Théâtre : La critique, un « instrument de diagnostic » indispensable
Mardi à la maison de la culture Taous-Amrouche de Bejaia, dramaturges et spécialistes ont plaidé pour une critique théâtrale exigeante, capable de donner du sens à la création artistique. Un débat organisé dans le cadre du 14e Festival international du théâtre de Bejaia. La critique théâtrale n’est pas un luxe, mais une nécessité vitale pour la scène algérienne. C’est le message martelé par les intervenants d’une table ronde consacrée à ce sujet, organisée mardi dans le cadre de la 14e édition du Festival international du théâtre de Bejaia (FITB). Face à un public de comédiens et de professionnels du spectacle vivant, Slimane Benaissa, dramaturge et commissaire du festival, et Nadjib Stambouli, écrivain et journaliste spécialiste de la critique théâtrale, ont défendu l’importance d’un regard extérieur éclairé sur la création. « Il ne peut pas y avoir de pratique théâtrale sans un accompagnement nécessaire par la critique », a affirmé d’emblée Nadjib Stambouli. Pour ce spécialiste, le travail du critique va bien au-delà de la simple information : « en plus de l’information, il est axé sur le texte et la mise en scène ». Une mission qui « exige de bonnes connaissances de l’art du spectacle théâtral, notamment de la direction d’acteurs, du décor, de la scénographie et du jeu de la lumière, ainsi que d’autres aspects de la mise en scène que le critique doit restituer en donnant son appréciation sur la pièce ». Mais attention, prévient Stambouli : l’appréciation du critique ne doit en aucun cas être perçue comme une « réquisition de procureur ou une plaidoirie d’avocat ». Le critique doit s’imprégner du spectacle pour fournir au spectateur et au metteur en scène des « instruments de diagnostic », permettant une lecture approfondie de l’œuvre. De son côté, Slimane Benaissa a insisté sur la dimension historique et rationnelle de la critique : elle « rationalise l’acte artistique et l’installe dans l’histoire de l’art » et « donne un sens réel à la pratique théâtrale ». Pour le commissaire du FITB, tout repose sur « l’importance d’un regard extérieur et intelligent et maîtrisant le domaine dans lequel on travaille ». « C’est là que la critique de théâtre devient bénéfique pour les hommes de théâtre, importante et nécessaire », a-t-il conclu. Cette rencontre à la maison de la culture Taous-Amrouche a permis de rappeler que sans critique exigeante et informée, le théâtre risque de perdre sa profondeur et sa capacité à interroger le monde.
M.S.