Tizi-Ouzou en transe
Le stade Hocine-Aït Ahmed de Tizi-Ouzou a vibré mardi soir comme rarement dans son histoire. Sous les projecteurs et les milliers de téléphones portables illuminant les gradins, l’Algérie a célébré sa cinquième qualification pour une Coupe du monde.
La victoire contre l’Ouganda sur le score de deux buts à un certes symbolique, la qualification étant déjà acquise, a déclenché une vague d’euphorie collective dans la capitale du Djurdjura et dans tout le pays. Le scénario du match aurait pu tourner au cauchemar. Menée dès les premières minutes après avoir encaissé un but surprise, l’équipe nationale a dû puiser dans ses ressources mentales pour renverser la vapeur. Vladimir Petkovic, le sélectionneur des Verts, n’a pas caché sa surprise face à ce début de match contrariant. « Nous avons encaissé un but d’entrée de jeu et cette situation a quelque peu faussé nos calculs, car on ne s’attendait pas à vivre un tel scénario. D’où d’ailleurs notre incapacité à revenir rapidement au score », a-t-il expliqué en conférence de presse. Mais le technicien suisse a su trouver les mots à la mi-temps pour relancer ses troupes. « Nous avons profité de la pause pour nous réorganiser et nos efforts ont fini par porter leurs fruits en toute fin de match », s’est-il félicité. C’est Mohamed Amine Amoura qui s’est mué en héros de la soirée en inscrivant un doublé salvateur. L’attaquant algérien, visiblement ému après la rencontre, a tenu à partager cette joie avec l’ensemble du pays. « Je dédie cette qualification à tout le peuple algérien, avec une mention spéciale pour les fans qui venaient régulièrement au stade, pour nous soutenir. Ils étaient toujours derrière nous, même pendant les moments difficiles, et c’est souvent grâce à leurs encouragements que nous avons réussi à renverser des situations défavorables, comme ce fut le cas aujourd’hui », a-t-il déclaré, la voix chargée d’émotion. Humble, Amoura a immédiatement associé ses coéquipiers à sa performance individuelle. « Concernant ma performance sur le plan individuel, je dirai qu’elle n’aurait jamais été possible sans l’aide de mes coéquipiers. C’est donc aussi la leur et ils sont à féliciter pour cela. »
Vladimir Petkovic n’a pas manqué de saluer le public qui a transformé le stade en une véritable chaudière. « Je tiens à dire un grand merci au public du stade Hocine-Aït Ahmed, car ses encouragements nous ont beaucoup aidés à renverser la situation. Je profite de l’occasion pour remercier même les autres supporters qui nous avaient soutenus dans les autres stades d’Algérie, où nous avions joué avant Tizi-Ouzou, car eux aussi nous ont été d’un grand soutien », a ajouté le sélectionneur. Pragmatique, le coach helvète a également profité de cette rencontre pour tester de nouveaux éléments dans son dispositif. « Ce match contre l’Ouganda a été l’occasion pour moi d’aligner de nouveaux joueurs et en ce qui me concerne, c’est loin d’être une nouveauté. Quand j’ai un joueur sous la main, je l’utilise, sans tenir compte du fait qu’il soit un ancien ou un nouveau. »
« Beaucoup de travail reste à faire »
Mais Petkovic refuse de verser dans l’euphorie excessive. Lucide, il sait que le plus dur reste à venir. « Malgré la qualification, je considère qu’il nous reste beaucoup de travail à faire pour atteindre un niveau de compétition optimal, et c’est dans cette perspective que nous allons travailler à l’avenir », a-t-il prévenu. Une seule ombre au tableau : la blessure d’Amine Gouiri. « Le premier examen médical a révélé une blessure à la tête et à l’épaule. Il est en train de passer des examens plus approfondis en ce moment même et j’espère qu’ils seront rassurants », a confié le sélectionneur avec inquiétude.
Au coup de sifflet final, le stade s’est transformé en une gigantesque scène de liesse. Des milliers de supporters venus des quatre coins du pays ont envahi les tribunes d’une marée verte et blanche. L’hymne national a résonné avec une intensité particulière, suivi du célèbre chant « One, two, three, viva l’Algérie » repris en chœur par toute l’enceinte. Les joueurs, portant fièrement des maillots spéciaux ornés des dates des précédentes qualifications mondiales, ont rejoint les supporters sur la pelouse pour partager ce moment historique. Riyad Mahrez et ses coéquipiers ont brandi le drapeau national dans tous les coins du stade, saluant inlassablement ce public qui les a portés tout au long des éliminatoires.
La célébration s’est prolongée avec un spectacle artistique mettant en vedette plusieurs artistes qui ont animé la soirée avec un florilège de chants patriotiques et sportifs, reflétant la diversité culturelle. Les lumières aux couleurs nationales ont illuminé la pelouse, créant un tableau d’une beauté saisissante. Dans les rues de Tizi-Ouzou et dans toutes les localités de la wilaya, la fête a continué tard dans la nuit, ponctuée de klaxons, de youyous et de scènes de joie collective. Cette qualification, douze ans après la dernière participation algérienne à une Coupe du monde, marque le retour des Fennecs parmi l’élite mondiale du football. Pour Amoura et ses partenaires, « le plus dur a été fait, et à présent, le meilleur reste à venir ». Rendez-vous est pris pour 2026.
Moncef Dahleb