Ligne minière Ouest : Le mégaprojet ferroviaire entre dans sa phase décisive
Les dirigeants des principales entreprises publiques de BTP impliquées dans le projet ont inspecté les chantiers de la ligne Bechar-Tindouf-Gara Djebilet qui devrait être achevée à la fin de l’année.
Les directeurs généraux des sociétés et entreprises publiques chargées de la réalisation du mégaprojet de la ligne ferroviaire minière occidentale Bechar-Tindouf-Gara Djebilet ont effectué, en fin de semaine dernière, une visite d’inspection approfondie des différents chantiers de cette infrastructure stratégique, aux côtés des responsables de l’Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (ANESRIF), maître d’ouvrage du projet, a annoncé dimanche cette dernière. Cette infrastructure d’envergure continentale s’inscrit dans une logique de développement économique ambitieuse pour l’Algérie. Le projet vise principalement à valoriser le gisement de fer de Gara-Djebilet, situé dans la wilaya de Tindouf, considéré comme l’un des plus importants du continent africain avec des réserves estimées à plusieurs milliards de tonnes. Au-delà de sa vocation minière, cette ligne ferroviaire sera également dédiée au transport des voyageurs et des marchandises, contribuant ainsi au désenclavement des régions sahariennes et au renforcement de l’intégration économique du sud-ouest algérien. La tournée d’inspection, conduite par Azzedine Fridi, directeur général de l’ANESRIF, visait à évaluer l’état d’avancement des travaux sur les différents tronçons tout en assurant le suivi des recommandations formulées par le ministre des Travaux publics et des Infrastructures de base lors de sa récente visite. Abdelkader Mazzar, directeur central de la communication de l’ANESRIF, a souligné que cette mission avait pour objectif d’assurer la mise en œuvre effective des directives ministérielles concernant « la mobilisation des moyens humains et matériels nécessaires pour accélérer le rythme des travaux en vue de leur achèvement ».
Les responsables ont particulièrement supervisé les travaux du tronçon reliant Hammaguir à Abadla, s’étendant sur une distance de cent kilomètres. Cette inspection a été suivie d’une séance de travail dédiée à l’évaluation des différents chantiers, réunissant les directeurs généraux des principales entreprises publiques engagées dans le projet, notamment Cosider, Cosider-Travaux Publics, Cosider-Installations Techniques, INFRARAIL, SERO-Est, ENGOA et l’EPTP Alger, ainsi que les bureaux d’études chargés du suivi technique. La délégation a également ciblé une section de deux cents kilomètres du tronçon Oum Lassel-Hammaguir, qui s’étend au total sur quatre cent quarante kilomètres. Cette visite a permis aux responsables des entreprises nationales et à ceux de l’ANESRIF de constater la mise en place de nouveaux moyens humains et matériels supplémentaires sur les chantiers, dans la perspective de l’achèvement des travaux avant la fin de l’année 2025, conformément au calendrier établi.
Accélérer le rythme des travaux
L’inspection a également porté sur la résolution de certaines réserves soulevées lors de la visite ministérielle précédente, afin d’accélérer davantage le rythme des travaux sur cette section, prise en charge par l’entreprise nationale Cosider et son partenaire chinois, China Railway Construction Corporation Limited (CRCC). Au terme de cette visite de travail, les responsables des entreprises impliquées, accompagnés des bureaux d’études et des représentants de l’ANESRIF, ont pris la décision de mobiliser tous les moyens disponibles et de renforcer la coordination entre les différentes entités en charge des travaux, dans l’objectif de respecter strictement les délais prévus pour la réalisation globale de ce mégaprojet structurant. Le projet ferroviaire se décline en trois grandes sections distinctes : le tronçon Bechar-Hammaguir sur deux cent trente et un kilomètres, le segment Tindouf-Oum Lassel s’étendant sur cent soixante-quinze kilomètres, et la section Hammaguir-Oum Lassel-Tindouf-Gara Djebilet qui couvre cinq cent soixante-quinze kilomètres, soit un total de neuf cent cinquante kilomètres. L’infrastructure comprend également des gares et diverses installations ferroviaires, dont des ouvrages d’art remarquables. Parmi ces réalisations techniques, le viaduc colossal de Oued Dawra représente une prouesse d’ingénierie exceptionnelle. S’étendant sur une longueur de quatre mille cent onze mètres et quatre décimètres, il constitue le plus grand ouvrage du genre sur le continent africain. Cette construction témoigne de la complexité technique du projet qui traverse des zones géographiques difficiles, nécessitant des solutions d’ingénierie adaptées aux contraintes du terrain saharien. Ce mégaprojet s’inscrit dans la stratégie nationale de diversification économique de l’Algérie, visant à réduire la dépendance aux hydrocarbures en valorisant les ressources minières du pays. L’exploitation du gisement de Gara-Djebilet devrait permettre à l’Algérie de devenir un acteur majeur sur le marché international du fer, générant des revenus substantiels et créant des milliers d’emplois directs et indirects dans les régions concernées. La ligne ferroviaire constituera l’artère logistique indispensable pour acheminer la production minière vers les ports méditerranéens et les zones industrielles du nord du pays.
Sabrina Aziouez