Atteintes au foncier agricole à Annaba : Le SOS des agriculteurs de Berrahal
Les atteintes au foncier agricole dues à l’inertie des autorités communales et des services agricoles de la wilaya d’Annaba, dont le déclassement des terres agricoles, ont suscité la réaction des agriculteurs de la région. Selon des interlocuteurs parmi les fellahs interrogés, la situation devient de plus en plus insoutenable, puisqu’elle touche la quasi-totalité des terres agricoles des différentes communes de la daïra de Berrahal. Cette dernière, réputée pour son caractère agricole et son couvert végétal, constitue le poumon de la wilaya d’Annaba, avec la commune de Seraidi. Selon de nombreux agriculteurs, les atteintes portent notamment sur des attributions et des déclassements de terres agricoles, dont celles à fort potentiel productif grâce à leurs capacités d’irrigation. Nos interlocuteurs ont dressé un état des lieux, citant dans ce sens ce qu’ils qualifient de cas d’occupation illégale, de dilapidation et de détournement de terres agricoles relevant du domaine public de leur vocation initiale. Ils ont cité à titre d’exemple les alentours du lac Fetzara, cette zone humide classée zone protégée par la convention Ramsar et ratifiée par l’Algérie. Autres lieux et mêmes pratiques recensés et dénoncés par les fellahs : El Kalitoussa, Oued El Aneb, Oued Zied et le chef-lieu de la commune, où des autorisations d’exploitation et des attributions de terrains agricoles ont été accordées à des investisseurs ou à d’autres personnes. Autres situations dénoncées et qualifiées de dépeçage : les zones de Sidi Ali, Tacha, Bouguessas, le périmètre du lac Fetzara ainsi que le pôle urbain de Kalitoussa.
Ces pratiques, qualifiées à plus d’un titre de dépassements qui vont à l’encontre de la politique de l’État et surtout des directives des plus hautes autorités, n’ont pas laissé indifférents les fellahs de la daïra de Berrahal. Ces professionnels de l’agriculture ont mis en avant les instructions des responsables locaux visant à préserver strictement les terres agricoles et les domaines forestiers. Ce qui, a priori, ne semble pas être le cas. Car, selon les fellahs de la région, des cas de complaisance auraient été accordés à certaines personnes, leur permettant de lancer des activités hors secteur sur des terres agricoles, y compris celles classées protégées. Le plus grave, selon les agriculteurs, est que ces terrains auraient dû être exclus de tout déclassement au profit d’investisseurs, quel que soit le projet envisagé. Et pourtant, des autorisations ont été délivrées pour des activités polluantes, sans aucun lien avec l’agriculture. Au titre de cette dénonciation, les agriculteurs et éleveurs de la daïra de Berrahal ont lancé un SOS, interpellant ainsi le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, afin qu’une commission d’enquête soit dépêchée sur place pour se pencher sur des affaires qu’ils qualifient de douteuses, en rapport avec les atteintes touchant le foncier agricole. Des atteintes qualifiées de dépassements commis au su et au vu des autorités communales et des services agricoles, dont la passivité a encouragé les agressions contre les terres agricoles. Une situation qui, selon nos interlocuteurs, a nécessité l’interpellation du premier magistrat du pays.
Sofia Chahine
