Air Algérie prend de l’altitude

L’inauguration de cette nouvelle ligne aérienne intervient dans un contexte de forte expansion pour le transporteur national, qui affiche une croissance soutenue de son trafic passagers et multiplie les dessertes vers les capitales du continent.

Air Algérie a inauguré mardi une nouvelle liaison reliant Alger à N’Djamena via Douala, marquant une nouvelle étape dans son ambition de devenir un acteur incontournable du transport aérien continental. Cette ouverture, décidée sur instruction du président Abdelmadjid Tebboune lors de la Foire commerciale intra-africaine en septembre dernier, illustre la volonté algérienne de transformer sa position géographique en levier économique et de s’imposer comme hub régional au service des échanges interafricains. L’inauguration de cette nouvelle ligne aérienne intervient dans un contexte de forte expansion pour le transporteur national, qui affiche une croissance soutenue de son trafic passagers et multiplie les dessertes vers les capitales du continent. Au-delà des enjeux purement commerciaux, cette liaison incarne la stratégie des pouvoirs publics visant à ancrer l’Algérie dans sa profondeur africaine et à intensifier les relations économiques Sud-Sud, conformément aux orientations répétées du chef de l’État sur la nécessité d’exploiter pleinement les potentialités du continent.

Un corridor aérien aux retombées économiques multiples

La ligne Alger-N’Djamena, qui transite par la capitale camerounaise Douala, ouvre de nouvelles perspectives aux échanges économiques entre l’Algérie et les pays africains, tout en intensifiant le trafic passagers. Cette configuration triangulaire présente un atout majeur pour Air Algérie : le bénéfice du « droit de la cinquième liberté aérienne », qui lui permet d’assurer des vols réguliers entre Alger et N’Djamena, avec une escale à Douala, et d’offrir aux passagers la possibilité d’acquérir des billets pour voyager entre la ville camerounaise et la capitale tchadienne, à l’aller comme au retour. Cette liberté commerciale transforme le transporteur algérien en opérateur régional à part entière, capable de générer des revenus sur des segments purement intra-africains. Le lancement de cette liaison s’inscrit dans l’application directe des directives présidentielles formulées lors de la Foire commerciale intra-africaine tenue début septembre à Alger. Le président Tebboune avait alors « ordonné l’ouverture d’une ligne aérienne directe vers la capitale tchadienne et son inscription parmi les priorités d’Air Algérie, en vue de resserrer les liens entre les peuples des deux pays ». Cette décision politique traduit une vision stratégique claire : faire du transport aérien un vecteur de rapprochement économique et humain entre nations africaines, au-delà des simples considérations de rentabilité immédiate. La nouvelle route contribuera à « renforcer les relations de coopération, d’échanges économiques, commerciaux et culturels avec la République du Tchad, tout en facilitant les déplacements des voyageurs de et vers les capitales des deux pays ». Pour Air Algérie, cette ouverture constitue une nouvelle démarche dans la stratégie de la compagnie nationale visant à élargir son réseau africain, et à ancrer le rôle de l’Algérie comme hub régional du transport aérien, en réponse aux aspirations de sa clientèle. Elle représente également « un atout supplémentaire » pour un transporteur qui aspire à « devenir leader du transport aérien en Afrique », selon les déclarations précédentes du PDG Hamza Benhamouda.

Une dynamique de croissance portée par l’expansion continentale

Les chiffres témoignent de la vitalité retrouvée de la compagnie nationale. Air Algérie a enregistré « une croissance de 34% du trafic des passagers entre 2019 et 2024, une dynamique qui s’est poursuivie en 2025 ». Durant le premier semestre de l’année en cours, le transporteur a acheminé 3,9 millions de passagers, « soit une hausse de 8,3% par rapport à la même période de l’année précédente », selon un bilan récemment publié. Sur le seul réseau domestique, plus de 1,3 million de passagers ont été transportés entre janvier et juin, contre 1,2 million durant la même période en 2024, représentant une progression de 8,33%. Le nombre de vols effectués sur le réseau intérieur a atteint « près de 40.000, en hausse de 2,5% ».Cette performance s’appuie sur une stratégie commerciale exploitant la position géographique stratégique et la vaste superficie de l’Algérie, ainsi que sur ses frontières terrestres avec sept pays et son rôle de porte d’entrée vers l’Europe, autant d’atouts qui renforcent sa profondeur africaine et en font un point d’accès privilégié aux marchés du continent. La multiplication des liaisons africaines répond directement aux orientations présidentielles. Le chef de l’État a souligné à maintes reprises, l’importance de s’orienter vers le continent africain et la nécessité de trouver les moyens permettant de tirer pleinement profit de ses potentialités et de ses ressources, afin d’accroître les échanges commerciaux interafricains, conformément aux aspirations des peuples du continent.

Dans cette optique, Air Algérie a ouvert ces dernières années plusieurs liaisons vers des capitales africaines, la plus récente avant N’Djamena étant la ligne Alger-Abuja inaugurée en avril dernier. Pour soutenir cette expansion, la compagnie a lancé un programme d’acquisition de nouveaux avions pour renforcer sa flotte, notamment après la signature, en mai 2023, de deux contrats avec des constructeurs aéronautiques, dans le cadre d’un plan visant à consolider sa flotte et son réseau international. L’enjeu dépasse le cadre strictement aéronautique. L’Algérie mise sur l’augmentation de ses échanges commerciaux interafricains, particulièrement suite à la quatrième édition de l’IATF, marquée par une participation record des pays et entreprises exposantes. Cet événement a permis à l’Algérie de remporter plus du quart des accords conclus, d’une valeur dépassant 11,4 milliards de dollars sur un total de plus de 48,3 milliards de dollars. La nouvelle ligne N’Djamena s’inscrit pleinement dans cette dynamique de conquête économique du continent.

Amar Malki