Régions

Annaba : Dix ans requis contre le P/APC d’El Bouni pour corruption

L’élu a perçu un pot-de-vin de 140 millions de centimes en échange de l’annulation d’un arrêté de démolition d’une construction illicite.

Le procureur de la République près le tribunal correctionnel d’Annaba a requis hier une peine de dix ans de prison ferme à l’encontre de celui qui était P/APC de la commune d’El Bouni et de son complice, dans cette affaire de corruption. Le verdict de ce scandale qui a entaché une nouvelle fois la commune d’El Bouni sera prononcé jeudi prochain. Malgré les éléments accablants recueillis lors de l’enquête, les preuves matérielles notamment, le rapport de la Gendarmerie nationale et les aveux partiels d’un des accusés, les deux prévenus dans cette affaire ont, tout au long du procès, réfuté les charges retenues à leur encontre. Au-delà, ils ont tenté de donner une autre version des faits et de les réinterpréter, avançant des versions contradictoires. En attendant le verdict, on rappelle que la genèse de l’affaire remonte au 3 juin dernier, lorsqu’un citoyen (B. A.), domicilié à Chabbia, a saisi le procureur de la République près le tribunal d’El Hadjar pour déposer plainte contre le P/APC d’El Bouni et son complice (R.T). Les deux hommes sont accusés d’abus de pouvoir et de tentative d’extorsion. Selon la plainte, les accusés auraient exigé 140 millions de centimes, ainsi que des avantages au profit de deux complices non identifiés, en échange du maintien du logement du plaignant. À défaut, le président de l’assemblée populaire communale devait procéder à la démolition de son habitation et à son expulsion. Face à cette pression, l’ex-P/APC avait envoyé une équipe de démolition devant le domicile du plaignant afin de l’obliger à céder.

Refusant de se soumettre au chantage, la victime a décidé de documenter l’affaire en enregistrant ses conversations téléphoniques avec les accusés, obtenant des détails précis sur les montants exigés, les noms et les fonctions de chacun. Ces éléments ont permis aux enquêteurs de la Gendarmerie nationale de mettre en place un guet-apens pour les prendre en flagrant délit. Sans se douter qu’il était dans le viseur des services de sécurité, (R.T), alors qu’il venait récupérer un sac contenant l’argent du pot-de-vin, au moment même où il était en communication téléphonique avec le principal mis en cause, le P/APC en l’occurrence, le complice a été interpellé dans la boulangerie de (B.A), alors qu’il recevait la somme d’argent.

L’opération d’arrestation du principal accusé et de son complice a été menée par les services de la Gendarmerie nationale d’Annaba. Les deux suspects ont été conduits au siège de la gendarmerie où ils ont été interrogés, puis déférés devant le magistrat instructeur qui a décidé leur placement en détention provisoire. Le procès a pris une tournure pour le moins surréaliste, marqué par des déclarations contradictoires et des tentatives de justification peu crédibles de la part de l’ex-P/APC, qui a affirmé vouloir « régulariser la situation » de la construction concernée. Les enregistrements et les preuves recueillies par la Gendarmerie nationale constituent toutefois des éléments accablants.

Au total, 17 chefs d’accusation ont été retenus à l’encontre de l’ex-président de l’APC et huit contre son associé. Il s’agit entre autres d’abus de fonction, de corruption et d’extorsion de fonds représentant un avantage indu réclamé par l’ex-P/APC en contrepartie de son abstention dans l’exécution d’une décision de démolition d’une construction illicite située dans le bidonville de Chabia. Des délits passibles de lourdes peines pouvant aller jusqu’à 20 ans de prison. En attendant le verdict, le représentant du ministère public a requis une peine de dix ans de prison ferme à l’encontre des deux coaccusés.

Sofia Chahine

admin

admin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *