabitation », marquant ainsi la rupture avec l’exécutif actuel. De son côté, La France insoumise a réaffirmé son exigence d’une présidentielle anticipée, son président de la commission des finances Éric Coquerel se déclarant « heureux » de voir Philippe « rejoindre » cette position. LFI plaide pour l’adoption préalable d’une loi spéciale reproduisant « l’entièreté du budget 2026 » afin de garantir la continuité de l’État avant tout retour aux urnes. Le Rassemblement national, par la voix de Marine Le Pen, a également haussé le ton. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, elle a exposé deux voies au président : « soit la démission, soit la dissolution », qualifiant cette dernière d' »irrémédiable ». Le parti d’extrême droite réclame des élections législatives anticipées « dans le seul but de défendre les intérêts de la France et des Français ».

Les consultations menées par Sébastien Lecornu se poursuivaient mardi après-midi au moment où nous mettons sous presse, avec deux priorités affichées : l’adoption d’un budget et le règlement de la situation en Nouvelle-Calédonie. Lecornu a d’ailleurs exclu de redevenir Premier ministre à l’issue de ces négociations, ajoutant à la confusion ambiante. Pour les observateurs, l’échec semble désormais se profiler, tant les positions apparaissent inconciliables entre une gauche qui refuse toute « continuité macroniste », une droite qui exige une véritable cohabitation, et un président arc-bouté sur le maintien de sa ligne politique. Selon le constitutionnaliste Jean-Philippe Derosier, une présidentielle anticipée « ne ferait qu’aggraver la crise » en créant un précédent dangereux pour la stabilité institutionnelle. Il plaide plutôt pour une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale, seule à même d’offrir une « respiration démocratique ». Pourtant, cette option semble compromise : la Constitution interdit au président de dissoudre l’Assemblée dans l’année qui suit une précédente dissolution, sauf circonstances exceptionnelles. Alors que la presse internationale évoque un pays « épuisé » et un président « à bout de souffle », Emmanuel Macron se trouve dans une impasse. Les prochaines heures s’annoncent décisives pour l’avenir politique de la France et celui de son président, dont l’autorité n’a jamais paru aussi fragile depuis son élection.

Lyes Saïdi

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